L’ambassadrice des États-Unis au Liban, Lisa Johnson, de retour de Washington à la suite de consultations avec son administration, serait porteuse d’une «présélection» de «potentiels» candidats à la présidence. L'accès à cette liste de candidats, tenue secrète, serait limité à quelques privilégiés. Ces derniers devraient se réunir avec les différentes parties politiques au moment stratégique opportun, alors que les ambassadeurs du Quintette (France, États-Unis, Arabie saoudite, Qatar et Égypte) devraient rencontrer à cet égard le chef du Parlement, Nabih Berry, et d’autres personnalités politiques de premier plan.
Dans la déclaration conjointe publiée à la suite des réunions qu’ils ont tenues avec les différents blocs politiques libanais, les ambassadeurs du Quintette ont mis l’accent sur la nécessité d’élire un président de la République dans les plus brefs délais. Et ce, «pour garantir que le Liban ait une place à la table des discussions régionales» sur la paix, qui devrait avoir lieu avant le mois de juillet, et «pour conclure un futur accord diplomatique à propos de la frontière (terrestre) sud» du pays.
Selon des sources proches du dossier, cette déclaration constitue «une feuille de route pour respecter l’échéance présidentielle». Dans ce document, les diplomates estiment que «des consultations, limitées en termes de portée et de durée, entre les blocs politiques sont nécessaires pour mettre un terme à l’impasse politique actuelle». Elles «devraient uniquement viser à identifier un candidat qui fasse l’objet d’une large entente, ou une liste restreinte de candidats à la présidence», lit-on dans le document. Ces consultations seraient suivies d’une «séance électorale ouverte au Parlement avec plusieurs tours jusqu’à l’élection d’un nouveau président».
Le Hezbollah ne lèvera toutefois pas le petit doigt avant d’obtenir le feu vert d’Iran, à la suite d’un accord avec Washington. L’élection dépend donc d’un consensus américano-iranien, un processus lancé la semaine dernière au sultanat d’Oman et qui se poursuit avec des réunions à Doha entre les responsables des deux pays.
La formation pro-iranienne sert ouvertement l’agenda iranien et celui de l’axe de la Moumanaa. Elle fait primer les intérêts de Téhéran sur ceux du Liban, voire sur son destin et son avenir. Le pays est tributaire des ambitions et de la stratégie régionale de l’Iran qui souhaite engager des négociations avec Washington, où sont prises les «décisions» concernant la région. C’est la raison pour laquelle le tandem Amal-Hezbollah, notamment la formation pro-iranienne, a fait échouer plusieurs tentatives françaises visant à débloquer la présidentielle.
Le Hezbollah a eu recours à tous les moyens possibles pour empêcher l’élection d’un président, en rejetant la responsabilité sur les forces de l’opposition et les dirigeants chrétiens. Il a également fait échouer les initiatives françaises, qataries et autres, en attendant que Washington intervienne pour aider à résoudre la crise. D'ici-là, la formation chiite reste inflexible: aucune discussion sur n’importe quel dossier ne sera menée tant qu’un accord sur un cessez-le-feu à Gaza n’aura pas été conclu.
Selon des sources politiques proches du Hezbollah, le front sud du Liban restera «ouvert» dans l’attente d’une trêve. Un responsable de la formation pro-iranienne aurait affirmé que «le seul moyen pour le Liban d’avoir un président est de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu à Gaza».
Entretemps, et malgré l’échec des négociations visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza, les efforts diplomatiques se poursuivent au Caire et à Doha. Or les efforts déployés par Washington, ainsi que par d’autres capitales occidentales, n’ont pas réussi à convaincre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, d’accepter un cessez-le-feu. Ce dernier a rejeté la proposition égyptienne dans ce sens, approuvée par le Hamas, affirmant qu’elle répondait favorablement aux revendications du mouvement palestinien. Il a donc lancé une offensive sur Rafah, espérant garantir des avantages stratégiques (en exerçant une pression significative sur le Hamas) et renforcer sa position avant un éventuel sursis militaire qui conduirait finalement à des pourparlers sur la situation à Gaza.
Cette tactique a renforcé les divisions au sein de l’opinion publique israélienne, qui s’oppose davantage à la politique de M. Netanyahou. En fait, de plus en plus de voix s’élèvent réclamant sa démission et la formation d’un gouvernement modéré qui soutiendrait une solution à deux États, considérée comme une étape cruciale vers la normalisation et une paix globale.
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