Icône du cinéma français, monstre sacré du grand écran, Alain Delon pensait certainement finir paisiblement sa vie, auréolé du prestige de ses rôles mythiques. Malheureusement, le crépuscule du «Samouraï» est assombri par une pathétique guerre familiale qui se joue par médias interposés. À 88 ans, affaibli par la maladie, le magnifique acteur du Guépard subit les conséquences des assauts fratricides de sa propre descendance, dans une ambiance écœurante de règlements de comptes.
Alain Delon, monstre sacré du cinéma français, icône du grand écran depuis les années 1960 avec des films comme Le Guépard, Rocco et ses frères, Le Samouraï, La Piscine, voit la fin de sa carrière et de sa vie assombrie par une sordide affaire familiale.
Âgé de 88 ans, l’acteur a été victime d’un accident cardio-vasculaire en 2019 et son état de santé reste préoccupant. Selon ses proches, Alain Delon souffrirait non seulement physiquement, mais également de pertes de mémoire et serait psychologiquement affaibli. Lui qui a toujours été très discret sur sa vie privée se retrouve, malgré lui, sous les feux des projecteurs.
Déclenchement de l’affaire
Le conflit au sein du clan Delon s’est cristallisé sur la place publique début janvier 2023, après plusieurs mois de tensions larvées. Le 22 décembre déjà, Alain-Fabien Delon a déposé plainte contre sa sœur Anouchka pour «abus de faiblesse» envers leur père. Il lui reproche d’avoir caché aux autres membres de la famille la dégradation inquiétante de l’état de santé de leur père et de profiter de sa faiblesse.
Quelques jours plus tard, le 3 janvier, c’est l’aîné, Anthony Delon, qui met le feu aux poudres en accordant une interview à Paris Match. Il y dresse un portrait alarmant de son père, évoquant «un homme très diminué, affaibli», et dont «les capacités de discernement sont amoindries».
Ces déclarations provoquent un séisme au sein du clan Delon. Elles vont entraîner une réaction en chaîne et des accusations mutuelles relayées abondamment par les médias…
Les déclarations d’Anthony Delon à Paris Match début janvier déclenchent un effet domino au sein de la fratrie Delon. D’abord, coup de tonnerre, c’est Alain Delon lui-même, pourtant très affaibli, qui décide de riposter en portant plainte pour «diffamation» contre son fils aîné Anthony. Par la voix de son avocat, il se dit «scandalisé et blessé» par les propos de son fils qui, selon lui, «nuisent à son image et à sa réputation». De son côté, la cadette Anouchka Delon, ciblée également par les attaques d’Anthony, contre-attaque en portant à son tour plainte contre son grand frère pour «diffamation», «dénonciation calomnieuse» et «harcèlement». Très proche de son père, elle se dit «attristée par ces propos mensongers et insultants», et regrette ce «déballage médiatique». Enfin, le benjamin Alain-Fabien enfonce le clou en publiant sur son compte Instagram un enregistrement audio d’une conversation privée où l’on entend Anouchka parler à leur père. Un coup bas qui achève de fracturer le clan Delon…
Portraits des trois enfants Delon
Derrière ces accusations et cette guerre fratricide, il convient de s’intéresser aux différents membres de cette fratrie fracturée.
L’aîné, Anthony Delon, 59 ans, est le seul fils de Nathalie Delon, première épouse de l’acteur. Leur relation a longtemps été extrêmement conflictuelle, Anthony ayant très mal vécu le divorce de ses parents à l’âge de 4 ans. Lui-même acteur, mais avec une carrière moins prestigieuse que celle de son père, il a cherché par le passé à se rapprocher de lui.
La cadette Anouchka Delon, 31 ans, est considérée comme «la préférée» de son père. Comédienne également, elle travaille régulièrement avec Alain Delon et s’est érigée comme la gardienne du clan. Très présente auprès de son père diminué, elle gère une partie de ses affaires.
Enfin, Alain-Fabien Delon, 28 ans et benjamin de la fratrie, a, lui aussi, une relation troublée avec son père, faite de hauts et de bas. Acteur peu prolixe, mannequin et influenceur, il s’est installé récemment tout près de la propriété paternelle pour se rapprocher de lui.
