Menaces de partisans du Hezbollah contre Charles Jabbour
Le responsable de la communication des Forces libanaises, Charles Jabbour, fait l’objet d’une campagne de diabolisation sur les réseaux sociaux, menée à la suite des propos qu’il a tenus lors d’une intervention télévisée, critiquant vivement la doctrine politique du Hezbollah. M. Jabbour estime que cette campagne qui le vise "s’inscrit dans le cadre du terrorisme intellectuel et politique qu’exerce" le parti chiite.

Depuis samedi, Charles Jabbour, responsable de la communication des Forces libanaises, fait l’objet d’une violente campagne de diabolisation sur les réseaux sociaux pro-Hezbollah. Une campagne accompagnée de menaces proférées à son encontre.

Ces attaques sont causées par une déclaration faite plus tôt en journée lors d'une intervention sur la chaîne télévisée al-Jadeed au cours de laquelle il s’en est pris au Hezbollah, l’accusant d’être à l’origine des crises qui frappent le Liban. Il a qualifié dans ce cadre la doctrine du parti pro-iranien de "crétinerie qui remonte à l’âge de pierre" tout en affirmant que le parti de Dieu "était contre le Liban".



"Le Hezbollah a besoin d’avoir un ennemi", a déclaré à Ici Beyrouth, Charles Jabbour, réagissant à la campagne qui le vise. "Cette campagne médiatique à mon encontre s’inscrit dans le cadre du terrorisme intellectuel et politique qu’exerce le Hezbollah puisqu’il a besoin d’un ennemi à l’intérieur des frontières, faute d’une lutte contre Israël, ajoute-t-il. D’ailleurs, sa base populaire ne croit même plus à cette lutte. Comme le Hezbollah a besoin de la mobiliser, il a provoqué les incidents de Aïn el-Remmaneh pour se faire un ennemi : les Forces libanaises. Ainsi, ses partisans oublient qu’ils ont faim et qu'ils souffrent de crises."

Depuis samedi, et bien qu’il ait clarifié ses propos en affirmant qu’ils ne visaient nullement l’islam, le journaliste est la cible d’attaques sur les réseaux sociaux ainsi que de menaces. Un communiqué attribué aux "tribus de Baalbeck" et qui circule largement sur les réseaux sociaux a appelé à "liquider Jabbour s’il n’est pas arrêté dans les 48 heures (lundi, ndlr) pour avoir offensé les chiites".

"Pour éviter que mes propos ne soient mal interprétés, la doctrine de crétinerie que j’ai évoquée n’a aucune dimension religieuse, a écrit M. Jabbour sur Twitter. Je respecte toutes les religions. Comme je me suis mal exprimé, je remplace l’expression doctrine de crétinerie par la doctrine politique arriérée du Hezbollah avec laquelle je suis en parfait désaccord, du fait qu’elle fait fi des frontières, de la Constitution, de la vie, ou de tout être humain qui veut vivre en paix."



De son côté, le mufti jaafarite chiite, Ahmad Kabalan, proche du parti pro-iranien, a défendu "la doctrine de crétinerie qui a libéré le Liban et qui défend le vivre-ensemble", accusant indirectement M. Jabbour, et à travers lui les FL, "d’être des criminels et des séparatistes".

Les réseaux sociaux se sont rapidement emparés de cette affaire. Les hashtags "Charles Jabbour" et "notre doctrine c’est l’Islam pas la crétinerie" caracolaient en tête sur Twitter dimanche dans l’après-midi.

Des messages de solidarité
En réponse à cette campagne, plusieurs personnalités, organisations et internautes ont exprimé leur solidarité avec Charles Jabbour, condamnant les attaques qui seraient orchestrées par des sympathisants du Hezbollah.

L’association "Journalistes pour la liberté" et le "Front souverainiste" ont ainsi condamné les menaces proférées à l’encontre du responsable FL, de même qu’à l’encontre de différentes personnalités politiques et journalistiques, au nombre desquelles Farès Souhaid ou Antoine Saad.

"Nous condamnons le communiqué publié au nom des tribus de Baalbeck et les menaces qui y figurent contre le journaliste Charles Jabbour, à cause d’une position prise lors d’une interview télévisée, d’autant qu’il l’a par la suite tirée au clair et s’en est excusé", peut-on lire dans le communiqué publié par l'association "Journalistes pour la liberté" qui a alerté les autorités en leur demandant d’assumer leurs responsabilités. Mettant en garde contre toute atteinte au responsable FL, "Journalistes pour la liberté" a estimé que les objections aux propos qu’il a tenus "doivent se faire devant la justice, et non à travers des menaces et des intimidations".



De son côté, le Front souverainiste a estimé que la campagne qui vise Charles Jabbour, l’un de ses membres, "masque un règlement de comptes". Dans un communiqué, il a mis en garde contre toute atteinte envers lui, estimant que la campagne qui le vise s’inscrit dans le cadre "d’une logique d’effusion de sang, laquelle est rejetée et totalement répulsive".



Répondant au communiqué attribué aux tribus de Baalbeck, Farès Souhaid, ancien député, a affirmé sur son compte Twitter que "les hommes des tribus sont nobles et ne profèrent pas de menaces". Il a en outre déclaré que "le Hezbollah assumera la responsabilité d’un quelconque malheur dont serait victime Charles Jabbour". "Dans le cas contraire, que le Hezbollah fasse taire ceux qui menacent", a-t-il conclu.



Enfin, Antoine Saad, journaliste, a estimé que "la campagne insensée" menée contre Charles Jabbour, la "déformation de ses propos" et "l’attribution d’une position aux tribus de Baalbeck" sont des signes de "faillite" et de "peur" à la veille des prochaines batailles électorales. "On dit qu’en amour comme à la guerre, tout est permis. Mais au Liban, impliquer la religion est un crime", a-t-il écrit sur Twitter.

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