Bassil critique le Hezb, jusqu’à une certaine limite
Au cours d’une interview accordée jeudi soir à la LBCI, le chef du CPL, Gebran Bassil, a essayé de ménager la chèvre et le chou. Il a critiqué l’engagement militaire du Hezbollah au Liban-Sud pour soutenir le Hamas dans sa guerre avec Israël, «alors qu’il n’appartient pas au Liban de libérer la Palestine», tout en soulignant le «caractère sacré de la mission du Hezb face à Israël, s’il s’agit de libérer les fermes de Chebaa».

Reprenant un discours qu’il répète depuis que ses relations se sont détériorées avec la formation pro-iranienne à cause du dossier de la présidentielle, Gebran Bassil a égrené, en des termes parfois très durs, ses reproches à l’encontre de la formation pro-iranienne, tout en plaidant en faveur d’un «partenariat authentique» au Liban.

Il a accusé en substance la formation de Hassan Nasrallah d’avoir porté atteinte à ce principe en cherchant à imposer son candidat (Sleiman Frangié) à la présidence de la République, en entraînant le Liban dans une confrontation risquée avec Israël et en «cautionnant les violations constitutionnelles du gouvernement qui usurpe les prérogatives présidentielles».

Le chef du CPL a même été jusqu’à comparer la période actuelle au Liban à l’époque où le pays était sous tutelle syrienne, et à relever que c’est le Hezb qui assume aujourd’hui le rôle que jouaient les Syriens au Liban, en termes de «pratiques illégales ou de politiques d’exclusion».

Gebran Bassil semble ainsi adhérer à ce qu’une majorité de Libanais pense d’un Hezbollah qui empêche le Liban, à cause de ses pratiques, de se doter d’un État digne de ce nom.


«Nous sommes contre l’embrasement à la frontière sud au nom d’une unité des fronts que brandit le Hezbollah, parce que celle-ci ne sert pas l’intérêt du Liban. Pourquoi le front syrien est-il calme? Pourquoi les factions irakiennes ont-elles suspendu leurs attaques (contre les Américains)? Nous ne voulons pas que le Liban soit une plateforme pour des attaques contre la Palestine occupée», a-t-il lancé, tout en affirmant qu'il se tiendra aux côtés du Hezb si jamais Israël attaque le Liban.

Mais son adhésion au sentiment de cette majorité ne l’empêchera pas, le moment venu, de faire de nouveau alliance avec le Hezb, contre les partis et les courants qui cherchent à soustraire le Liban à son influence. Car, le chef du CPL a encore besoin de cette formation dont il sait très bien qu’elle applique un agenda iranien, local et transfrontalier.

À aucun moment dans son interview il n’a remis en cause l’accord de Mar Mikhael, grâce auquel le Hezb a pu bénéficier d’une couverture chrétienne inopportune, ou ses relations avec le Hezbollah, quand bien même il a reconnu qu’elles ne sont pas au beau fixe.

D’ailleurs, l’interview a été menée quelques heures seulement après une visite d’une délégation du Hezb, conduite par le chef de son bloc parlementaire, Mohammad Raad, à l’ancien président et fondateur du CPL, Michel Aoun. Une visite dont l’objectif était, pour le parti de Hassan Nasrallah, de «briser la glace» avec le CPL.

 
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