La prise d’assaut du cargo Galaxy Leader par les Houthis, le 19 novembre, près du détroit de Bab-el-Mandeb (la porte des pleurs), dans l’une des zones les plus stratégiques du commerce maritime, au sud de la mer Rouge, pourrait avoir des répercussions sur le commerce maritime international et l’économie mondiale.
Avec l’attaque du navire Galaxy Leader par les Houthis, le 19 novembre, une nouvelle dimension de la guerre entre Israël et le Hamas est apparue. En prenant d’assaut le cargo, la milice pro-iranienne au Yémen a clairement revendiqué viser l’État hébreu, donnant une dimension maritime et internationale à ce conflit qui sévit depuis le 7 octobre entre les Palestiniens et les Israéliens. En effet, cette nouvelle facette maritime va au-delà de la région puisque tout le commerce mondial est relié au détroit de Bab-el-Mandeb.
S’il s’agit d'abord d’un avertissement envoyé à Israël, c’est aussi sûrement un message clair à tous les pays possédant des navires qui transitent par cette région.
Bab-el-Mandeb: un détroit stratégique
Le détroit de Bab-el Mandeb, séparant le Yémen de Djibouti, est un point stratégique du commerce maritime, ainsi que de l'approvisionnement énergétique entre le golfe d'Aden et la mer Rouge.
Il s’agit du quatrième passage maritime le plus important du monde en termes d'approvisionnement énergétique, stratégique pour le commerce d'hydrocarbures en provenance du golfe arabo-persique et à destination du Canal de Suez (pipeline Sumed).
Ce chenal, c’est 40% du flux maritime mondial. Une soixantaine de supertankers appareillent tous les jours des pays du Golfe et traversent ce détroit pour rejoindre l’Asie. Selon certaines données, ce détroit voit passer chaque jour 4,8 millions de barils de pétrole vers le Canal de Suez. Aussi est-il primordial pour les pays importateurs, exportateurs et riverains que ce passage maritime reste sûr et accessible.
Il n’est même pas de l’intérêt de l’Iran, principal soutien des Houthis, que le commerce maritime à Bab-el-Mandeb soit bouleversé puisqu’une partie du pétrole et du gaz qui y passe est destiné à la Chine, son alliée.
Hausse des primes d’assurance
Toujours est-il qu’en attaquant un cargo en mer Rouge, les rebelles yéménites ont fait apparaître une nouvelle menace sur le transport maritime. Des navires ont d’ailleurs déjà fait demi-tour.
Cette attaque engendrera une hausse des primes d'assurance pour les navires transitant dans une région dont le risque de conflit va grandissant.
En effet, les assureurs vont sans doute considérer ce risque en augmentant les primes d’assurance aux armateurs qui traversent ce détroit. Il aura donc une répercussion sur les prix aux consommateurs partout dans le monde.
Il convient de rappeler à cet égard que, suite à l’attentat mené contre le pétrolier français Limburg, en octobre 2002, au large du Yémen, les primes d’assurance pour les pétroliers avaient triplé.
Des attaques fréquentes
Rappelons que l’attaque d’un navire dans ces eaux n’est pas une première, mais le contexte aujourd’hui est différent. En effet, entre janvier 2021 et juillet 2023, l'Iran aurait assailli 26 navires marchands et militaires (notamment américains). Les Houthis ont, eux, attaqué deux pétroliers saoudiens en 2018, sans parler des centaines de mines disséminées au sud de la mer Rouge par la milice.
Quid d’un blocage total du détroit?
Le risque d’un blocage total du détroit demeure toutefois très peu envisageable, les Houthis n’ayant jusqu’alors pas exprimé une telle intention. Toutefois, le risque de chaos dans le détroit de Bab-el-Mandeb semble plus élevé. Cependant, si une fermeture du détroit survenait, l’approvisionnement énergétique ne serait pas suspendu puisque deux autres routes maritimes sont praticables. Le pipeline East-West en Arabie saoudite, pourrait expédier 2,5 millions de barils quotidiennement du golfe arabo-persique à la mer Rouge; et le Cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, pourrait permettre d’acheminer le carburant vers l’Europe et l’Amérique du Nord avec, bien sûr, une durée de transport plus longue.
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