©La messe de Noël célébrée le dimanche 24 décembre sur les ruines de l’église orthodoxe d’Antakya détruite par le violent séisme du 6 février qui a balayé le sud de la Turquie. Bulent Kilic/AFP
Au sommet de l’éboulis de pierres blondes, le grand pin se dresse comme un miracle, unique vestige de l’église orthodoxe d’Antakya détruite par le violent séisme du 6 février qui a balayé le sud de la Turquie.
«J’avais planté cet arbre de mes mains il y a 12 ans, c’est tout ce qu’il reste de l’église... mais c’est un vrai réconfort de le voir briller», se réjouit Lora Suadioglu en contemplant les guirlandes de minuscules ampoules LED tendues par les fidèles pour illuminer, malgré tout, leur arbre de Noël dans un paysage d’apocalypse.
La nuit est loin d’être tombée ce 24 décembre, mais les autorités ont préféré jouer la prudence et célébrer la messe de Noël en plein après-midi, dans une ville toujours en proie au chaos dix mois après les terribles secousses qui ont fait 50.000 morts au moins en Turquie – et plus de 5.000 en Syrie voisine.
Le père Abdullah Yumurta célébrant la messe de Noël en l’église Sainte-Thekla à Samandag à une vingtaine de kilomètres d’Antakya. Bulent Kilic/AFP
Frappée au cœur, l’ancienne Antioche, l’un des berceaux de l’église chrétienne, ne tient plus debout, mais ses habitants ne peuvent se résoudre à l’abandonner aux chats errants et à la poussière.
À 53 ans, Lora était chargée depuis vingt-huit ans de l’entretien de l’église orthodoxe. «Mon mari me suggérait même d’y apporter mon lit tellement j’y passais du temps», sourit-elle bravement sous le dais tendu pour protéger l’office de la pluie et des bourrasques.
«Je suis ici, c’est important pour nous de célébrer la naissance de Jésus. Mais c’est un Noël très douloureux», confie Vehbi Tadrasgil. Ce père de 55 ans a perdu deux de ses trois enfants dans le tremblement de terre, des jeunes gens de 28 et 35 ans, ainsi que leur mère, retrouvés enlacés dans les décombres. «J’espère que leurs âmes sont ici, je suis sûr que nos prières montent vers eux», lâche-t-il. Et de poursuivre: «L’an dernier, nous étions 1.500 à nous embrasser en riant...»
Des gens affluant à Antakya où une messe de Noël a été célébrée sur les ruines de l’église orthodoxe d’Antakya détruite par le violent séisme du 6 février qui a balayé le sud de la Turquie. Bulent Kilic/AFP
Familles dispersées
Ils sont à peine 500 aujourd’hui, portés par leur foi, à prier entre les murs effondrés. Rares sont ceux que le sort a épargnés. La plupart ont dû trouver refuge ailleurs dans le pays et attendent toujours de pouvoir retrouver leur ville.
Maykil Bogusoglu, un commerçant de 30 ans, s’est ainsi installé à Fethiye, sur la côte sud. C’est pour lui le premier retour dans sa ville. «Je suis venu exprès, on se retrouve en famille et entre amis, assure-t-il. Ce Noël nous bouleverse. Après le séisme, nous nous sommes dispersés, chacun vit dans une ville différente maintenant, même mes parents et mes sœurs. Je n’ai pas pu les voir pendant des mois.»
«C’est Noël, et cette église nous rassemble enfin après une année 2023 très difficile», souligne Maykil Bogusoglu.
À une vingtaine de kilomètres d’Antakya, sur la côte, la ville de Samandag a aussi perdu une bonne partie de ses habitants. L’église Saint-Ilyas du père Abdullah Yumurta a été emportée et c’est dans celle de Sainte-Thekla qu’il célèbre la messe de Noël.
Ici, un générateur permet à l’arbre richement orné de briller de tous ses feux et un père Noël à la barbe immaculée distribue même des friandises et de petits jouets aux enfants.
Des gens décorant un sapin de Noël sur les ruines de l’église orthodoxe d’Antakya détruite par le violent séisme du 6 février qui a balayé le sud de la Turquie. Bulent Kilic/AFP
«Après le séisme, notre communauté – 400 familles – était anéantie, confie le père Yumurta. Avec ce Noël, nous voulons souhaiter à tous renaissance, amour, joie et paix. Nous devons aller de l’avant, rebâtir une nouvelle vie. Avec la naissance de l’enfant Jésus, une nouvelle vie commence, dit-on, un nouveau départ. Pour nous aussi, ici, ce sera un nouveau commencement.» Et de conclure: «Quand je vois cette foule, j’ai le cœur qui bondit. Que cette joie demeure et que cette église soit toujours pleine.»
