Le boycott, ça fonctionne vraiment?

La guerre battant son plein à Gaza, plusieurs résidents et organisations de par le monde appellent au «boycott» de compagnies associées au gouvernement israélien.
Le boycott est une forme de résistance à laquelle le mouvement pro-palestinien a recouru pendant plusieurs années, notamment par le truchement du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). Cela dit, l’acte de boycotter existe depuis des siècles, bien avant le déclenchement de la guerre opposant le Hamas à Israël.
Origines du boycott
Le boycott remonte en réalité au 18ᵉ siècle, mais le premier cas a été documenté dans les années 1880. Il s’agit du mouvement irlandais ayant protesté contre des rentiers britanniques qui avaient chassé les résidents locaux de leurs terres. Le terme «boycott» trouve son origine dans cette même période et a été introduit lorsque le mouvement en question a réussi à ostraciser le gestionnaire immobilier anglais Charles Cunningham Boycott.
Le boycott devient, depuis, le recours principal de tous les mouvements d’activistes. Historiquement, le cas le plus célèbre demeure celui du boycott des bus de Montgomery, initiative lancée par les activistes Martin Luther King et Rosa Parks, appelant à la déségrégation des bus publics. Plusieurs semaines de boycottage plus tard, un des tribunaux fédéraux prononce son verdict: la ségrégation dans les bus est un acte anticonstitutionnel allant à l’encontre de la disposition de la protection égalitaire, relative au 14ᵉ amendement.
Le boycott, ça marche?
En décembre 2018, des activistes pro-palestiniens ont appelé au boycott de la banque américaine HSBC, un des investisseurs de la manufacture Elbit Systems. Cette une usine israélienne fabrique des drones et les vend à l’armée israélienne qui, à son tour, en fait usage contre les civils palestiniens. Selon certains rapports, plus de 24.000 individus ont envoyé des courriels à la banque, lui demandant d’arrêter ses investissements. La HSBC a fini par rompre son contrat avec le concepteur israélien.

Des références de ce type sont souvent mises en avant pour démontrer que le boycott est efficace, mais en réalité, de tels cas sont rares.
Il s’est avéré, selon une étude menée par le Journal of Business Research, que le boycott «n’entraîne pas de pertes financières chez les compagnies ciblées». Bien au contraire, un acte de ce genre revalorise l’entreprise à hauteur de 0,66%.
Une autre étude, entreprise par l'Institute for Policy Research, montre qu’«un boycott typique n’a pas d’impact significatif sur les ventes et n’affecte réellement que la réputation de l’institution.
 Boycotts palestiniens
Alors que la guerre à Gaza bat son plein, le mouvement BDS a refait surface, appelant au boycott de firmes affiliées à Israël. Parmi celles-ci, des géants tels que McDonalds, Burger King, Starbucks et HP, pour n’en nommer que quelques-uns.
Cette initiative s’inscrit dans une longue campagne palestinienne de résistance pacifique. En 2015, un rapport publié par le groupe de réflexion sur les politiques publiques Rand Corporation estime que «le produit intérieur brut d’Israël serait dévalué de 15 milliards de dollars du fait de la résistance palestinienne pacifique, dont le mouvement BDS est un des principaux acteurs».
De plus, la compagnie Bloomberg a rapporté que les investissements étrangers en Israël ont connu une chute «considérable» en 2023, au grand plaisir des activistes du BDS.
Tout de même, il serait difficile de déterminer si ces pertes sont le résultat de boycotts politiques ou de mesures prises par les entreprises pour protéger leur réputation. En tout cas, le mouvement BDS s’intéresse surtout aux conséquences plutôt qu’aux causes. 
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