©(Adem ALTAN et LOUAI BESHARA/AFP)
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et son homologue syrien, Bachar el-Assad, pourraient se rencontrer dans un avenir proche, mais tout processus de normalisation bilatérale s’annonce graduel, au vu des questions à régler, estiment des analystes.
Damas et Ankara ont rompu toutes relations officielles au début du conflit syrien, déclenché en 2011 par la répression sanglante de manifestations antigouvernementales.
Ankara avait pour objectif initial de renverser le président syrien, qualifié de «meurtrier» par M. Erdogan, accueillant alors l’opposition politique syrienne et engageant un soutien aux rebelles armés.
Mais Damas a récupéré la majorité des territoires qu’il avait perdus et un infléchissement turc a ouvert la voie à des pourparlers syro-turcs sous l’égide de la Russie depuis 2022.
Début juillet, M. Erdogan a déclaré qu’il pourrait «à tout moment» inviter son homologue. Ce dernier s’est dit disposé à une rencontre, mais l’a conditionnée à son «contenu».
«Même si une réunion avait lieu», une normalisation «ne se ferait pas du jour au lendemain», estime Mona Yacoubian, analyste au United States Institute of Peace.
«Ce sera un processus très graduel et de longue haleine», ajoute-t-elle. Mais «même un semblant» de normalisation «est quelque chose qu’Erdogan recherche».
La Turquie accueille aujourd’hui quelque 3,2 millions de réfugiés syriens, mais le sentiment antisyrien exerce une pression accrue sur M. Erdogan pour leur renvoi en Syrie.
«La Syrie et les réfugiés syriens sont devenus un énorme handicap pour Erdogan», juge Aaron Stein, directeur du Foreign Policy Research Institute à Washington, pour qui «l’investissement d’Ankara dans l’opposition syrienne, d’un point de vue militaire, est un échec total».
«Deux danseurs de tango»
«La Turquie est en Syrie pour éliminer les attaques terroristes et les menaces contre son territoire (...) et y empêcher l’établissement d’un corridor de la terreur dans le nord», met en avant une source du ministère turc de la Défense, en référence aux forces kurdes.
Ankara a mené depuis 2016 plusieurs offensives sur le sol syrien, principalement contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes dans le nord, qui lui ont permis de contrôler, avec ses affidés syriens, des zones frontalières côté syrien.
Bachar el-Assad a souligné, cette semaine, que «le soutien au terrorisme et le retrait du territoire syrien» des troupes turques constituaient «l’essence du problème» entre les deux pays.
Selon M. Stein, si M. Erdogan déclare possible une rencontre avec Bachar el-Assad, elle pourrait se tenir. «Mais dans ce processus, il faut deux danseurs de tangos et son partenaire de danse est un meurtrier qui le déteste».
Les FDS ont pris le dernier bastion syrien du groupe jihadiste État islamique (EI) en 2019, avec le soutien de Washington et les Kurdes administrent désormais le nord-est syrien, où les troupes américaines sont stationnées, ce qu’Ankara et Damas refusent.
Tout rapprochement se ferait aux dépens de l’administration kurde, accusée de «séparatisme» par le dirigeant syrien, qui dénonce la présence des forces américaines comme une «occupation».
Ankara considère la principale composante des FDS, les YPG (Unités de protection du peuple), comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, turc), qualifié d’«organisation terroriste» par la Turquie et ses alliés occidentaux.
Ankara «veut qu’Assad étouffe le PKK pour que l’organisation entre en dormance», affirme Soner Cagaptay, directeur du programme turc au Washington Institute. Cela déclencherait «une véritable normalisation, la Turquie s’engageant progressivement à retirer ses troupes».
Selon lui, la gestion sécuritaire dans le nord pourrait rester «entre les mains d’Ankara» de manière transitoire, avec pour objectif turc, à terme, d’y rapatrier les réfugiés syriens.
«La question épineuse» étant que de nombreux civils des zones syriennes sous contrôle turc ne veulent pas vivre sous le régime d’Assad, ajoute M. Cagaptay.
