Audi: Les déplacés ont droit à la dignité, mais pas au détriment des Libanais
L’archevêque de Beyrouth, Élias Audi, a estimé que les déplacés syriens au Liban ont le droit de vivre dans la dignité, «dans leur pays, et non au détriment des Libanais».

«Le salut du Liban ne saura être qu’aux mains de responsables qui feront primer l’intérêt du pays sur tout autre, faisant fi de leur égoïsme, de leurs intérêts personnels, de leurs liens, mais surtout de leurs acquis», a-t-il insisté dans son homélie dominicale.

Mgr Audi s’en est pris, dans ce contexte, aux responsables et leaders politiques qui tardent à «restructurer l’État, à commencer par la présidence de la République, pour gérer les affaires du pays et celles des citoyens». Il a ainsi dénoncé «le chaos sécuritaire, qui résulte de l’impunité, de l’absence du contrôle des frontières et du flux massif des non-Libanais (en allusion aux déplacés syriens, NDLR), dont la plupart se trouvent en situation illégale ou sont des hors-la-loi, comme le montrent les statistiques». «Ils commettent des crimes à l’encontre des Libanais comme ceux d’Achrafieh et de Jbeil», a-t-il poursuivi, en référence au crime qui a coûté la vie à un septuagénaire à Sioufi, ainsi qu’au meurtre de Pascal Sleiman, coordinateur des Forces libanaises pour la région de Jbeil, enlevé dimanche dernier et dont le corps a été retrouvé lundi, en Syrie.

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«Bien sûr, nous respectons leur humanité et leur droit à mener une vie digne, en toute sécurité, mais dans leur pays et non au détriment de la vie des Libanais et de leur dignité», a martelé Mgr Audi, invitant les responsables à «appliquer les lois et œuvrer à rapatrier les déplacés, en exerçant une pression sur les instances internationales pour les aider dans ce sens et offrir aux personnes qui rentrent dans leur pays les aides nécessaires».

Se penchant sur la visite qu’a effectuée récemment à Beyrouth le président chypriote, Nikos Christodoulides, pour discuter du flux migratoire à partir du Liban, Mgr Audi s’est demandé si les Libanais n’ont pas, eux aussi, le droit de s’inquiéter de leur sort et de celui de leur pays. «Personne ne connaît le nombre des déplacés dont la situation est illégale, qui ne paient pas les taxes, qui représentent un danger sur les plans sécuritaire, économique et démographique, a-t-il martelé. Il est du devoir des responsables d’unifier leurs positions vis-à-vis de ce dossier, de développer une stratégie claire pour y remédier et d’avoir le courage de confronter, à cet égard, la communauté internationale.»

Pour le métropolite, «les responsables doivent avoir la volonté de protéger le peuple de tout danger et d’appliquer les lois sur toute personne présente sur le sol libanais». Il a, dans ce cadre, invité l’ensemble des responsables à «prendre les choses au sérieux pour éviter le pire». «Les années passent sans que des solutions sérieuses soient prises, a stigmatisé Mgr Audi. Certains occultent ce dossier, d’autres le négligent, alors que d’autres encore ne font que parler et dénoncer, a encore insisté Mgr Audi. Il est du devoir des responsables de parler moins et de travailler plus. Le citoyen n’est pas responsable. Les gouverneurs le sont, et c’est à eux de trouver les solutions. Les citoyens, de leur côté, doivent faire preuve de vigilance et ne pas se laisser entraîner dans des affaires illégales qui mènent au conflit et aux affrontements.»

Affirmant que «l’homme doit vivre dans la dignité», Mgr Audi a noté, en conclusion, que «les déplacés sont des victimes et que toutes les parties se doivent de trouver une solution à leur situation, sachant que celle-ci ne doit pas se faire au détriment d’un autre peuple».
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