Des personnalités politiques ou économiques, certainement de mauvais augure, ne cessent d'attiser la haine dans les esprits, en publiant des articles qui ne reposent sur aucune argumentation sérieuse. Ils profitent, à l'occasion, de l'ignorance des profanes et des lecteurs sur des sujets sensibles et complexes, et se trompent grossièrement de cible à chacune de leurs interventions médiatisées…
Peut-être devrions-nous, cependant, commencer par nous jeter la pierre, pour avoir conduit au pouvoir, lors des dernières élections, des personnes incapables et irresponsables, qui n'ont pas en réalité leur place aux postes qui décident du destin du pays? Car il y a là des conduites nationales qui devraient accompagner les engagements que l'on prend.
Mais pourquoi cet appel au bon jugement des Libanais? Faut-il, en effet, le redire encore et encore, qu'au lendemain de la guerre des six jours en 1967, pour ceux qui feignent de l'oublier, le gouvernement s'est bien réuni le matin même afin d'imposer aux banques l’interdiction des transferts vers l'étranger? Rappelons aussi que le décret correspondant a été avalisé par la chambre des députés en fin d'après-midi, sans plus de délai. C'est la volonté d'apporter des solutions appropriées qui a prévalu alors sur tout le reste. Où est-elle aujourd'hui cette volonté gouvernementale dont nous sommes bien nostalgiques et qui aurait pu nous éviter le pire? En fait, nous aurions dû apprendre de notre histoire. Le souvenir de la mise sous tutelle de la Banque Intra, en 1966, et les mesures d'exception qui ont suivi l'attaque de l'aéroport de Beyrouth par l'aviation israélienne en 1968, sont des exemples frappants qu'aucun gouvernement ne pouvait ignorer.
Pourtant, ce ne fut pas le cas. Malheureusement. Au lendemain de la «thawra», le gouvernement et la chambre n'imposent pas, par décret, l'interdiction des transferts vers l'étranger. Ils ne veulent pas le faire pour des raisons douteuses et sombres. Il est donc difficile aujourd'hui de responsabiliser juridiquement les intéressés ou les banques qui ont effectué des transferts, ces derniers revêtant le caractère «autorisé» par l'absence de décret stipulant le contraire. Parler de délit dans ces circonstances me semble outrancier et déloyal. Il reviendrait, de toute manière, à la justice seule de prononcer le verdict qui conviendrait en la matière.
Un dernier mot concernant l'ingénierie financière qui occupe tant de têtes dites pensantes, et que beaucoup d'esprits dénommés éclairés tentent de passer sous silence. En évoquant l'ingénierie de 2016 en particulier, je tiens à rappeler que sa mise en application a permis des rentrées en flux de capitaux d'environ 13 milliards de dollars américains, dans un laps de temps très court. Puissent ses détracteurs, de tous bords, le reconnaître enfin avec honneur et humilité sans chercher à tout prix à en faire la cible inventée de leurs attaques! Si bien qu'ils oublient que les réformes, tant nécessaires, sont restées, par ailleurs, lettre morte en raison de l'immobilisme de l'État, au point d'envoyer le plan Cèdre aux calendes grecques, alors même qu'il faisait bénéficier le Liban d'un financement massif de 12 milliards de dollars américains. Si bien également qu'ils jouent déloyalement à la politique de l'autruche, fermant les yeux sur des manœuvres malsaines qui cherchent à modifier drastiquement le paysage du secteur bancaire et, par-delà, l'identité de l'économie libanaise.
Où était-elle donc cette volonté gouvernementale, dont nous sommes bien nostalgiques et qui aurait pu nous éviter le pire au Liban?
Antoine Menassa
Président HALFA (Hommes d’affaires libanais de France)
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