La galerie Janine Rubeiz présente Rester ou partir, une exposition de l'artiste libanaise Sara Abou Mrad interrogeant le déracinement, la métamorphose et l'exil, du 24 juillet au 23 août 2024.
La galerie Janine Rubeiz, haut lieu de l’art contemporain à Beyrouth, accueille la nouvelle exposition de Sara Abou Mrad, artiste multidisciplinaire libanaise. Du 24 juillet au 23 août 2024, le public pourra découvrir Rester ou partir, une série d’œuvres oniriques explorant les thèmes du déracinement, de l’exil et de la métamorphose.
Crédit photo: Roger Moukarzel
«J’ai créé mon monde pour fuir la réalité. J’ai dessiné un monde qui me convient, une réalité qui me ressemble», confie Sara Abou Mrad. Au fil du temps, elle a élaboré un univers onirique, riche en symboles, joyeux, flamboyant de couleurs, peuplé par ses créatures diverses et amusantes, un univers féerique et dynamique, animé, plein d’énergie, un espace ouvert à l’imagination.
Pourtant, ce monde est à l’opposé de ses sentiments les plus profonds, de ce qu’elle ressent de la réalité autour d’elle, des vibrations du monde qu’elle perçoit au quotidien. Au cœur de l’exposition, la table, symbole de réunion et d’unité familiale, devient le témoin de la dislocation des repères de l’artiste. «Mes repères se disloquent. La table, symbole de réunion et d’unité familiale, devient l’animal féroce au fond de moi», explique-t-elle.
Crédit photo: Roger Moukarzel
«Rester ou partir? Tel est le dilemme. S’échapper ou s’implanter?» Cette série sur la table questionne le sujet des migrations, l’accélération de la mobilité géographique des individus, les répercussions collectives et individuelles qu’un déplacement peut exercer sur une société, la dissociation et la désunion des familles.
L’artiste explore le sentiment de déracinement qui traduit le sentiment de l’exil, la transformation d’un mode de vie collectif vers un mode de vie individualiste. Elle questionne le mode de vie de l’exilé, ses aspirations, sa confrontation à l’altérité mystérieuse. «La découverte d’un ailleurs n’est pas si facile. La souffrance, le désarroi, la peur, l’instabilité s’installent chez celui qui a quitté sa maison, son village, son pays. Une insécurité psychologique, sociologique remplace une vie faite de routine confortable», souligne Sara Abou Mrad.
«Colère dans l'exil» 2023
Huile sur toile 114 x 146
C’est ce qu’elle vit depuis son départ du Liban en septembre 2020. Des sentiments qui la replacent constamment face au dilemme primal de rester ou de partir, le dilemme de sa propre métamorphose dans l’exil. «Si je pars, est-ce que je reste malgré tout la même? Est-ce que l’exil va me forcer à changer? Que puis-je garder de cet autre monde que j’abandonne?», s’interroge-t-elle.
Au centre de ses œuvres, la table, symbole de communion, de bénédiction, de partage, d’union, de plaisir et de sociabilité, devient une créature instable aux pattes griffues. Bien que dressée et décorée, elle attend ses invités, luttant pour rassembler, fortifier des liens, empêcher la dissociation des familles. «C’est la situation que vit ma famille, la tienne ou tant d’autres personnes. Membres dispersés sur les continents, instables émotionnellement... une table, un repas, un toit nous rassemblent et nous font nous sentir en sécurité», confie l’artiste.
«Nature morte II» 2024
Huile sur toile 22x27 cm
«Rester ou partir? Cette idée porte en elle une contradiction de sentiments et de décisions. Entre peur, instabilité, insécurité, l’exilé est confronté à l’échec. Mais entre courage, persévérance, audace et aventure, l’exil peut aussi être un tremplin vers une nouvelle vie», affirme Sara Abou Mrad.
Née en 1988 au Liban, Sara Abou Mrad est une artiste multidisciplinaire basée à Paris. Diplômée de l’Académie des beaux-arts de l’Université libanaise, elle est lauréate de plusieurs prix internationaux tels que le concours «Appel aux jeunes artistes du Liban» lancé par Jack Lang et Claude Lemand en 2020, le prix du dessin de Beirut Design Week en 2015 et le prix de l’Institut culturel allemand-Goethe pour la traduction de la musique classique en peinture en 2011 et 2013. En 2020, elle est boursière de l’Institut français du Liban à la Cité internationale des arts à Paris.
«Nature morte I» 2024
Huile sur toile 22x27 cm
Son œuvre onirique se nourrit de symboles puisés dans la mémoire collective du Liban, dans l’héritage culturel et religieux de ce pays que les Libanais se transmettent d’une génération à l’autre en dépit des changements contemporains. Elle aborde des sujets sensibles qui mêlent histoires collectives et personnelles afin de décrire l’éclatement des liens, de stigmatiser l’ensauvagement des rapports humains qui se caractérisent par un retour de la violence politique et de la guerre qui minent et détruisent les sociétés, leurs structures et leurs cultures.
La beauté et le rêve restent le noyau de l’esthétique de l’art chez l’artiste, elle imagine des métamorphoses et fabrique des chimères qui intriguent et interrogent les vivants et les poussent à la sublimation pour mieux accepter la réalité défigurée du quotidien.
«Promenade en exil» 2023
Huile sur toile 114x146 cm
Sara Abou Mrad a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives à Beirut Art Fair (Beyrouth), Luxembourg Art Fair (Luxembourg), la Fiac (Paris), 508 Gallery (Londres), Art Box Project (Zurich), Qatar International Art Fair (Doha), The Hub Koweït (Koweït), et Accademia di belle Arti di Bologna (Bologne). Ses œuvres font partie de plusieurs collections, notamment la collection Claude et France Lemand au musée de l’Institut du monde arabe et la Dalloul Art Foundation-DAF. Elles ont été présentées aux enchères de Bonhams (France) en 2021 et 2023, Ans Azura (Roumanie) en 2023 et ArtScoops (Liban) en 2021 et 2023.
«Rester ou partir» 2024
Huile sur toile 89x116 cm
L’exposition Rester ou partir de Sara Abou Mrad se tiendra à la galerie Janine Rubeiz, à Beyrouth, du 24 juillet au 23 août 2024, du mardi au vendredi de 10h à 18h en juillet et de 10h à 15h en août, ainsi que le samedi de 10h à 16h en juillet. Une occasion unique de découvrir l’univers captivant et poétique de cette artiste confirmée dans l’une des galeries les plus renommées du Liban.
«Changement» 2024
Huile sur toile 114 x 146 cm.
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