Près de 70% des femmes journalistes ont Liban ont été victimes de harcèlement sexuel, et 96% des journalistes ont affirmé que certaines de leurs collègues l’ont été. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport de la Fondation Samir Kassir sur les défis professionnels et personnels que rencontrent les femmes journalistes au Liban.
Intitulé Un préjudice psychosocial et une carrière entravée: les combats des femmes journalistes au Liban, le rapport, rendu public vendredi, «met l’accent sur les droits des femmes journalistes, sur le plan des salaires, des promotions, des vacances ainsi que sur les cas de mauvaise conduite auxquels elles sont confrontées sur le terrain». Le rapport a été rédigé par Nadine Moubarak, chercheuse à la Fondation Samir Kassir, et publié avec le soutien du ministère hollandais des Affaires étrangères.
Dans le cadre de cette étude, la Fondation Samir Kassir a effectué, en janvier 2024, des entretiens avec 70 femmes journalistes qui travaillent au Liban ou qui couvrent les événements du Liban.
Près de 37% d’entre elles sont employées dans un média, 24,3% sont pigistes et 38,6% sont à la fois employées dans un média et pigistes. 93% des journalistes rencontrées sont libanaises et 67,1% d’entre elles âgées entre 26 et 40 ans. Sur les 70 femmes interrogées, 27 ont à leur actif une carrière de plus de 12 ans et 35 autres ont une expérience allant de 3 à 12 ans. La majorité d’entre elles (38,6%) travaillent pour un média traditionnel (52% pour une chaîne de télévision et 48% pour un quotidien) et 17,1% pour un média en ligne.
Ces femmes journalistes couvrent des sujets à caractère essentiellement social (58), politique (52), légal (44), économique (36), culturel (30), de divertissement (17) et environnemental (11).
Disparités salariales
Les disparités salariales figurent au nombre des défis majeurs que rencontrent les femmes qui ont fait l’objet de l’étude. Ainsi, 58% d’entre elles confient avoir des revenus instables. Selon le rapport, 23% des femmes journalistes ont un salaire fixe oscillant entre 800 et 1.500 dollars, et 23% des revenus mensuels inférieurs à 800 dollars. Seules 5 femmes journalistes ont déclaré toucher plus de 3.000 dollars par mois. Celles-ci «soit travaillent pour un média étranger, soit sont fondatrices d’une institution médiatique», lit-on dans le rapport.
L’une des interviewées raconte que lors d’un entretien de travail, elle avait demandé un salaire plus élevé que celui qu’on lui proposait. Le PDG du média lui a alors répondu qu’«il se réjouissait qu’elle l’ait fait, parce qu’on n’accorde pas un bon salaire aux femmes, à moins qu’elles ne le réclament». Déçue, elle confie avoir rejeté l’offre.
Cet incident n’est pas isolé, selon le rapport, les femmes affirmant que «leurs droits ne sont reconnus et satisfaits que si elles militent pour cela». Selon d’autres interviewées, «les employeurs continuent d’estimer que les femmes ont moins de besoins financiers que les hommes».
Toujours d’après le rapport, 64% des femmes qui ont fait l’objet de l’étude n’ont pas eu d’augmentation de salaire durant les cinq dernières années.
Les femmes ont, par ailleurs, pointé du doigt la discrimination dont elles font l’objet lorsqu’il s’agit de promotion ou de la couverture de sujets ardus (économique, politique…), la priorité étant accordée aux hommes. Plus encore, le port du voile «constitue une barrière aux promotions», selon l’une des interviewées.
Mauvaises conduites
Par ailleurs, 73% des femmes ont dénoncé les obstacles auxquels elles font face pour occuper des postes de direction, principalement dans les médias traditionnels. Celles qui occupent un poste clé ont souvent un lien «avec le propriétaire ou le fondateur du média, lequel est souvent un homme (leur époux, père, frère ou petit ami)».
