Les FL participeront-elles à la séance législative voulue par Berry?

Les Forces Libanaises (FL) n’ont pas encore pris la décision de participer ou pas à la séance parlementaire que le président de la Chambre, Nabih Berry, compte convoquer dans la première quinzaine décembre. «La décision d’assister ou non sera prise par le Bloc (FL) une fois la date convenue. Toutefois, le plus important est d’obtenir une prolongation» du mandat du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, a précisé une source FL à Ici Beyrouth.
«Nous examinerons les propositions du président de la Chambre et prendrons position» a-t-on ajouté de même source.
Nabih Berry avait déclaré jeudi soir, lors d’une interview télévisée, qu’il allait convoquer une réunion parlementaire, durant la première quinzaine de décembre, sans toutefois en préciser la date.
Cette séance aura «un ordre du jour complet» sur lequel figurera la proposition de loi des Forces libanaises portant sur la prolongation du mandat du général Aoun, qui se termine le 10 janvier 2024. D’autres propositions de loi, visant à éviter une vacance à la tête des forces régulières, seront aussi examinées.
M. Berry avait renvoyé la balle dans le camp des FL en soulignant que «si les Forces libanaises boycottent la réunion, elles seront en train de se contredire».
Les FL comptent cependant prendre leur temps pour examiner toutes les options possibles, puisqu’elles restent hostiles à la tenue de réunions législatives en l’absence d’un président. «Idéalement, cette prolongation devrait se faire lors d’une réunion du gouvernement. Sinon, elle devra être entérinée par le Parlement, mais sans qu’il ne s’agisse d’une séance législative. Pour nous, la priorité absolue est la stabilité de l’État et le maintien de la hiérarchie. En l’absence d’un président de la République, la seule option est la prolongation du mandat du commandant en chef de l’armée, car normalement la nomination d’un remplaçant relève des prérogatives du chef de l’État», a-t-on expliqué de même source.
Mais l’affaire est loin d’être aussi simple. Les FL attendent ainsi de voir l’issue des contacts menés pour régler l’affaire du commandement de l’armée, au niveau du Conseil des ministres. En cas d’échec des efforts déployés, elles devront examiner la forme que prendra leur participation à la réunion de décembre au cas où elle serait convoquée.
Les FL, qui boycottent les séances législatives tant qu’un président de la République n’est pas élu et qui considèrent que la Chambre ne peut actuellement être qu’un collège électoral, ont déjà fait savoir qu’elles participeront à celle durant laquelle le mandat du chef de l’armée sera prorogé, en invoquant la «raison d’État». Cet argument a de nouveau été mis en avant par la même source, jeudi.
Des complications
Le problème pour les FL, si elles participaient à la réunion, se poserait au cas où M. Berry établirait un agenda exhaustif et laisserait l’examen de la prolongation du mandat du général Joseph Aoun pour la fin.

En assistant à la séance complète, elles iraient à l’encontre de leur position de principe. Si elles la boycottent, avec l’opposition, elles seront responsables d’un potentiel défaut de quorum qui empêchera une rallonge du mandat de Joseph Aoun.
Le risque d’une vacance certaine à la tête de l’armée se confirmera, pour deux raisons: l’option de la nomination, évoquée par M. Berry jeudi, est en principe à écarter. Bkerké y est fermement opposé et a mis indirectement en garde la présidence du Conseil, le Hezbollah et Aïn el-Tiné contre un précédent qui contreviendrait à l’esprit du Pacte national. Le commandant en chef de l’armée est toujours nommé sur recommandation du chef de l’État, considéré par la Constitution comme le chef des armées.
Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, le Hezbollah et Nabih Berry n’ont pas l’intention d’aller à l’encontre du souhait émis par le patriarcat maronite, favorable à une prorogation du mandat de Joseph Aoun.
La seconde raison se rapporte au Parlement. La session parlementaire d’octobre se termine à la fin du mois de décembre. Nabih Berry ne pourra pas en convoquer une autre, car, en l’absence d’un président de la République, il est impossible d’ouvrir une session extraordinaire et toute réunion convoquée en dehors des sessions ordinaires serait considérée nulle. Conformément à l’article 31 de la Constitution, «toute réunion de la Chambre en dehors du temps légal de session est illicite et nulle de plein droit ».
Et la séance du 14 juin?
Dans son entretien télévisé, Nabih Berry a refilé la patate chaude aux parties chrétiennes, puisque seul le chef du CPL, Gebran Bassil, s’oppose au recul du départ à la retraite du général Aoun et mène une guerre ouverte contre ce dernier. Il a qualifié «d’interchrétienne» la querelle autour de ce dossier, ce que les Forces libanaises ont réfuté.
«C’est dommage que M. Berry ressasse toujours cette même problématique», a commenté la source FL interrogée par Ici Beyrouth. «Lors de l’élection présidentielle (du mois de juin), les chrétiens s’étaient mis d’accord sur la candidature de l’ancien ministre, Jihad Azour, mais c'étaient M. Berry et Hassan Nasrallah qui avaient provoqué un défaut de quorum», selon cette source qui faisait référence au retrait des députés d’Amal et du Hezbollah de la séance électorale du 14 juin. Pour cette source, il n’est pas vrai que le problème est dû à un désaccord chrétien.
La vacance au commandement de l’armée est une affaire d’ordre sécuritaire pour les FL, mais elle est d’ordre personnel pour Gebran Bassil, «et là est toute la différence», souligne-t-on de même source. Celle-ci reproche au Hezbollah de s’aligner, sur ce sujet précis, sur la politique de Gebran Bassil. Pour elle, la formation pro-iranienne ne votera pas en faveur d’une prolongation du mandat de Joseph Aoun tant que le chef du CPL s’y opposera.
«La prolongation du mandat du commandant en chef de l’armée est une affaire d’ordre national. Si le Hezb la voulait, il n’y aurait pas eu de problème à ce niveau», selon les FL.
Retarder le départ à la retraite du général Aoun se justifie du fait qu'il s’agit d’«une raison d’État et ne peut pas être considéré autrement», a-t-on précisé de même source.
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