Écoles catholiques en grève contre une loi controversée

Les écoles catholiques ont entamé une grève ouverte le jeudi 21 décembre. Cette décision soudaine fait suite à deux lois adoptées au Parlement le 15 décembre, modifiant certaines réglementations régissant l'autorité éducative dans les écoles privées et la gestion des budgets scolaires.
La première loi prévoit le transfert de 650 milliards de livres libanaises du budget 2023 du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur vers la Caisse d'indemnités destiné au personnel éducatif des écoles privées.
La seconde, présentée par le député Ali Hassan Khalil, vise à modifier plusieurs articles des lois régissant les établissements éducatifs privés, les budgets des écoles privées ainsi que la retraite et la cessation de service des enseignants.
Les modifications visent à renforcer les revenus de la Caisse d'indemnités, garantir des paiements en temps voulu de la part des établissements éducatifs privés et renforcer le rôle de surveillance de l'État. Les changements proposés incluent la contribution obligatoire des enseignants contractuels au fonds d'indemnisation par le biais d'une déduction d'un pourcentage de leur salaire mensuel – une obligation qui ne s'appliquait auparavant qu'aux enseignants à temps plein.
D'autres ajustements incluent l'augmentation de la contribution des écoles à la Caisse, passant de 6% à 8%, ainsi que l'augmentation de la contribution des enseignants contractuels et à temps plein, portée de 6% à 8%. Par ailleurs, les écoles privées doivent désormais fournir chaque année un quitus au ministère de l'Éducation afin de confirmer le paiement de leurs obligations, y compris les contributions des retraités et des membres du personnel.
Indignation des écoles catholiques
Le comité épiscopal pour les écoles catholiques au Liban s'est vivement opposé aux deux lois, exprimant des inquiétudes quant à leur adoption sans consultation préalable des parties prenantes concernées.
Le père Youssef Nasr, secrétaire général des écoles catholiques, a déclaré à Ici Beyrouth: «Personne n'a consulté les écoles, les autorités compétentes, les parents ou les autres parties concernées. Cette approche est dépourvue de fondement juridique et d'une étude approfondie, ce qui la rend non pertinente.»
Le secrétariat soutient que ses objections n'ont pas été prises en compte lors de la session parlementaire au cours de laquelle la loi a été adoptée. Ces objections comprennent le rejet de l'augmentation à 8% de la contribution mensuelle payée par les écoles et les enseignants à la Caisse d'indemnités, ainsi que son caractère obligatoire pour les enseignants contractuels. Des préoccupations ont également été soulevées concernant la gestion de la Caisse d'indemnités, le conseil d'administration du fonds étant resté inactif depuis 2019. Le père Nasr a averti que le secrétariat contestera la loi, appelant à «ne pas la publier dans le Journal officiel pour empêcher son application». Il a ajouté: «Nous recourons à tous les moyens légaux pour protéger l'avenir des enfants fréquentant les écoles privées.»

L’Union des parents approuve la loi
Cependant, l’Union des parents a salué la loi, affirmant qu'elle renforce la transparence financière dans les écoles privées.
Lama Tawil, présidente de l'Union des parents d'élèves et des comités de parents dans les écoles privées du Liban, est persuadée que la nouvelle loi «garantira la protection des parents contre des pratiques répréhensibles».
«En tant que parents, nous réclamons une transparence totale, des audits et une garantie financière», a affirmé Mme Tawil à Ici Beyrouth, soulignant par ailleurs l'incohérence du refus des écoles de verser l'indemnité et la compensation en dollars, tout en insistant sur le règlement des frais de scolarité dans cette même devise.
Madame Tawil a également fait part de ses inquiétudes concernant la grève ouverte, mettant en avant le fait que «cette décision constitue une menace pour l'éducation de nos enfants».
Le syndicat des enseignants appelle au dialogue
Nehmé Mahfoud, le président du Syndicat des enseignants, a plaidé en faveur du dialogue pour résoudre le conflit.
Dans un communiqué diffusé jeudi, M. Mahfoud a mis en lumière la situation précaire des enseignants retraités percevant une indemnité mensuelle en livres libanaises qui se situe entre 10 et 30 dollars. Il a exhorté les écoles à contribuer à la Caisse d'indemnités et de retraite en devises étrangères, soulignant que les frais de scolarité sont payés en dollars.
La grève affectera plus de 300 écoles catholiques. Cependant, le secrétariat général des écoles catholiques, ainsi que l'Union des parents, ont tous exprimé leur volonté de participer à un dialogue visant à sauvegarder l'avenir des écoles catholiques.
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