Le défi que que pose la présence massive de migrants syriens au Liban suscite toujours des débats brûlants dans le pays, mais ce qui inquiète davantage, c'est la hausse exponentielle des naissances qui ne sont pas enregistrées.
À l’avenir, cela posera un sérieux problème pour le Liban, en termes d'intégration ou de naturalisation, alors que la croissance démographique libanaise semble plutôt lente.
Selon Mohammad Chamseddine, spécialiste en politique et recherche à Information International, le nombre de naissances libanaises était de l'ordre de 66.866 en 2023, contre 97.064 en 2018. En 2022, le taux de croissance annuelle de la population libanaise était de 1,9%, selon les chiffres de la Banque mondiale.
Au niveau officiel, mais en collaboration avec le HCR, des efforts sont fournis pour éviter un déséquilibre démographique dans le pays à l’avenir. Le processus d’enregistrement des naissances de «près de 60% des enfants syriens nés au Liban doit encore être finalisé», précise Lisa Bou Khaled, porte-parole du HCR au Liban, à Ici Beyrouth.
Elle souligne que «les enfants nés de parents syriens au Liban sont enregistrés en tant que Syriens, et non Libanais», avant d’ajouter: «Le HCR ne préconise pas l'intégration ou la naturalisation des réfugiés au Liban».
Mme Bou Khaled énumère tous les obstacles à cause desquels le processus d’enregistrement est bloqué, en faisant remarquer que «le HCR, en partenariat avec le gouvernement libanais, s’efforce de le faciliter».
Selon ses explications, «une amélioration au niveau des enregistrements des naissances et de résidence est constatée d'une année à l’autre, grâce aux efforts des partenaires du HCR qui fournissent des services juridiques et de sensibilisation.»
Ainsi, la proportion de naissances enregistrées est passée à 41% à la fin de 2023, contre 36% en 2022, au niveau du registre des étrangers. De même, le taux global d'enregistrement des naissances dans les registres tenus au bureau d’état civil a augmenté pour atteindre 56%, contre 53% en 2022, indique-t-elle.
Ola Boutros, responsable du Lebanon Crisis Response Plan (Plan de réponse à la crise libanaise, LCRP) explique à son tour que le LCRP, au ministère des Affaires sociales, œuvre pour intégrer les naissances des nouveau-nés syriens aux dossiers des familles enregistrées auprès du HCR.
«Les dossiers incomplets sont référés à des partenaires juridiques qui vont finaliser les documents d'enregistrement des naissances au bureau de l'état civil et au registre des étrangers de la Direction générale de l'état civil», précise-t-elle, avant d’ajouter: «Ce processus permet de préserver l’identité syrienne, prévenant ainsi l'apatridie et protégeant le Liban des risques liés à une installation permanente» des migrants.
En 2015, l'enregistrement de nouveaux réfugiés syriens dans les archives du HCR avait été suspendu sur décision du gouvernement libanais, mais les campagnes de sensibilisation à l’importance de l’enregistrement des bébés «se sont poursuivies en collaboration avec des partenaires tels que le ministère de l'Intérieur et des Municipalités, par le biais des autorités locales, ainsi que le HCR, sur base d’un plan lancé par le ministère des Affaires sociales.
Les procédures d’enregistrement des naissances pour les Syriens sont les suivantes:
- Obtenir un acte de naissance d'un médecin ou d'une sage-femme autorisée.
- Authentifier l'acte de naissance par un moukhtar de la localité où l’enfant est né.
- Enregistrer l'acte de naissance auprès du bureau de l’état civil du caza.
- Enregistrer l'acte de naissance au Registre des étrangers du bureau de l'état civil de la mohafazat.
- Enregistrer l'acte de naissance au ministère des Affaires étrangères.
- Enregistrer l’acte de naissance à l'ambassade de Syrie au Liban.
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