Le spectre du chapitre VII derrière le rejet de la 1701

L’incursion d’Israël à Rafah diffère totalement de l’opération militaire qui a été menée à Gaza. Cette différence découle du fait que, derrière la mise en œuvre de cette «opération limitée», se cachent des motivations politiques visant à assurer à Israël une victoire qui lui permettrait de dicter les conditions d’un cessez-le-feu, plutôt que de suivre celles imposées par le Hamas. Cette opération se déroule dans l’attente d’un accord sur une solution politique globale, notamment à la lumière de l’appel urgent lancé par l’Égypte au Conseil de sécurité pour qu’il prenne des mesures immédiates afin de mettre fin aux hostilités dans la bande de Gaza, où le bilan humain a dépassé les 35.034 morts, principalement des femmes et des enfants.
Parallèlement à ces développements, le Hezbollah lie le sort de la proposition française, de l’initiative américaine et de l’échéance présidentielle au cessez-le-feu à Gaza. Néanmoins, une initiative franco-américaine a été lancée pour éviter une guerre ouverte au Liban-Sud après l’intensification des tensions et des affrontements.
Le Hezbollah a rejeté la proposition de retrait de la zone d’opération de la Finul vers le nord du Litani. Malgré la fermeté affichée par le Hezbollah, des sources bien informées soulignent que la solution au Liban passera par la diplomatie plutôt que par la guerre. Par ailleurs, les cercles diplomatiques européens craignent qu’Israël ne lance une attaque surprise et dévastatrice à l’intérieur du Liban, ciblant les membres de l’axe de la Moumanaa soutenu par l’Iran, notamment le Hezbollah. Pendant ce temps, ce dernier reste déterminé à maintenir le front sud en feu jusqu’à ce qu’Israël consente à un cessez-le-feu à Gaza.
En vue des répercussions de l’opération de Rafah sur la région et le Liban, Paris et Washington ont intensifié leurs échanges avec les parties libanaises, notamment le tandem chiite (Amal-Hezbollah), par le truchement du président du Parlement, Nabih Berry, qui a reçu une version révisée de la proposition française de la part de l’ambassade de France.
L’initiative prévoit la cessation des opérations militaires au Liban-Sud, en coordination avec un cessez-le-feu à Gaza dès qu’Israël y consentira.
Parallèlement, l’initiative américaine met l’accent sur la mise en œuvre de la résolution 1701 et la sécurisation des treize points litigieux le long de la Ligne bleue entre le Liban et Israël.
Selon certaines sources, la proposition française semble négliger l’élection d’un président de la République, tandis que l’initiative américaine souligne la nécessité pressante d’accélérer cette élection pour permettre au Liban de relever les défis locaux et régionaux et de s’engager dans des négociations pour un nouveau Moyen-Orient.

La réponse à la proposition française a été soumise par M. Berry à la suite de consultation avec le Premier ministre sortant Najib Mikati et le Hezbollah. La réponse a été formulée de manière ambiguë, ce qui signifie que le Liban approuve la proposition française, tout en renforçant la position du Hezbollah en tant que mouvement de «résistance».
Selon des sources proches du Hezbollah, la formation pro-iranienne n’est pas intéressée par d’éventuelles discussions ou propositions tant que l’offensive sur Gaza n’aura pas cessé. «Ce n’est qu’à ce moment-là que la milice sera prête à discuter de mesures visant à renforcer la souveraineté.»
La réponse libanaise, d’après les milieux proches du tandem chiite, a mis l’accent sur plusieurs points essentiels: le rejet de toute modification de la résolution 1701 par crainte qu’elle ne soit placée sous le chapitre VII de la charte des Nations unies, autorisant le recours à la force en cas de menace contre la paix; le refus de qualifier la «résistance» de simples «groupes armés» et le retrait de ses forces du sud du Litani.
De plus, cette réponse souligne l’application intégrale de la résolution 1701, à commencer par l’obligation pour Israël de se conformer à toutes ses dispositions, y compris le retrait de ses forces des territoires occupés, tels que les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba, tout en s’engageant à s’abstenir de toute violation terrestre, maritime ou aérienne. Par ailleurs, la partie libanaise refuse d’accorder à la force de maintien de la paix de l’ONU (Finul) la liberté de mouvement dans le sud sans coordination préalable avec l’armée libanaise.
En Israël, la réaction à l’initiative française a mis l’accent sur la possibilité d’une action militaire au cas où le Hezbollah refuserait l’option diplomatique.
Parallèlement, le groupe des cinq nations ou Quintette (France, Arabie saoudite, Qatar, Égypte et États-Unis), qui cherche à faciliter le processus d’élection présidentielle, appelle Israël et le Hezbollah à adhérer à la résolution 1701.
Selon des sources informées, «le parti ne peut désormais plus conserver ses armes et ses missiles au sud du Litani, que ce soit secrètement ou ouvertement, ni maintenir son arsenal et ses positions le long de la frontière, en utilisant la soi-disant ONG environnementale Green Without Borders comme couverture, comme il l’a fait avant le 7 octobre».
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