C’est une leçon de macro-politique très cruelle qui ressort du discours qu’a prononcé lundi Saad Hariri pour annoncer qu’il se retirait de la vie politique et qu’il demandait dans le même temps au courant du Futur ainsi qu’aux membres de sa famille de ne pas s’engager dans la bataille électorale du printemps prochain. Un discours à la fois excessivement amer puisque l’ancien Premier ministre a reconnu avec courage et lucidité qu’il avait consenti ces dernières années – mais en vain – une longue série de concessions et de compromis avec le Hezbollah « pour éviter une guerre civile ». Le résultat a été un long cheminement, mené et orchestré de main de maître par le parti pro-iranien, qui a abouti à l’effondrement actuel.
L’esprit de l’aveu fait par Saad Hariri n’est pas sans rappeler, toute proportion étant gardée, le fâcheux et funeste épisode, en 1938, des accords de Munich qui avaient poussé Churchill à lancer à l’adresse du Premier ministre britannique de l’époque Arthur Chamberlain sa célèbre petite phrase légendaire, rentrée dans l’histoire : « Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur, mais vous aurez quand même la guerre ». C’est effectivement l’équivalent de cet esprit de Munich qui a miné la vie politique au Liban ainsi que les inlassables efforts du chef du courant du Futur depuis la Révolution du Cèdre, en 2005.
Dans ce discours du lundi 24 janvier, il manquait un élément fondamental … Le leader sunnite n’a pas été en effet jusqu’au bout de son raisonnement. Tout au long de ces dernières années, le Hezbollah et Saad Hariri (à l’instar d’ailleurs des autres pôles du 14 Mars) ne parlaient pas le même langage. Ils ne jouaient pas sur le même terrain, voire ils ne jouaient pas le même jeu. Le résultat ne pouvait être, immanquablement, qu’un vaste chaos. Imaginons ce que serait le spectacle d’une équipe de football essayant – en toute bonne foi – de se livrer à une compétition avec une équipe de handball !
Ce que nombre de Libanais, et surtout certains « acteurs » de la scène politique locale – qui se sont avérés n’être que des figurants – ne veulent pas reconnaître, haut et fort, c’est que pour le Hezbollah le terrain libanais n’est qu’un petit détail. En sa qualité d’instrument privilégié de la stratégie expansionniste des Gardiens de la Révolution iranienne, son projet, ses calculs et sa ligne de conduite s’inscrivent dans une logique transnationale et tiennent très peu compte des intérêts et des aspirations de la population libanaise dans son ensemble. Ce parti ne peut s’accommoder de la présence d’un Etat fort, d’un régime fort, d’un président de la République fort ou d’un gouvernement efficace.
De par sa fonction même, le Hezbollah ne peut se permettre de faciliter l’avènement d’une stabilité durable et d’une atmosphère de prospérité au Liban car son rôle régional serait alors remis en question. Le corollaire de cette amère réalité est que tout effort visant à accorder des concessions au parti pro-iranien afin « d’éviter la guerre civile » et de « préserver la paix interne » n’est que pure chimère et ne pouvait être que torpillé en toute circonstance par l’instrument de Téhéran. Le Hezbollah se doit d’imposer son tempo et « sa » règle du jeu. Saad Hariri a reconnu qu’il avait été de compromis en compromis, de concession en concession, pour éviter un clash sur la scène locale. Son erreur – commise également par le courant aouniste, qui prétendait pouvoir libaniser le Hezbollah – aura été de n’avoir pas su comprendre que sa bonne foi et son attitude conciliatrice allaient être instrumentalisées et neutralisées de manière systématique par la formation pro-iranienne. Le parti chiite et ses maîtres à penser de Téhéran sont à cet égard d’excellents joueurs d’échecs et définissent leur stratégie plusieurs coups à l’avance.
Face à cette cynique réalité, une seule voie s’impose de manière impérative : unifier toutes les parties souverainistes au sein d’une large coalition pour non seulement résister, mais faire face activement au fait accompli, à la tutelle, que le nouvel empire perse tente d’imposer au Liban. Toute faction qui entraverait l’émergence et l’action d’un tel front commun en se livrant à de petits calculs partisans et électoraux se ferait objectivement complice du camp iranien et du Hezbollah. Et contrairement à ce qu’avançaient Saad Hariri et le courant aouniste, cette « confrontation » n’implique pas nécessairement un recours aux armes. Elle nécessite plutôt une mobilisation générale, une planification dans l’action, une mise en sourdine de l’égocentrisme partisan et des susceptibilités personnelles, un travail de lobbying auprès des instances internationales, au service de la réalisation d’un objectif stratégique commun, fondé sur la neutralité, le respect du pluralisme libanais, la sauvegarde du libéralisme, et l’ouverture sur le monde… En ayant toujours présent à l’esprit que pour croiser le fer avec un joueur d’échecs expérimenté on ne peut se livrer à un simple jeu de dames.
