Conflit au corridor de Philadelphie

Les négociations pour un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël semblent éclopés sur les points de contrôle de la bande de Gaza. Le corridor de Philadelphie est un de ces points. Cette zone tampon se situe entre l’Égypte et la bande de Gaza, et son contrôle a été repris (de l’Égypte) par les Israéliens en mai dernier.
Dimanche, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a déclaré que l’armée israélienne resterait dans le corridor de Philadelphie, alors que le Hamas et l’Égypte insistent sur un retrait d’Israël de cette zone frontalière.
Qu’est-ce que le corridor de Philadelphie?
Ce couloir est une bande de terre de 14 km de long et 100 mètres de large qui longe la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza et s’étend de la Méditerranée au point de passage de Karam Abou Salem (Kerem Shalom). Le couloir inclut le passage de Rafah vers l’Égypte – le seul exutoire de la bande qui n’est pas contrôlé par Israël – et divise la ville de Rafah en deux: un côté palestinien et un côté égyptien.
Cette appellation trouve son origine, en 1979, dans les accords de paix de Camp David entre l’Égypte et Israël. Alors que le Sinaï était restitué à l’Égypte, l’objectif du corridor était de servir de zone tampon et a été placé à l’époque sous contrôle israélien de sorte à se prémunir contre toute attaque ou circulation d’armes vers Gaza.
En 2005, le contrôle de ce corridor change de main au profit du Caire, lorsque Tel Aviv décide de retirer ses troupes de Gaza. L’Égypte est alors autorisée par l’accord dit «de Philadelphie», et pour la première fois depuis le traité de paix, à déployer 750 soldats des gardes-frontières légèrement armés.  Elle s’engage aussi à collaborer contre tout trafic d’armes à sa frontière, l’autre côté étant contrôlé par l’Autorité palestinienne. C’était sans compter l’arrivée au pouvoir du Hamas à Gaza en 2007.
L’accord de Philadelphie stipule qu’il ne s’agit pas d’amendements au traité de paix avec Israël, ce qui signifie que le corridor de Philadelphie et le Sinaï de l’Est (adjacent au golfe d’Aqaba et à la bande frontalière avec Gaza) restent des zones démilitarisées.
La position de l’Égypte

En janvier, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a affirmé que le Hamas continuait de faire passer des armes en contrebande et que la guerre ne prendrait pas fin tant que cette brèche ne serait pas fermée. Il avait aussi précisé, le 30 décembre 2023, son intention de prendre contrôle de cette bande de terre.
Dans le passé, en 2008, et au début du blocus imposé par Israël à Gaza après la prise de pouvoir du Hamas, des milliers de personnes sont passées en Égypte, après la destruction du mur frontalier par le Hamas.
Selon l’agence AP, Israël avait officiellement demandé à l’Égypte, à la mi-décembre, de déployer ses forces dans le corridor. L’Égypte avait refusé, craignant qu’une opération terrestre dans la région entraîne l’arrivée de milliers de Palestiniens dans le Sinaï. Depuis le début la guerre, l’Égypte s’oppose fermement aux appels à un exode des Palestiniens,   craignant qu’ils ne rentrent pas chez eux une  fois la guerre terminée, comme l’ont fait les réfugiés de 1948 qui sont toujours dans les différents pays d’accueil.
Et  Camp David?
Pour l’Égypte, le corridor représente le contrôle du point de passage de Rafah, lui  conférant  une grande influence dans les affaires palestiniennes.
La création d’une nouvelle présence israélienne le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte aurait, en effet, des répercussions sur la sécurité du pays.
Ce différend  constitue aussi un enjeu important pour Israël. Benjamin  Netanyahou souhaite rassurer ses concitoyens, de plus en plus critiques à l’égard de sa gestion de la guerre et du fiasco des otages.
Mais ce qui est sûr,  c’est qu’une occupation prolongée par l’État hébreu de cette zone tampon n’ est pas de bon augure pour des négociations de paix.  Serait-elle aussi un prélude à un amendement de l’accord de Camp David entre l’Égypte et Israël?
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