Avec AFP
«J’avais planté cet arbre de mes mains il y a 12 ans, c’est tout ce qu’il reste de l’église... mais c’est un vrai réconfort de le voir briller», se réjouit Lora Suadioglu en contemplant les guirlandes de minuscules ampoules LED tendues par les fidèles pour illuminer, malgré tout, leur arbre de Noël dans un paysage d’apocalypse.
La nuit est loin d’être tombée ce 24 décembre, mais les autorités ont préféré jouer la prudence et célébrer la messe de Noël en plein après-midi, dans une ville toujours en proie au chaos dix mois après les terribles secousses qui ont fait 50.000 morts au moins en Turquie – et plus de 5.000 en Syrie voisine.
Le père Abdullah Yumurta célébrant la messe de Noël en l’église Sainte-Thekla à Samandag à une vingtaine de kilomètres d’Antakya. Bulent Kilic/AFP
Frappée au cœur, l’ancienne Antioche, l’un des berceaux de l’église chrétienne, ne tient plus debout, mais ses habitants ne peuvent se résoudre à l’abandonner aux chats errants et à la poussière.
À 53 ans, Lora était chargée depuis vingt-huit ans de l’entretien de l’église orthodoxe. «Mon mari me suggérait même d’y apporter mon lit tellement j’y passais du temps», sourit-elle bravement sous le dais tendu pour protéger l’office de la pluie et des bourrasques.
«Je suis ici, c’est important pour nous de célébrer la naissance de Jésus. Mais c’est un Noël très douloureux», confie Vehbi Tadrasgil. Ce père de 55 ans a perdu deux de ses trois enfants dans le tremblement de terre, des jeunes gens de 28 et 35 ans, ainsi que leur mère, retrouvés enlacés dans les décombres. «J’espère que leurs âmes sont ici, je suis sûr que nos prières montent vers eux», lâche-t-il. Et de poursuivre: «L’an dernier, nous étions 1.500 à nous embrasser en riant...»
Des gens affluant à Antakya où une messe de Noël a été célébrée sur les ruines de l’église orthodoxe d’Antakya détruite par le violent séisme du 6 février qui a balayé le sud de la Turquie. Bulent Kilic/AFP
Familles dispersées
Ils sont à peine 500 aujourd’hui, portés par leur foi, à prier entre les murs effondrés. Rares sont ceux que le sort a épargnés. La plupart ont dû trouver refuge ailleurs dans le pays et attendent toujours de pouvoir retrouver leur ville.
Maykil Bogusoglu, un commerçant de 30 ans, s’est ainsi installé à Fethiye, sur la côte sud. C’est pour lui le premier retour dans sa ville. «Je suis venu exprès, on se retrouve en famille et entre amis, assure-t-il. Ce Noël nous bouleverse. Après le séisme, nous nous sommes dispersés, chacun vit dans une ville différente maintenant, même mes parents et mes sœurs. Je n’ai pas pu les voir pendant des mois.»
«C’est Noël, et cette église nous rassemble enfin après une année 2023 très difficile», souligne Maykil Bogusoglu.
À une vingtaine de kilomètres d’Antakya, sur la côte, la ville de Samandag a aussi perdu une bonne partie de ses habitants. L’église Saint-Ilyas du père Abdullah Yumurta a été emportée et c’est dans celle de Sainte-Thekla qu’il célèbre la messe de Noël.
Ici, un générateur permet à l’arbre richement orné de briller de tous ses feux et un père Noël à la barbe immaculée distribue même des friandises et de petits jouets aux enfants.
Des gens décorant un sapin de Noël sur les ruines de l’église orthodoxe d’Antakya détruite par le violent séisme du 6 février qui a balayé le sud de la Turquie. Bulent Kilic/AFP
«Après le séisme, notre communauté – 400 familles – était anéantie, confie le père Yumurta. Avec ce Noël, nous voulons souhaiter à tous renaissance, amour, joie et paix. Nous devons aller de l’avant, rebâtir une nouvelle vie. Avec la naissance de l’enfant Jésus, une nouvelle vie commence, dit-on, un nouveau départ. Pour nous aussi, ici, ce sera un nouveau commencement.» Et de conclure: «Quand je vois cette foule, j’ai le cœur qui bondit. Que cette joie demeure et que cette église soit toujours pleine.»
Avec AFP
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