Plus de 10,000 morts à Gaza
©Photo MENAHEM KAHANA/AFP
Les déclarations du Hamas font état de plus de 10 000 victimes à Gaza, majoritairement des civils. Les bombardements israéliens exacerbent la crise humanitaire, entraînant d'importants déplacements de population. L'ONU appelle avec urgence à un cessez-le-feu, qualifiant la région de "cimetière pour les enfants". La tension internationale demeure palpable, avec des incidents signalés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, alimentant les craintes d'une escalade du conflit.

Les bombardements israéliens ont fait plus de 10.000 morts dans la bande de Gaza en près d'un mois de guerre, a annoncé lundi le Hamas, le chef de l'ONU plaidant pour un cessez-le-feu d'urgence et décrivant le territoire palestinien comme "un cimetière pour les enfants".

Depuis le 7 octobre, Israël pilonne sans relâche Gaza en riposte à une attaque d'une ampleur sans précédent menée sur son sol par des centaines de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas venus de la bande de Gaza qu'ils contrôlent. Plus de 1.400 personnes ont péri, majoritairement des civils tués le jour de l'attaque.

Dimanche soir, Israël qui a juré d'anéantir le Hamas, a annoncé une campagne de bombardements plus intenses pendant "plusieurs jours" dans la bande de Gaza, où ses soldats mènent parallèlement une opération terrestre depuis le 27 octobre.

Au moins 292 personnes ont été tuées selon le Hamas dans les frappes nocturnes dans le petit territoire densément peuplé, où le ciel n'a cessé de se zébrer d'éclairs et de champignons de feu jaunes et rouges.

"Ce sont des massacres! Ils ont détruit trois maisons sur les têtes de leurs habitants, des femmes et des enfants, on a déjà sorti 40 corps des décombres", a lancé à l'AFP Mahmoud Mechmech, 47 ans, qui vit à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

Deux hôpitaux pédiatriques et le seul hôpital psychiatrique de Gaza ont été frappés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Un nouveau bilan officiel du Hamas a comptabilisé lundi 10.022 morts depuis le 7 octobre, essentiellement des civils dont plus de 4.000 enfants, dans les bombardements israéliens qui ont transformé des quartiers entiers à Gaza en champs de ruines.

Les États-Unis ont reconnu lundi que des "milliers" de civils avaient été tués ou blessés à Gaza. Fin octobre, le président Joe Biden a dit ne faire "aucune confiance" aux bilans du Hamas.

Au 31ᵉ jour de la guerre, les combats de rue entre soldats israéliens et combattants du Hamas font toujours rage, les plus intenses se déroulant dans le nord du territoire, où se trouve la ville de Gaza, désormais encerclée et qui abrite selon Israël le "centre" du Hamas.

L'armée a également annoncé avoir coupé en deux le territoire entre nord et sud.

"Le cauchemar à Gaza est plus qu'une crise humanitaire, c'est une crise de l'humanité", a affirmé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres à la presse, jugeant qu'un "cessez-le-feu humanitaire" devient "plus urgent à chaque heure qui passe".

"Gaza devient un cimetière pour les enfants", a-t-il insisté.

Il a répété dans le même temps sa condamnation des "actes terroristes odieux" du Hamas du 7 octobre et fustigé le mouvement palestinien et d'autres groupes qui utilisent "les civils comme boucliers humains et continuent à tirer des roquettes vers Israël sans distinction".

M. Guterres a insisté sur l'aide humanitaire insuffisante passant par Rafah, point de passage avec l'Egypte, vers la bande de Gaza assiégée. Avec 400 camions en deux semaines, contre 500 qui entraient dans l'enclave chaque jour avant la guerre, "le goutte à goutte d'aide n'est rien face à l'océan de besoins", a-t-il souligné.


Lundi, un nombre indéterminé de blessés et de binationaux sont arrivés en Egypte en provenance de la bande de Gaza via le terminal de Rafah, a indiqué à l'AFP un responsable, à la reprise des évacuations du territoire palestinien après une suspension de deux jours.

En visite à Ankara après une tournée au Moyen-Orient, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a affirmé lundi que son pays œuvrait "très activement" pour acheminer davantage d'aide humanitaire à Gaza, ajoutant qu'une "pause" dans les combats "pourrait également aider à cela".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rejette toute pause dans la guerre tant que les plus de 240 otages enlevés par le Hamas durant l'attaque du 7 octobre n'auront pas été libérés.

Israël "mène la bataille de la civilisation contre la barbarie (...) Ce n'est pas une bataille locale, c'est une bataille mondiale", a lancé lundi Benjamin Netanyahu devant des ambassadeurs étrangers.

L'armée israélienne a de nouveau accusé le Hamas de construire des tunnels sous les hôpitaux, écoles et lieux de culte pour cacher des combattants et planifier des attaques, une accusation que le mouvement islamiste dément.

Près de la frontière avec Gaza, de jeunes soldats israéliens stationnés à l'arrière des combats affichaient leur "fierté" de servir leur pays, sans cacher leur peur à l'idée d'aller se battre dans "cet endroit terrible".

Au moins 30 soldats israéliens, selon l'armée, ont été tués depuis le début de l'opération terrestre.

Trente jours après le 7 octobre, 1.400 bougies ont été allumées devant le mur des Lamentations, lieu le plus saint du judaïsme à Jérusalem, lors d'une cérémonie en présence de familles de victimes de l'attaque du Hamas.

Dans la bande de Gaza, la guerre a entraîné le déplacement d'1,5 million de personnes, selon l'ONU.

Après presque un mois de guerre, la communauté internationale craint toujours une extension du conflit, notamment en Cisjordanie, où Antony Blinken s'est rendu dimanche et a appelé à l'arrêt des "violences des extrémistes" contre les Palestiniens dans ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Lundi, six Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie, selon l'Autorité palestinienne. Plus de 150 Palestiniens y ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, d'après la même source.

L'armée a en outre arrêté Ahed Tamimi, figure de la cause palestinienne dans le monde, âgée de 22 ans, en Cisjordanie.

À Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville sainte annexée par Israël, une policière israélienne est morte après une attaque au couteau commise par un Palestinien de 16 ans qui a été tué, selon la police.

Sami Erchoff avec AFP

 
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