Sur le plan personnel, 90% des femmes ont confié avoir été victimes d’une mauvaise conduite. 70% ont affirmé avoir subi un harcèlement sexuel, alors que 59% ont dit avoir été victimes de violence verbale, 49% de discours haineux, 43% de menaces, 30% de violence physique et 19% de harcèlement en ligne et de cyberintimidation.
«Bien que 37% des interviewées n’aient pas signalé avoir été victimes de harcèlement sexuel, 96% des femmes rencontrées dans le cadre de cette étude ont affirmé que certaines de leurs collègues femmes l’ont été», lit-on dans le rapport. Cela s’explique par «la peur et la honte que ces femmes ressentent, ce qui les incite généralement à se taire».
Dans 36% des cas, le harceleur était le directeur ou le propriétaire du média, dans 26% des cas un collègue et dans 30% des cas, il s’agissait de l’invité d’un programme ou d’un homme présent sur les lieux d’un reportage. La majorité des journalistes femmes (98%) ont affirmé que les cas de harcèlement sexuel étaient récurrents.
D’après le document, 37% des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel lors de la diffusion en direct d’un programme. Dans 55% des cas, l’institution médiatique au sein de laquelle ces femmes travaillent n’a pas réagi. Plus encore, certains responsables du média ont estimé que de tels incidents permettent «d’avoir une plus grande audience». D’autres ont préféré taire l’affaire parce que le harceleur «était un homme politique avec qui le média a des affinités politiques». «Lorsqu’une de mes collègues s’en est plainte au département des ressources humaines, elle a rencontré des obstacles au travail pendant six ans», confie l’une des interviewées.
Dans ce contexte, 73% des femmes journalistes ont noté qu’elles travaillent dans des médias qui n’ont pas mis en place un programme pour prévenir le harcèlement sexuel.
Enfin, 63% des femmes ont indiqué avoir dû couvrir des événements dans des endroits dangereux. Seules 32% d’entre elles ont déclaré qu'elles avaient été alors remplacées par des hommes.
En conclusion, des recommandations ont été avancées pour améliorer les conditions des femmes journalistes. Celles-ci ont été formulées par les interviewées et englobent des mesures au niveau de l’institution, de l’éducation et des ONG.
Intitulé Un préjudice psychosocial et une carrière entravée: les combats des femmes journalistes au Liban, le rapport, rendu public vendredi, «met l’accent sur les droits des femmes journalistes, sur le plan des salaires, des promotions, des vacances ainsi que sur les cas de mauvaise conduite auxquels elles sont confrontées sur le terrain». Le rapport a été rédigé par Nadine Moubarak, chercheuse à la Fondation Samir Kassir, et publié avec le soutien du ministère hollandais des Affaires étrangères.
Dans le cadre de cette étude, la Fondation Samir Kassir a effectué, en janvier 2024, des entretiens avec 70 femmes journalistes qui travaillent au Liban ou qui couvrent les événements du Liban.
Près de 37% d’entre elles sont employées dans un média, 24,3% sont pigistes et 38,6% sont à la fois employées dans un média et pigistes. 93% des journalistes rencontrées sont libanaises et 67,1% d’entre elles âgées entre 26 et 40 ans. Sur les 70 femmes interrogées, 27 ont à leur actif une carrière de plus de 12 ans et 35 autres ont une expérience allant de 3 à 12 ans. La majorité d’entre elles (38,6%) travaillent pour un média traditionnel (52% pour une chaîne de télévision et 48% pour un quotidien) et 17,1% pour un média en ligne.
Ces femmes journalistes couvrent des sujets à caractère essentiellement social (58), politique (52), légal (44), économique (36), culturel (30), de divertissement (17) et environnemental (11).
Disparités salariales
Les disparités salariales figurent au nombre des défis majeurs que rencontrent les femmes qui ont fait l’objet de l’étude. Ainsi, 58% d’entre elles confient avoir des revenus instables. Selon le rapport, 23% des femmes journalistes ont un salaire fixe oscillant entre 800 et 1.500 dollars, et 23% des revenus mensuels inférieurs à 800 dollars. Seules 5 femmes journalistes ont déclaré toucher plus de 3.000 dollars par mois. Celles-ci «soit travaillent pour un média étranger, soit sont fondatrices d’une institution médiatique», lit-on dans le rapport.
