Dans une démarche persistante visant à prévenir un conflit ouvert entre Israël et le Hezbollah, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné en visite à Beyrouth, a déclaré dimanche que Paris poursuit sa "mobilisation totale" pour que le Liban sorte de la crise politique, sociale et économique.
« Elle n’a que trop duré », a déclaré M. Séjourné lors d'une conférence de presse à l'issue de sa visite au cours de laquelle il a tenu des discussions avec le président du Parlement, Nabih Berri, le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, son homologue libanais Abdallah Bou Habib, et le commandant de l'armée, le général Joseph Aoun.
Insistant sur le fait que l'attaque iranienne contre Israël dans la nuit du 13 au 14 avril, en représailles à la frappe israélienne contre le consulat iranien à Damas, constituait un tournant « inquiétant », il a déclaré : « Nous refusons le scénario du pire au sud Liban. C’est la population civile qui en paie le prix. »
« Personne n’a intérêt qu’Israël et le Hezbollah poursuivent cette escalade. J'ai porté ce message aux responsables libanais et je porterai ce même message en Israël mardi », a ajouté M. Séjourné, exhortant « tous les acteurs politiques libanais à faire leur part et à assumer leurs responsabilités » pour préserver le pays.
Le haut diplomate français a souligné que les observations du Liban sur la feuille de route proposée par Paris pour parvenir à une pleine mise en œuvre de la résolution 1701 par toutes les parties « sont pleinement prises en compte », et que les efforts de la France pour parvenir à un accord « ne faibliront pas alors que les négociations se poursuivent ».
Cependant, M. Séjourné s'est abstenu de divulguer toute modification apportée aux propositions et de préciser si elles seraient plus acceptables pour le Hezbollah, lorsqu’interrogé par Ici Beyrouth. "Nous sommes actuellement en train de discuter des propositions avec tous nos partenaires. Nous verrons l’ensemble des retours que nous obtiendrons à ce sujet", a-t-il déclaré.
Le Hezbollah a affirmé à plusieurs reprises que seul un cessez-le-feu à Gaza mettrait fin à ses attaques contre Israël. A savoir que depuis le 8 octobre, environ 385 personnes ont été tuées au Liban, dont 254 combattants du parti pro-iranien et des dizaines de civils, tandis que des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées.
Insistant sur ce qu'il qualifie de "rôle décisif de la FINUL" pour éviter le pire scenario dans le sud du Liban, Stéphane Séjourné a souligné que "toutes les parties doivent permettre à la force de maintien de la paix d’exercer pleinement sa mission."
Le ministre français des Affaires étrangères a réaffirmé le soutien continu de la France à l'armée libanaise, en soulignant que "le retour à la stabilité passe par le redéploiement des forces armées au sud Liban."
Concernant la prolongation de la vacance présidentielle, le haut diplomate français a été catégorique : "Sans président élu et sans un gouvernement de plein exercice, le Liban ne sera pas convié à la table des négociations" pour un règlement régional.
Interrogé sur la manière dont la France peut aider le Liban à alléger le fardeau de l'accueil de nombreux Syriens déplacés, M. Séjourné a déclaré : "La France a conscience que la présence des réfugiés syriens pèse sur le Liban depuis le conflit en Syrie. » Et d’ajouter : « Mais il faut que ce retour se fasse de façon volontaire, digne, sûre et conforme au droit international. À ce stade, ces conditions n'ont pas encore été remplies."
Selon une source diplomatique occidentale, les efforts diplomatiques indéfectibles de la France visent à démontrer aux belligérants que la voie diplomatique est une option possible.
"Cela reste un élément à prendre en compte par chaque camp, lorsqu'il évalue les alternatives entre la guerre et la diplomatie. Seule cette dynamique finira par retarder les intentions guerrières de toutes les parties ", a déclaré la source à Ici Beyrouth.
Le ministre français des Affaires étrangères se rendra en Israël mardi, dans le cadre de sa tournée régionale qui inclut également l'Arabie saoudite, où il participera au sommet économique mondial lundi.
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