Derrière les divergences actuelles, on devine des liens familiaux complexes, marqués par un père peu démonstratif. L’héritage paternel pèse lourd pour la nouvelle génération Delon…
Le rôle trouble de la compagne Hiromi Rollin
Un autre personnage trouble vient compliquer un peu plus cette saga familiale: Hiromi Rollin, la compagne japonaise d’Alain Delon. Âgée de 49 ans, et de 36 ans la cadette de l’acteur, cette artiste peintre partage la vie d’Alain Delon depuis plusieurs années. Installée au domicile de l’acteur, elle s’est trouvée expulsée en juillet 2022 à l’initiative des enfants Delon, qui lui reprochent d’avoir abusé de la faiblesse de leur père pour profiter de sa notoriété et de sa fortune personnelle.
De son côté, Hiromi Rollin clame haut et fort qu’elle entretient une véritable histoire d’amour avec Alain Delon depuis le début des années 1990. Elle accuse les enfants Delon de vouloir les séparer par pur intérêt financier.
Cette relation trouble et contestée ajoute un peu plus à la confusion ambiante et aux règlements de compte au sein du clan Delon. La justice a finalement classé sans suite les plaintes déposées de part et d’autre.
Enjeux psychologiques et financiers
Au-delà des relations complexes entre les membres de la fratrie Delon, cette affaire met en lumière les enjeux psychologiques et financiers qui sous-tendent le conflit.
Sur le plan affectif d’abord, l’ombre d’un père peu démonstratif plane sur ses enfants en quête de reconnaissance. Ses nombreuses liaisons passées ont marqué ses enfants, en particulier Anthony, le seul dont la mère n'est plus en vie aujourd’hui.
L’affaiblissement de l’acteur avec l’âge soulève également la question délicate de sa fin de vie et de l’accompagnement nécessaire. Ses enfants se déchirent sur la prise en charge alors qu’il aurait notamment besoin d’apaisement.
Enfin, en filigrane de ce psychodrame, se dessine la question de l’héritage financier du monstre sacré, dont la fortune est estimée à 300 millions d’euros. Certes, Alain Delon a affirmé avoir réglé sa succession pour éviter tout conflit. Sa fille Anouchka serait son héritière principale, tandis que ses fils Anthony et Alain-Fabien ne toucheraient que la part de réserve légale de 25% chacun.
Cependant, la perspective du décès de l’acteur réactive les tensions. Anouchka, qui réside en Suisse, souhaiterait que son père s’y fasse soigner, échappant ainsi à l’impôt de succession français. Cependant, ses frères semblent sincèrement attachés à ce que leur père reste dans le confort de sa demeure de Douchy, où il a plusieurs fois déclaré vouloir y être enterré avec ses chiens, même s’ils devront s’acquitter de taxes successorales en France.
Difficile de faire la part des choses entre intérêt financier et véritable souci envers le patriarche dans les agissements de ses enfants…
Ce déballage familial prend une résonance particulière au regard de la récente affaire de succession houleuse autour de Johnny Hallyday. À l’époque, Alain Delon avait exprimé publiquement son souhait que ses propres enfants ne vivent jamais pareil drame. Mais, de son vivant, l’acteur du Guépard assiste – impuissant? lucide? – aux querelles de sa progéniture étalées sur la place publique.
On est loin de l’élégance et de la retenue d’un David Hallyday, pourtant injustement déshérité, mais qui, face aux médias, a toujours fait preuve de noblesse et de hauteur de vue. Il avait eu cette phrase magnifique : "Un héritage n'est pas une affaire d'argent, il s'agit de la trace que nous laissons dans la vie de nos parents. Priver un enfant d'un héritage, c'est lui ôter sa place au sein de la famille." La sagesse et la classe incarnées face à l’indécence du clan Delon! L’icône du cinéma français ne méritait certainement par un tel crépuscule, entaché par les mesquineries de sa descendance.
Cette triste affaire Delon révèle, en creux, toutes les dérives d’une société du spectacle avide de drames glauques, prête à sacrifier la dignité des êtres sur l’autel de l’audience. On espère encore qu’un sursaut de lucidité et de décence saisira la famille Delon.
Laissons s’éteindre en paix le monstre sacré, icône éternelle du cinéma français, loin de la vindicte de ses proches. L’inoubliable Tancredi Falconeri du Guépard mérite de sombrer dans la nuit entouré du respect et de l’admiration que lui voue son public.
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