Un film marocain décroche l’Étoile d’or à Marrakech
Le Festival international du film de Marrakech a révélé tout son éclat cette année. En effet, une œuvre marocaine a été récompensée, une première dans l’histoire du festival. Lors de cette 20e édition, qui s’est déroulée du 24 novembre au 2 décembre, la réalisatrice marocaine Asmae el-Moudir a reçu l’Étoile d’or pour son documentaire Kadib Abyad (La mère de tous les mensonges), marquant ainsi un tournant historique pour le cinéma marocain.

Asmae el-Moudir, âgée de 32 ans, a su captiver le jury et le public avec une œuvre profondément personnelle et innovante. Le film plonge dans les abysses des non-dits familiaux et, par extension, éclaire les zones d’ombre de l’histoire contemporaine du Maroc, notamment durant les «années de plomb» sous le règne de Hassan II. Confrontée à l’absence d’archives visuelles, El-Moudir fait preuve d’une créativité remarquable en utilisant une maquette minutieuse de son quartier d’enfance à Casablanca, agrémentée de figurines, pour narrer ce passé familial chargé. Cette démarche artistique sert également de toile de fond pour aborder les tragiques «émeutes de la faim» de juin 1981 à Casablanca, réprimées dans le sang.

La présidente du jury, Jessica Chastain, a salué l’œuvre d’El-Moudir en soulignant l’importance de la mémoire collective pour préserver l’histoire, même face aux tentatives d’effacement. Cette reconnaissance n’est pas isolée puisque le documentaire avait déjà été honoré en mai dernier lors du Festival de Cannes, remportant le prix de la mise en scène dans la sélection «Un Certain Regard».




Le festival a également été le théâtre d’autres récompenses significatives. Le prix du jury a été attribué ex æquo à Kamal Lazraq pour Les meutes et à Lina Soualem pour Bye Bye Tibériade. Ce dernier film, qui explore la vie de l’actrice franco-palestinienne Hiam Abbass, est particulièrement poignant. Lina Soualem, dans un message enregistré, a dédié son prix aux Palestiniens cherchant leur place dans le monde, tout en appelant à une cessation des hostilités dans la bande de Gaza, théâtre d’un conflit récent.

Par ailleurs, Banel et Adama de Ramata-Toulaye Sy a été récompensé pour la mise en scène, tandis que les prix d’interprétation ont été remportés par Asja Zara Lagumdzija pour Excursion et Doga Karakas pour Dormitory.

Cette édition du Festival international du film de Marrakech, bien que marquée par une sobriété due aux tensions à Gaza, reste un événement phare dans le paysage cinématographique mondial, soulignant l’importance croissante du cinéma africain et moyen-oriental sur la scène internationale.

Avec AFP
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