Lorsque la météo et moi sommes (enfin) d’accord côté chiffres…
La tempête de neige et les températures glaciales qui s’en suivent ne sont pas toujours synonymes de négativisme. Le froid du dehors comparé à celui du dedans est une variable que l’on peut tirer à son propre profit en ces temps durs. D’autant plus que le concept du degré affiché et de celui qui est ressenti n’est jamais le même, dépendamment du côté d’où la bise souffle. La bise (du vent), pas le baiser bien entendu. Pour le baiser, le prince, aussi charmant soit-il, attend que son cheval reprenne du poil de la bête, ses sabots étant coincés dans la poudreuse verglacée.

Parlons chiffres alors. Au moment où je rédige ce billet, il fait 8 degrés dehors et 22 degrés dedans. Même en additionnant ces deux chiffres, nous sommes bien loin du spectre de la soixantaine. Le tournesol que je suis va devoir changer de saison préférée puisque l’hiver porte des promesses de jeunesse éternelle, surtout lorsqu’on hiberne dans un ermitage. Le froid a un effet tenseur indéniable. Et ça se voit même avec un masque anti-Covid. Les rares personnes que je croise, en dehors de ma chienne, me complimentent sur ma «bonne mine». Je me suis alors trompée sur toute la ligne, tout comme j’ai trompé mon entourage, en affirmant que j’étais une fille du soleil.

Je suis une femme qui trompe. Je suis un trompe-l’œil. C’est ma nouvelle réincarnation. Dans une de mes vies antérieures, j’étais une gomme. Oui, ça semble surréel, mais pourtant vrai. Je passais mon temps à me délester de tout sans regarder derrière moi. Si je me laissais faire, c’était pour avoir la paix, mais cela ne voulait pas dire que j’y consentais de bon cœur ou que je n’en souffrais pas.


Je suis si vidée aujourd’hui que je me fais des promesses à moi-même: un jour (très prochain) j’irai vivre sur une terre aimée, mais (sur)gelée (puisque je vivrai dans un igloo), avec la chienne de ma vie, mon PC, une connexion Internet non prostatique, beaucoup de pizza, pasta et gelato, et tout cela aura pour moi un goût de paradis. Je me demande seulement si les aficionados de Napoli viendraient me rendre visite, Gabriele en tête de liste, lui qui ne supporte pas une goutte de pluie. Je me demande aussi si L’Antica Pizzeria da Michele accepterait de me faire parvenir ses fameuses pizzas en delivery, et si Matteo ferait de même, depuis Salerno, pour ses glaces uniques…

Là, honnêtement, je commence à paniquer. Mon plan d’évasion semble foireux. Il me reste quand même la référence ultime sur laquelle je peux compter: San Gennaro, le saint patron de Naples, dont le sang contenu dans une fiole se liquéfie deux fois par an. Je suis certaine qu’il se fait du mauvais sang pour moi, et qu’il ferait en sorte que mon igloo soit niché sur le Vésuve avec la neve (neige) 365 sur 365, en réalisant un de ces miracles qui feraient que je serai la seule à la voir (les rêveurs la prendront pour de la poussière d’étoiles) et à ressentir la température qu’elle dégage pour que mon hibernation ne connaisse plus les caprices des saisons, et gèle mon âge «ressenti» pour le restant de mes jours. Amen.
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