Conseil des ministres: du social et toujours pas d’électricité
Le conseil des ministres s’est réuni lundi au Grand Sérail pour poursuivre l'étude de l’avant-projet de budget pour 2022. Les membres du gouvernement ont approuvé diverses aides sociales et ont ajourné à la prochaine réunion, prévue pour mercredi, la discussion sur l’avance de 5 000 milliards de livres libanaises à EDL, demandant davantage d’explications au ministre de l’Énergie. De même, le dollar douanier a été discuté, mais n’a pas été décidé sur ce plan.

Pour en revenir aux aides sociales, la contribution de l'État couvrira les institutions qui s'occupent des personnes âgées, des toxicomanes, des personnes à besoins spécifiques et des femmes maltraitées. Cette contribution sera de l’ordre de 400 milliards de livres libanaises. Le Conseil des ministres a également approuvé une contribution sociale au secteur public à hauteur de 75 % de la base salariale, comprise entre deux millions et quatre millions de livres. Pour les retraités, une augmentation de 75 pour cent a été avalisée. L'aide sociale inclura tous ceux qui travaillent au sein de l'administration publique, de la sécurité sociale, du secteur de l'éducation et des hôpitaux.

« D’un suicide à l’autre »

La question demeure comment vont-ils financer toutes ces aides alors que le Liban ne peut plus compter sur des aides étrangères suite au défaut de paiements de mars 2020. Pour Fouad Zmokhol, doyen de la faculté de Gestion et de Management à l’Université Saint-Joseph, il est clair que ce que l’on craignait est en train de se produire. Il existe une sorte d’accord politique pour avaliser le budget, approuver des augmentations afin de calmer la grogne des fonctionnaires du secteur public et essayer de les réintégrer dans leurs emplois. Il estime dans ce cadre que le problème n’est pas là, il est structurel. « Notre gros problème est qu’on ne peut pas recommencer à dynamiser l’économie si on ne rétablit pas la confiance et on ne la rétablit pas en fermant des petits trous au compte-gouttes. Il est clair qu’il y a une grande pression de la communauté internationale et du FMI qui demandent des réformes. Mais le gros des réformes ne se situe pas dans la taxation mais dans l’augmentation des paiements surtout quand on sait que moins de 50 % de la population paient les taxes. Nous savons que nous avons un gros problème de corruption qui va augmenter avec un pouvoir d’achat qui s’écroule ».

Selon M. Zmokhol, ce budget ne donne pas une vraie vision d’une reprise de l’économie, de la croissance et des investissements. Il ne bouche que certains petits trous, mais ne crée ni une confiance, ni des investissements. « Finalement pour payer toutes ces dépenses, il est clair que des livres libanaises vont être imprimées, une injection de livres va se produire, donc ils vont tuer un peu plus la monnaie nationale. Nous sommes en train d’aller d’un crime à l’autre ou d’un suicide à l’autre », déplore-t-il.


Concernant le dollar douanier, la chaîne Al-Jadeed a rapporté que le plafond du dollar douanier sera de 20 000 LL, et qu’une liste de produits qui devraient être exclus de la nouvelle tarification sera présentée mercredi. Pourtant, le ministre des Finances Youssef Al-Khalil avait affirmé à la Voix du Liban, avant la séance, qu’aucune décision concernant la fixation du dollar douanier n’a été prise.

Toujours rien sur l’électricité

La question du financement de l'EDL a suscité un vif débat, samedi, au cours de la séance du gouvernement.  Le ministre de l'Information par intérim et de l'Éducation, Abbas Halabi, avait indiqué, à l'issue de la réunion, que la question de l'électricité est sensible et que les discussions « ont été suspendues ». Les membres du gouvernement ont demandé au ministre de l'Énergie, Walid Fayad, des explications concernant l’avance de 5000 milliards de livres libanaises à EDL qui devraient servir pour acheter du fuel pour faire fonctionner les centrales électriques. Cette question a été soulevée à nouveau lundi. Les ministres ont demandé des justificatifs, ce qui a ajourné le débat à mercredi.

Par ailleurs, le bureau politique du mouvement Amal s'est opposé lundi au versement par l'État d'une quelconque avance à l'EDL, évoquant un échec constant au niveau du secteur de l’électricité du fait qu’aucune réforme n’y a été appliquée.
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