L’esprit de l’aveu fait par Saad Hariri n’est pas sans rappeler, toute proportion étant gardée, le fâcheux et funeste épisode, en 1938, des accords de Munich qui avaient poussé Churchill à lancer à l’adresse du Premier ministre britannique de l’époque Arthur Chamberlain sa célèbre petite phrase légendaire, rentrée dans l’histoire : « Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur, mais vous aurez quand même la guerre ». C’est effectivement l’équivalent de cet esprit de Munich qui a miné la vie politique au Liban ainsi que les inlassables efforts du chef du courant du Futur depuis la Révolution du Cèdre, en 2005.
Dans ce discours du lundi 24 janvier, il manquait un élément fondamental … Le leader sunnite n’a pas été en effet jusqu’au bout de son raisonnement. Tout au long de ces dernières années, le Hezbollah et Saad Hariri (à l’instar d’ailleurs des autres pôles du 14 Mars) ne parlaient pas le même langage. Ils ne jouaient pas sur le même terrain, voire ils ne jouaient pas le même jeu. Le résultat ne pouvait être, immanquablement, qu’un vaste chaos. Imaginons ce que serait le spectacle d’une équipe de football essayant – en toute bonne foi – de se livrer à une compétition avec une équipe de handball !
Ce que nombre de Libanais, et surtout certains « acteurs » de la scène politique locale – qui se sont avérés n’être que des figurants – ne veulent pas reconnaître, haut et fort, c’est que pour le Hezbollah le terrain libanais n’est qu’un petit détail. En sa qualité d’instrument privilégié de la stratégie expansionniste des Gardiens de la Révolution iranienne, son projet, ses calculs et sa ligne de conduite s’inscrivent dans une logique transnationale et tiennent très peu compte des intérêts et des aspirations de la population libanaise dans son ensemble. Ce parti ne peut s’accommoder de la présence d’un Etat fort, d’un régime fort, d’un président de la République fort ou d’un gouvernement efficace.
De par sa fonction même, le Hezbollah ne peut se permettre de faciliter l’avènement d’une stabilité durable et d’une atmosphère de prospérité au Liban car son rôle régional serait alors remis en question. Le corollaire de cette amère réalité est que tout effort visant à accorder des concessions au parti pro-iranien afin « d’éviter la guerre civile » et de « préserver la paix interne » n’est que pure chimère et ne pouvait être que torpillé en toute circonstance par l’instrument de Téhéran. Le Hezbollah se doit d’imposer son tempo et « sa » règle du jeu. Saad Hariri a reconnu qu’il avait été de compromis en compromis, de concession en concession, pour éviter un clash sur la scène locale. Son erreur – commise également par le courant aouniste, qui prétendait pouvoir libaniser le Hezbollah – aura été de n’avoir pas su comprendre que sa bonne foi et son attitude conciliatrice allaient être instrumentalisées et neutralisées de manière systématique par la formation pro-iranienne. Le parti chiite et ses maîtres à penser de Téhéran sont à cet égard d’excellents joueurs d’échecs et définissent leur stratégie plusieurs coups à l’avance.
Face à cette cynique réalité, une seule voie s’impose de manière impérative : unifier toutes les parties souverainistes au sein d’une large coalition pour non seulement résister, mais faire face activement au fait accompli, à la tutelle, que le nouvel empire perse tente d’imposer au Liban. Toute faction qui entraverait l’émergence et l’action d’un tel front commun en se livrant à de petits calculs partisans et électoraux se ferait objectivement complice du camp iranien et du Hezbollah. Et contrairement à ce qu’avançaient Saad Hariri et le courant aouniste, cette « confrontation » n’implique pas nécessairement un recours aux armes. Elle nécessite plutôt une mobilisation générale, une planification dans l’action, une mise en sourdine de l’égocentrisme partisan et des susceptibilités personnelles, un travail de lobbying auprès des instances internationales, au service de la réalisation d’un objectif stratégique commun, fondé sur la neutralité, le respect du pluralisme libanais, la sauvegarde du libéralisme, et l’ouverture sur le monde… En ayant toujours présent à l’esprit que pour croiser le fer avec un joueur d’échecs expérimenté on ne peut se livrer à un simple jeu de dames.
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