©"Une femme fait ses courses dans un super marché à Ashrafieh, Beyrouth, le 20 janvier 2022"
©Victoria C. Werling / Ici Beyrouth
Avec la baisse de la valeur du dollar, nombreux sont les Libanais qui guettent une éventuelle diminution des prix. Mais, sans surprise, ces derniers ont tendance à baisser bien plus lentement qu’ils n’augmentent. En cause notamment : un manque de confiance dans le marché. Ici Beyrouth a comparé les prix d’un panier moyen dans six supermarchés de la capitale et de ses environs.
À la sortie d’un supermarché à Achrafieh, Marie, une quinquagénaire, esquisse un sourire nerveux: "Il n’y a pour l’instant aucune différence de prix. On le vit très mal".
En l’espace d’une semaine, la Banque du Liban a injecté plus de 100.000 dollars sur le marché, engendrant un regain de valeur de la livre libanaise. Vendredi, le billet vert s’échangeait au taux de 23.000 livres sur le marché libre. Une forte appréciation qui contraste avec le pic à 33.000 livres atteint le 11 janvier.
En toute logique, les regards sont donc désormais rivés sur les prix, dont la baisse est pour le moment à peine perceptible. En attendant, certains consommateurs la jouent stratégique: "J’ai acheté seulement le nécessaire parce que les prix sont toujours les mêmes", explique Dany, la quarantaine, à la sortie d’un supermarché de Furn el-Chebbak. "Mais ça va changer, poursuit-il. C’est pour cela que j’ai laissé le plus gros des courses pour la semaine prochaine."
D’autres sont plus dubitatifs. C’est le cas de Gaby, 67 ans, venu faire ses achats avec son épouse. "Les prix ont augmenté, pourtant la valeur du dollar a baissé, déplore-t-il. J’espère que les prix suivront, mais je ne le pense pas."
"Je n’ai remarqué aucune différence de prix", renchérit Mary, qui vient faire ses courses presque tous les jours dans le même établissement à Achrafieh. "Ce sont relativement les mêmes, constate-t-elle. Ils vont peut-être diminuer, mais ils risquent d’augmenter de nouveau. Donc, je ne suis pas du tout optimiste."
Écarts de prix
Si la perception de l’évolution des prix diffère selon les consommateurs, c’est avant tout en raison de la variété des produits consommés, mais également des magasins, dont les tarifs pratiqués diffèrent. Ici Beyrouth s’est rendu dans six supermarchés de la capitale et de ses environs, pour analyser le prix d’un panier moyen.
Au total: un panel de quatorze produits identiques, de marques libanaises, sélectionnés dans chaque établissement. Sept d’entre eux sont des produits ménagers et d’hygiène (3 litres de lessive, 750 ml de liquide vaisselle, du papier toilette, 1.200 ml d’eau de javel, des serviettes hygiéniques, du désinfectant, du shampoing). Le reste du panier est composé de produits alimentaires: 1 kg de riz, 900 g de lentilles, 900 g de sucre, 1 boîte de thon, 500 g de pâtes – seule marque non libanaise – 750 ml d’huile d’olive, 1,6 litre d’huile de tournesol.
Résultat: une différence de 75.000 livres entre le panier le plus cher (831.000 LL) et le moins cher (756.000 LL). À noter que l’écart se creuse moins au niveau des produits ménagers et d’hygiène qu’au niveau des produits alimentaires. Par exemple, le prix de 1,6 litre d’une même marque d’huile de tournesol varie entre 107.000 et 139.500 livres selon le magasin. Les 500 g de sucre varient entre 24.000 et 35.000 livres.
Pour autant, même si les prix venaient à baisser dans les prochains jours, beaucoup de consommateurs craignent que cette diminution tant attendue soit aussi symbolique que provisoire.
Un manque de confiance dans le marché
Pour Hani Bohsali, président du syndicat des importateurs de produits alimentaires, la lente baisse des prix dans les supermarchés est en partie imputable au facteur "doute". "Du point de vue de notre syndicat, je peux confirmer que la plupart des sociétés d’importation ont présenté une nouvelle liste de prix (adaptée à l’appréciation de la livre libanaise, NDLR). Concernant les commerçants, qu’il s’agisse de supermarchés ou de petits magasins, ce n’est pas notre domaine, explique-t-il. Mais je crois que le retard de la baisse des prix est dû au fait que l’appréciation de la livre libanaise n’a pas de base économique solide. Les gens ne croient donc pas que le taux de change restera aussi bas."
Une faible confiance dans le marché, qu’il attribue notamment au manque de transparence de la Banque du Liban (BDL) quant à l’origine des liquidités en dollars octroyées aux banques, comme prévu par la circulaire n°161 . Beaucoup s’interrogent d’ailleurs quant à sa capacité à stabiliser le marché à travers ces mesures.