L’une des interviewées raconte que lors d’un entretien de travail, elle avait demandé un salaire plus élevé que celui qu’on lui proposait. Le PDG du média lui a alors répondu qu’«il se réjouissait qu’elle l’ait fait, parce qu’on n’accorde pas un bon salaire aux femmes, à moins qu’elles ne le réclament». Déçue, elle confie avoir rejeté l’offre.
Cet incident n’est pas isolé, selon le rapport, les femmes affirmant que «leurs droits ne sont reconnus et satisfaits que si elles militent pour cela». Selon d’autres interviewées, «les employeurs continuent d’estimer que les femmes ont moins de besoins financiers que les hommes».
Toujours d’après le rapport, 64% des femmes qui ont fait l’objet de l’étude n’ont pas eu d’augmentation de salaire durant les cinq dernières années.
Les femmes ont, par ailleurs, pointé du doigt la discrimination dont elles font l’objet lorsqu’il s’agit de promotion ou de la couverture de sujets ardus (économique, politique…), la priorité étant accordée aux hommes. Plus encore, le port du voile «constitue une barrière aux promotions», selon l’une des interviewées.
Mauvaises conduites
Par ailleurs, 73% des femmes ont dénoncé les obstacles auxquels elles font face pour occuper des postes de direction, principalement dans les médias traditionnels. Celles qui occupent un poste clé ont souvent un lien «avec le propriétaire ou le fondateur du média, lequel est souvent un homme (leur époux, père, frère ou petit ami)».
Sur le plan personnel, 90% des femmes ont confié avoir été victimes d’une mauvaise conduite. 70% ont affirmé avoir subi un harcèlement sexuel, alors que 59% ont dit avoir été victimes de violence verbale, 49% de discours haineux, 43% de menaces, 30% de violence physique et 19% de harcèlement en ligne et de cyberintimidation.
«Bien que 37% des interviewées n’aient pas signalé avoir été victimes de harcèlement sexuel, 96% des femmes rencontrées dans le cadre de cette étude ont affirmé que certaines de leurs collègues femmes l’ont été», lit-on dans le rapport. Cela s’explique par «la peur et la honte que ces femmes ressentent, ce qui les incite généralement à se taire».
Dans 36% des cas, le harceleur était le directeur ou le propriétaire du média, dans 26% des cas un collègue et dans 30% des cas, il s’agissait de l’invité d’un programme ou d’un homme présent sur les lieux d’un reportage. La majorité des journalistes femmes (98%) ont affirmé que les cas de harcèlement sexuel étaient récurrents.
D’après le document, 37% des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel lors de la diffusion en direct d’un programme. Dans 55% des cas, l’institution médiatique au sein de laquelle ces femmes travaillent n’a pas réagi. Plus encore, certains responsables du média ont estimé que de tels incidents permettent «d’avoir une plus grande audience». D’autres ont préféré taire l’affaire parce que le harceleur «était un homme politique avec qui le média a des affinités politiques». «Lorsqu’une de mes collègues s’en est plainte au département des ressources humaines, elle a rencontré des obstacles au travail pendant six ans», confie l’une des interviewées.
Dans ce contexte, 73% des femmes journalistes ont noté qu’elles travaillent dans des médias qui n’ont pas mis en place un programme pour prévenir le harcèlement sexuel.
Enfin, 63% des femmes ont indiqué avoir dû couvrir des événements dans des endroits dangereux. Seules 32% d’entre elles ont déclaré qu'elles avaient été alors remplacées par des hommes.
En conclusion, des recommandations ont été avancées pour améliorer les conditions des femmes journalistes. Celles-ci ont été formulées par les interviewées et englobent des mesures au niveau de l’institution, de l’éducation et des ONG.
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