Dans le nord-est sous contrôle kurde, M. Stein note que la présence américaine rendrait plus difficile toute offensive menée avec le feu vert de Damas contre les groupes liés au PKK.
Avec AFP
Damas et Ankara ont rompu toutes relations officielles au début du conflit syrien, déclenché en 2011 par la répression sanglante de manifestations antigouvernementales.
Ankara avait pour objectif initial de renverser le président syrien, qualifié de «meurtrier» par M. Erdogan, accueillant alors l’opposition politique syrienne et engageant un soutien aux rebelles armés.
Mais Damas a récupéré la majorité des territoires qu’il avait perdus et un infléchissement turc a ouvert la voie à des pourparlers syro-turcs sous l’égide de la Russie depuis 2022.
Début juillet, M. Erdogan a déclaré qu’il pourrait «à tout moment» inviter son homologue. Ce dernier s’est dit disposé à une rencontre, mais l’a conditionnée à son «contenu».
«Même si une réunion avait lieu», une normalisation «ne se ferait pas du jour au lendemain», estime Mona Yacoubian, analyste au United States Institute of Peace.
«Ce sera un processus très graduel et de longue haleine», ajoute-t-elle. Mais «même un semblant» de normalisation «est quelque chose qu’Erdogan recherche».
La Turquie accueille aujourd’hui quelque 3,2 millions de réfugiés syriens, mais le sentiment antisyrien exerce une pression accrue sur M. Erdogan pour leur renvoi en Syrie.
«La Syrie et les réfugiés syriens sont devenus un énorme handicap pour Erdogan», juge Aaron Stein, directeur du Foreign Policy Research Institute à Washington, pour qui «l’investissement d’Ankara dans l’opposition syrienne, d’un point de vue militaire, est un échec total».
«Deux danseurs de tango»
«La Turquie est en Syrie pour éliminer les attaques terroristes et les menaces contre son territoire (...) et y empêcher l’établissement d’un corridor de la terreur dans le nord», met en avant une source du ministère turc de la Défense, en référence aux forces kurdes.
Ankara a mené depuis 2016 plusieurs offensives sur le sol syrien, principalement contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes dans le nord, qui lui ont permis de contrôler, avec ses affidés syriens, des zones frontalières côté syrien.
Bachar el-Assad a souligné, cette semaine, que «le soutien au terrorisme et le retrait du territoire syrien» des troupes turques constituaient «l’essence du problème» entre les deux pays.
Selon M. Stein, si M. Erdogan déclare possible une rencontre avec Bachar el-Assad, elle pourrait se tenir. «Mais dans ce processus, il faut deux danseurs de tangos et son partenaire de danse est un meurtrier qui le déteste».
Les FDS ont pris le dernier bastion syrien du groupe jihadiste État islamique (EI) en 2019, avec le soutien de Washington et les Kurdes administrent désormais le nord-est syrien, où les troupes américaines sont stationnées, ce qu’Ankara et Damas refusent.
Tout rapprochement se ferait aux dépens de l’administration kurde, accusée de «séparatisme» par le dirigeant syrien, qui dénonce la présence des forces américaines comme une «occupation».
Ankara considère la principale composante des FDS, les YPG (Unités de protection du peuple), comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, turc), qualifié d’«organisation terroriste» par la Turquie et ses alliés occidentaux.
Ankara «veut qu’Assad étouffe le PKK pour que l’organisation entre en dormance», affirme Soner Cagaptay, directeur du programme turc au Washington Institute. Cela déclencherait «une véritable normalisation, la Turquie s’engageant progressivement à retirer ses troupes».
Selon lui, la gestion sécuritaire dans le nord pourrait rester «entre les mains d’Ankara» de manière transitoire, avec pour objectif turc, à terme, d’y rapatrier les réfugiés syriens.
«La question épineuse» étant que de nombreux civils des zones syriennes sous contrôle turc ne veulent pas vivre sous le régime d’Assad, ajoute M. Cagaptay.
Dans le nord-est sous contrôle kurde, M. Stein note que la présence américaine rendrait plus difficile toute offensive menée avec le feu vert de Damas contre les groupes liés au PKK.
Avec AFP
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