Le président du syndicat attribue également la baisse du dollar à la prochaine réunion du gouvernement, prévue lundi à Baabda, après plus de trois mois de blocage. "C’est un facteur purement psychologique, qui fait écho à la remontée de la livre survenue après l’annonce de la formation d’un nouveau gouvernement, il y a quatre mois. Celle-ci avait engendré une hausse de la valeur de la livre libanaise face en dollar, passant de 19.000 à 13.000 livres. Mais cela n’avait pas duré plus d’une semaine", conclut M. Bohsali.
À la sortie d’un supermarché à Achrafieh, Marie, une quinquagénaire, esquisse un sourire nerveux: "Il n’y a pour l’instant aucune différence de prix. On le vit très mal".
En l’espace d’une semaine, la Banque du Liban a injecté plus de 100.000 dollars sur le marché, engendrant un regain de valeur de la livre libanaise. Vendredi, le billet vert s’échangeait au taux de 23.000 livres sur le marché libre. Une forte appréciation qui contraste avec le pic à 33.000 livres atteint le 11 janvier.
En toute logique, les regards sont donc désormais rivés sur les prix, dont la baisse est pour le moment à peine perceptible. En attendant, certains consommateurs la jouent stratégique: "J’ai acheté seulement le nécessaire parce que les prix sont toujours les mêmes", explique Dany, la quarantaine, à la sortie d’un supermarché de Furn el-Chebbak. "Mais ça va changer, poursuit-il. C’est pour cela que j’ai laissé le plus gros des courses pour la semaine prochaine."
D’autres sont plus dubitatifs. C’est le cas de Gaby, 67 ans, venu faire ses achats avec son épouse. "Les prix ont augmenté, pourtant la valeur du dollar a baissé, déplore-t-il. J’espère que les prix suivront, mais je ne le pense pas."
"Je n’ai remarqué aucune différence de prix", renchérit Mary, qui vient faire ses courses presque tous les jours dans le même établissement à Achrafieh. "Ce sont relativement les mêmes, constate-t-elle. Ils vont peut-être diminuer, mais ils risquent d’augmenter de nouveau. Donc, je ne suis pas du tout optimiste."
Écarts de prix
Si la perception de l’évolution des prix diffère selon les consommateurs, c’est avant tout en raison de la variété des produits consommés, mais également des magasins, dont les tarifs pratiqués diffèrent. Ici Beyrouth s’est rendu dans six supermarchés de la capitale et de ses environs, pour analyser le prix d’un panier moyen.
Au total: un panel de quatorze produits identiques, de marques libanaises, sélectionnés dans chaque établissement. Sept d’entre eux sont des produits ménagers et d’hygiène (3 litres de lessive, 750 ml de liquide vaisselle, du papier toilette, 1.200 ml d’eau de javel, des serviettes hygiéniques, du désinfectant, du shampoing). Le reste du panier est composé de produits alimentaires: 1 kg de riz, 900 g de lentilles, 900 g de sucre, 1 boîte de thon, 500 g de pâtes – seule marque non libanaise – 750 ml d’huile d’olive, 1,6 litre d’huile de tournesol.
Résultat: une différence de 75.000 livres entre le panier le plus cher (831.000 LL) et le moins cher (756.000 LL). À noter que l’écart se creuse moins au niveau des produits ménagers et d’hygiène qu’au niveau des produits alimentaires. Par exemple, le prix de 1,6 litre d’une même marque d’huile de tournesol varie entre 107.000 et 139.500 livres selon le magasin. Les 500 g de sucre varient entre 24.000 et 35.000 livres.
Pour autant, même si les prix venaient à baisser dans les prochains jours, beaucoup de consommateurs craignent que cette diminution tant attendue soit aussi symbolique que provisoire.
Un manque de confiance dans le marché
Pour Hani Bohsali, président du syndicat des importateurs de produits alimentaires, la lente baisse des prix dans les supermarchés est en partie imputable au facteur "doute". "Du point de vue de notre syndicat, je peux confirmer que la plupart des sociétés d’importation ont présenté une nouvelle liste de prix (adaptée à l’appréciation de la livre libanaise, NDLR). Concernant les commerçants, qu’il s’agisse de supermarchés ou de petits magasins, ce n’est pas notre domaine, explique-t-il. Mais je crois que le retard de la baisse des prix est dû au fait que l’appréciation de la livre libanaise n’a pas de base économique solide. Les gens ne croient donc pas que le taux de change restera aussi bas."
Une faible confiance dans le marché, qu’il attribue notamment au manque de transparence de la Banque du Liban (BDL) quant à l’origine des liquidités en dollars octroyées aux banques, comme prévu par la circulaire n°161 . Beaucoup s’interrogent d’ailleurs quant à sa capacité à stabiliser le marché à travers ces mesures.
Le président du syndicat attribue également la baisse du dollar à la prochaine réunion du gouvernement, prévue lundi à Baabda, après plus de trois mois de blocage. "C’est un facteur purement psychologique, qui fait écho à la remontée de la livre survenue après l’annonce de la formation d’un nouveau gouvernement, il y a quatre mois. Celle-ci avait engendré une hausse de la valeur de la livre libanaise face en dollar, passant de 19.000 à 13.000 livres. Mais cela n’avait pas duré plus d’une semaine", conclut M. Bohsali.
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