Le dernier jour de j’enviais?
Si le calendrier affirme que le 31 est le dernier jour de janvier, phonétiquement, ceci est archifaux. Parce que non, le dernier jour de «j’enviais ma vie d’avant» semble s’étirer à l’infini. Je crois même qu’il demeurera aussi actuel que vivace jusqu’à la fin de mes jours.

Je ne sais pas si un article pourrait contenir «la liste de mes envies». Je devrais peut-être, à l’instar de Grégoire Delacourt, les consigner dans un ouvrage, voire une encyclopédie. Et si je choisis d’utiliser l’imparfait, c’est pour ne pas froisser ma vie plus que parfaite dans un passé antérieur. Une de mes vies, nous sommes bien d’accord, puisque je suis certaine de m’être réincarnée plusieurs fois déjà en choses mais aussi en êtres vivants aussi divers qu’improbables, allant du papillon jusqu’à la tortue qui porte sa maison sur son dos, la carapace en moins, l’hyper vulnérabilité en trop.

Nous disions donc, j’enviais…

J’enviais ma vie de globe-trotteur qui me permettait de respirer les beautés des villes que je visitais, de m’imprégner de leurs trésors – artistiques, culinaires, linguistiques…

J’enviais l’envie de m’apprêter pour sortir; d’ouvrir mes armoires et de me demander, parmi l’énorme choix qui s’offrait à moi (et qui se trouve encore là!), quelle tenue serait de mise.

J’enviais la patience que j’avais de changer de sac à main, donnant à chacun d’entre eux une chance de sortir de son dust bag le temps d’une journée ou d’une soirée.

J’enviais ma faculté à préparer une valise prête-à-partir en quelques courtes heures, sans que rien ne me manque.


J’enviais la légèreté et l’insouciance des moments de vacances mais aussi ceux du quotidien, où faire l’économie sur mon style de vie que je prenais pour acquis est devenu non plus basique, mais tellement superflu qu’il faut désormais faire un tri – aussi serré que le budget.

J’enviais mes coups de cœur pour des bijoux, des montres, des manteaux que j’achetais sans réfléchir comme une baguette de pain, et qui ne me disent absolument plus rien aujourd’hui.

J’enviais ma vie de bohème; celle qui m’avait appris à ne pas faire d’économies (à raison), parce que le jour où je m’étais enfin décidée à le faire et que la banque a mis le grappin dessus, j’ai voulu me montrer plus forte que ladite banque et j’ai acheté un trou à rat à Chypre payable par chèque au Liban. J’avais pensé libérer mon argent et investir pour la première fois de ma vie. Erreur fatale. Je n’avais fait qu’enrichir les poches d’un couple de vauriens qui ont volé cet argent (et celui d’autres victimes) sans états d’âme. Une sorte d’arnaque à la Bonnie and Clyde, la classe en moins.

J’enviais aussi le mois de juin, synonyme d’Italie avec les copines et le mois d’août synonyme de vacances avec «mon mec à moi» (qui ne me parle plus de voitures soit dit en passant, Patricia Kaas vous le confirmera).

J’enviais tous les mois de l’année qui apportaient chacun quelque chose. Cet indéfinissable quelque chose qui jalonne le chemin d’une vie.

J’enviais surtout le fait d’avoir envie, parce que cela fait bien plus de deux ans que je n’ai plus envie que d’une seule chose, composée, comme la chanson de Carla Bruni, de consonnes et de voyelles lesquelles, converties en USD, donnent exactement deux consonnes et deux voyelles: RIEN.
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