Séance plénière au Parlement: 9 points sur 17 approuvés, quorum rompu et débats enflammés
Le Parlement se réunit, lundi matin, dans le cadre d'une séance plénière dédiée à l'étude de 17 points à l'ordre du jour. ©Al-Markazia

La réunion parlementaire qui s’est ouverte lundi à 11 heures a été levée avant que la totalité des 17 points à l’ordre du jour ne soient étudiés.

Plusieurs députés se sont retirés, pour contester le refus de la présidence d’inscrire la question du vote des expatriés aux législatives de mai 2026 à l’ordre du jour, provoquant ainsi un défaut de quorum.

Le président du Parlement, Nabih Berry, a fixé à mardi, à 11 heures, la date de la prochaine séance destinée à poursuivre les débats.

Lundi matin, seuls 9 points sur 17 ont été approuvés, dans le cadre d’une séance houleuse qui a rapidement donné lieu à un bras de fer politique.

Affrontements verbaux, bataille autour du droit de vote des expatriés et polémiques liées à l’affaire de l’illumination par le Hezbollah, jeudi, de la Grotte aux pigeons, à Raouché, ont dominé les échanges.

Le vote des expatriés en première ligne

Dès les premières interventions, la question du vote de la diaspora a dominé les débats. Samy Gemayel, chef du parti Kataëb, a prévenu: «Nous sommes à quelques semaines de la clôture des délais fixés pour les inscriptions et les Libanais de l’étranger ignorent toujours sur quelle base ils vont voter.»

En signe de protestation, le député Georges Adwan (FL) a annoncé la suspension de la participation de son bloc aux travaux de la sous-commission électorale chargée d’examiner des propositions de loi électorales. Pierre Bou Assi, également député FL, a dénoncé «un crime démocratique» chaque fois qu’une «loi impossible à appliquer» menace les élections. De son côté, le député Ghassan Hasbani (FL) a fustigé «l’inacceptable marginalisation» de la voix des expatriés et accusé le Hezbollah de redouter la compétition.

Se prononçant sur la question au nom du Parti socialiste progressiste (PSP), le député Hadi Abou el-Hosn a plaidé en faveur de la suppression de l’article 112, afin que les expatriés puissent voter pour l’ensemble des 128 députés, tout en maintenant la loi actuelle «pour ne pas perturber les élections».

Il convient de rappeler que, malgré son caractère de double urgence, une proposition de loi sur le vote des expatriés n’a pas été ajoutée à l’ordre du jour. Celle-ci vise à garantir aux Libanais de la diaspora le droit de voter pour l’ensemble des 128 députés, conformément à la volonté de nombreux partis, notamment les FL, les Kataëb et le Parti socialiste progressiste (PSP).

Le climat s’est envenimé lorsque le parlementaire Ali Hassan Khalil (Amal) a accusé les Forces libanaises de «vouloir saboter les élections». Les députés FL ont répliqué par des applaudissements ironiques, déclenchant une passe d’armes ponctuée de cris: «Respectez-vous vous-même», ont-ils lancé, tandis que M. Khalil dénonçait «l’effondrement de la moralité».

Face au tumulte, M. Berry a menacé d’ajourner la séance si «le chaos dû à la demande d’inclure la loi électorale» ne cessait pas. Il a finalement mis fin aux discussions sur ce sujet et repris les travaux conformément à l’ordre du jour initial.

Entre-temps, le ministre de l’Intérieur, Ahmad Hajjar, devait confirmer que son ministère organiserait les élections législatives comme prévu en mai 2026, dans le respect de la loi. Il a, en outre, rappelé que la première date limite d’inscription des expatriés est fixée au 20 novembre.

L’affaire du rocher de Raouché

Avant la séance, certains médias avaient rapporté que le Premier ministre, Nawaf Salam, envisageait de boycotter les débats, alors que l’affaire de Raouché allait être évoquée.

La polémique, rappelle-t-on, avait pris de l’ampleur après que les portraits de l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et de Hachem Safieddine ont été projetés sur le rocher (en commémoration de leur assassinat, un an plus tôt), malgré une interdiction formelle du mohafez de Beyrouth, Marwan Abboud, et du Premier ministre, Nawaf Salam.

En réponse à cette violation flagrante, le Premier ministre avait demandé aux ministres de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice de «poursuivre les responsables». Aujourd’hui une enquête est en cours. À ce sujet, le ministre de l’Intérieur a précisé que l’autorisation initiale prévoyait un petit rassemblement sans illumination du rocher, mais que la foule présente a rendu l’intervention des forces de sécurité impossible. Il a, dans le même ordre d’idées, souligné que l’affaire est désormais confiée aux Forces de sécurité intérieure.

Il faut dire que dès l’ouverture de la séance, le député Firas Hamdan a dénoncé «l’inadmissible» campagne menée contre le Premier ministre, Nawaf Salam, accusé de «collaboration avec l’ennemi» et de «sionisme» par les partisans du Hezb. «Si cette faction n’aime pas le Premier ministre, qu’elle quitte le gouvernement. Cette rhétorique divise le pays», a-t-il lancé.

À ces propos, le président du Parlement s’est empressé de répliquer, défendant M. Salam à son tour: «C’est le Premier ministre de tout le Liban. Le gouvernement n’appartient pas à un ou deux partis.»

Décisions adoptées malgré tout

Malgré le climat électrique qui a marqué la séance, plusieurs textes de loi ont été approuvés. Il s’agit notamment du projet de décret numéro 9109, autorisant le gouvernement à signer un accord avec l’Organisation arabe pour le développement agricole, mais aussi des amendements au Code de la monnaie et du crédit autorisant la Banque du Liban à imprimer de nouveaux billets de 500.000, 1 million et 5 millions de livres libanaises.

Le décret n°936 débloquant 2,35 milliards de livres supplémentaires au budget 2025 pour les retraites et prévoyant le versement de 12 millions aux retraités du secteur public a été approuvé. De même pour le décret n° 602 visant à amender la loi n°42 de 2017 encadrant les partenariats public-privé.

Rencontre Aoun-Berry

Au terme de la réunion, M. Berry s’est rendu auprès du président Joseph Aoun, pour un entretien qui a duré près d’une demi-heure au terme duquel le chef du législatif a affirmé avoir abordé des sujets d’actualité avec son hôte. “Il m’a informé des résultats des rencontres qu’il a eues à New York. Nous l’avons également mis au courant de ce qui s’est passé à Beyrouth il y a quelques jours”, a-t-il ajouté, en allusion à l’affaire de Raouché.

 

 

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