Au cœur du quartier de Moussaitbé, niché au sous-sol d’une petite ruelle, se trouve un trésor de l’artisanat libanais. Loin du vacarme quotidien, le travail du bois résonne comme une mélodie en devenir. Albert Mansour, un ancien mécanicien devenu luthier, inspecte chaque étape de la fabrication des ouds.
Ses «bébés», comme il les appelle, sont produits par son assistant Jamal, depuis qu’il a été victime d’un AVC en 2019. Installé dans son canapé en cuir, il a reçu les plus grands musiciens arabes, comme son ami Marcel Khalifé et le joueur de oud égyptien Mustafa Said.
Considéré comme le «sultan des instruments», le oud est un instrument emblématique de la musique arabe. Probablement dérivé du barbat perse, il s'est propagé à travers tout le califat omeyyade avant de traverser les frontières pour atteindre l'Europe, donnant naissance au luth occidental.
Le oud a vu sa forme évoluer à travers les époques et les pays, notamment en ce qui concerne le nombre de cordes. «Le oud à cinq cordes est très ancien», explique Albert Mansour, «puis sont apparus les ouds à 6 et 7 cordes». Des cordes supplémentaires qui modifient la manière de jouer, explique-t-il, tout en montrant ses différentes créations.
On distingue les ouds égyptiens, syriens, irakiens et libanais notamment par la longueur de leur manche, influençant ainsi la technique de jeu des musiciens. Mais, pour Albert Mansour, cette différence est sans importance; «le oud est un oud», assure-t-il, ajoutant que «le oud est surtout ce que l’artisan veut en faire».
Il est rejoint par son ami Oussama Abdelfattah. Après un passage par le conservatoire de musique et l'université Antonine, ce dernier est devenu musicien professionnel et un grand adepte du travail de «’ammo» Albert. Il ne manque jamais une occasion de tester les nouveaux ouds de l'atelier.
Rien ne le prédestinait pourtant à se consacrer à cet instrument. «C’est le hasard», assure Oussama Abdelfattah. «Quand j’avais treize ans, mon père m’a demandé ce que je voulais faire pendant les vacances d’été. Je n’avais aucune idée», se souvient-il. «Il m’a alors proposé d’apprendre le oud, j’ai accepté, et en quelques semaines, j’étais déjà accroché à l’instrument.»
Spécialisé dans la musique traditionnelle, Oussama Abdelfattah s'est produit dans de nombreux spectacles de musique arabe, tout en s'ouvrant à d'autres influences musicales. « En France, j'ai tourné avec un groupe folklorique », raconte-t-il. « Nous jouions des danses traditionnelles, mais avec le oud. » Cette aventure d'échange culturel à travers le pays a duré quatre ans.
André Msane, compositeur et coordinateur du département de oud au Conservatoire national supérieur de musique, souligne que bien que le oud soit profondément enraciné dans la musique arabe, il s'est également ouvert aux influences étrangères. «Depuis vingt ou trente ans, le oud a été exploré en association avec d'autres instruments, comme la guitare, la batterie ou le piano», explique-t-il. «De nombreux ensembles intègrent désormais le oud dans leurs formations, et certains l'utilisent même dans la musique occidentale», ajoute-t-il.
«Dans une guitare, les cordes individuelles ou les notes sont séparées», souligne André Msane, «alors que pour le oud, chaque note est produite par deux cordes jouées simultanément». Des différences également présentes dans la manière de jouer. «Contrairement à la guitare, le manche du oud n’est pas divisé en frettes. Sur une guitare, les notes sont séparées par des barrettes métalliques, tandis que le manche du oud est une surface plane. Vous jouez les notes en positionnant vos doigts à l'endroit précis où vous souhaitez jouer», analyse André Msane. «Le oud est un instrument mélodique qui permet d’explorer des mélodies variées» ajoute-t-il.
Souvent comparé à son cousin occidental, le oud se distingue nettement de la guitare sur plusieurs aspects. «Dans une guitare, les cordes individuelles ou les notes sont séparées», explique André Msane. «En revanche, sur un oud, chaque note est produite par deux cordes jouées simultanément.» Des différences se manifestent aussi dans la technique de jeu. «Contrairement à la guitare, le manche du oud n’est pas divisé en frettes. Sur une guitare, les notes sont séparées par des barrettes métalliques, tandis que le manche du oud est une surface plane. Vous jouez les notes en positionnant vos doigts précisément à l’endroit souhaité», précise André Msane. «Le oud est un instrument mélodique qui permet d’explorer des mélodies variées.»
Instrument à cordes très ancien, le oud a longtemps été associé aux hommes. La scène professionnelle de cet instrument reste largement masculine. Ces dernières années, cependant, de nombreuses femmes se sont ouvertes à la pratique du oud, notamment au Conservatoire.
L’engouement pour le oud ne faiblit pas, que ce soit dans les pays arabes ou à l’étranger. En témoigne la décision de l’Unesco d’inscrire en 2022 «la fabrication et la pratique du oud» sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
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