Jean-Charles Tacchella, un maître du cinéma français

Scénariste prolifique, réalisateur talentueux et personnalité engagée, Jean-Charles Tacchella a marqué de son empreinte le cinéma français d’après-guerre. Collaborateur de grands noms et cofondateur du célèbre ciné-club Objectif 49, il a contribué à façonner La nouvelle vague avant de réaliser des films qui ont marqué les esprits. Il s’est éteint à l'âge de 98 ans, le 29 août 2024 à Versailles. Portrait.
Né le 23 septembre 1925 à Cherbourg, Jean-Charles Tacchella découvre très tôt sa passion pour le 7e art lors de son enfance à Marseille. À l’âge de 19 ans, il quitte sa ville natale pour Paris, où il intègre la rédaction de la revue L’Écran Français. C’est là qu’il côtoie les grands noms du cinéma de l’époque, tels que Jean Renoir, Jacques Becker et Jean Grémillon, ainsi que des critiques de renom comme André Bazin et Alexandre Astruc.

En 1948, Tacchella fonde avec ses acolytes le ciné-club d’avant-garde Objectif 49, présidé par nul autre que Jean Cocteau. Ce lieu emblématique deviendra le berceau de La nouvelle vague, un mouvement cinématographique qui révolutionnera le paysage du 7e art français. Parallèlement, il entame une carrière de scénariste et collabore à une vingtaine de films au cours des années 1950 et 1960, se forgeant une solide réputation dans le milieu.
En 1971, Jean-Charles Tacchella passe derrière la caméra et réalise ses premiers courts métrages, avant de se lancer dans les longs métrages. C’est en 1975 qu’il connaît son plus grand succès avec Cousin, Cousine, une comédie romantique qui séduit le public et la critique. Le film est nommé aux Oscars dans les catégories du meilleur scénario original et du meilleur film étranger, consacrant le talent de Tacchella sur la scène internationale. Le triomphe est tel qu’un remake américain verra le jour en 1989.
Au fil de sa carrière, Jean-Charles Tacchella réalise onze longs métrages, explorant des genres variés avec une maîtrise constante de son art. Parmi ses œuvres marquantes, on peut citer Le Pays bleu (1977), Croque la vie (1981), Escalier C (1985), récompensé par le Prix de l’Académie française, ou encore Travelling avant (1987), qui révèle le jeune Thierry Frémont, couronné du prix du meilleur jeune espoir masculin.


Le style de Tacchella se distingue par une caméra fluide et précise, au service de récits empreints d’humanité et de finesse. Ses films, souvent primés dans des festivals internationaux, témoignent de son regard unique sur la société française et de sa capacité à capter l’essence de ses personnages.
Au-delà de son œuvre de cinéaste, Jean-Charles Tacchella a été une figure engagée dans la défense et la promotion du 7e art. De 2000 à 2003, il a présidé la Cinémathèque française, institution culturelle de premier plan dédiée à la conservation et à la diffusion du patrimoine cinématographique.
Marié de 1950 à 1956 à la comédienne Liliane Maigné, avec qui il a eu deux fils, Tacchella a su concilier vie personnelle et carrière artistique, laissant une empreinte durable dans l’histoire du cinéma français.
Le décès de Jean-Charles Tacchella, survenu le 29 août 2024 à Versailles à l’âge de 98 ans, marque la disparition d’un des derniers grands noms de la génération d’après-guerre qui a façonné le cinéma français. Scénariste prolifique, réalisateur talentueux et personnalité engagée, il laisse derrière lui une œuvre riche et diverse, empreinte d’humanité et de justesse.
Commentaires
  • Aucun commentaire