Parce que vous le «valet» bien!

Bienvenue au Liban, pays du Cèdre et des mafias en tout genre! La dernière qui a le vent en poupe? Celle des valets parking, qui vient s’ajouter avec panache à la longue liste des sangsues qui nous pompent déjà jusqu’à la moelle avec une délicatesse sans pareille. Des générateurs d’électricité aux citernes d’eau, en passant par les changeurs de devises, tous, absolument tous, se sucrent sur le dos du citoyen avec une grâce et une élégance dignes des plus grands ballets. Mais de quoi parlons-nous? D’un pays dont les pilotis ne tiennent que par la force de l’habitude?
Et maintenant, les voilà, ces nouveaux despotes qui bondissent comme des félins dès qu’une voiture ose s’approcher et qui règnent en maîtres sur nos trottoirs tel Louis XIV sur Versailles. Ils imposent leur loi à coup de tarifs exorbitants, sans que personne n’ose émettre ne serait-ce qu’un murmure de protestation. Vous voulez vous garer pour aller siroter un café? Préparez-vous à débourser autant pour le valet que pour votre expresso, un combo aussi rafraîchissant qu’un coup de massue! Et n’ayez pas la folle idée de vouloir vous garer ailleurs, car ces petits malins ont le monopole du bitume, un véritable empire digne de la Compagnie des Indes.
Chaque bout de trottoir est sous la coupe d’un valet autoproclamé, qu’il soit vendeur de légumes ou gérant d’une boutique de luxe. Vous avez besoin de faire plusieurs courses? Prévoyez un budget «valet» digne du train de vie d’un maharadjah! Mais le summum de l’absurde, c’est que même si le trottoir est vide, on vous réclame de l’argent juste pour avoir le droit de stationner. C’est surréaliste, excessif, mais tellement représentatif d’un pays qui verse dans une dérive inégalée, un grand huit émotionnel permanent.
Et que dire de ces nouveaux riches vulgaires qui jettent leurs bolides rutilants et leurs liasses aux valets comme on jette des cacahuètes à des pigeons, contribuant ainsi à augmenter un taux qui ne cesse de s’élever à l’instar d’un soufflé au fromage? Il n’y a même plus de barème logique et encore moins de plafond, à croire que le ciel est la seule limite…
Comme pour les stationnements dans les parkings, métier devenu plus prisé qu’une place en loge à l’Opéra, autant ranger ses diplômes au placard, quitter son travail et taxer chaque voiture qui rentre, même pour une minute. Fini les efforts surhumains pour ouvrir une portière ou sourire au client, il suffit de tendre la main et le tour est joué! Le conducteur, pris au piège, n’a d’autre choix que de filer quelques billets s’il veut avoir la chance de poser ses roues sur ce précieux asphalte. Et le meilleur dans tout ça? À la fin de la journée, ces nouveaux rois repartent les poches pleines à craquer, pendant que les pauvres travailleurs «normaux» comptent leurs maigres piécettes. Alors, à quoi bon passer des années sur les bancs de l’école ou gravir les échelons dans une entreprise? Le vrai jackpot, c’est le parking!
Pendant que les valets et autres mafieux s’en mettent plein les poches, le reste de la population croule sous l’hyperinflation et la pauvreté. Les prix s’envolent partout, des restaurants, hôtels et autres, atteignant des sommets himalayens, de quoi donner le vertige même à un sherpa chevronné. Avec le budget d’un week-end à Beyrouth, on pourrait s’offrir un voyage en Italie avec dépaysement, culture à l’envi et gastronomie inclus.

Mais non, nous préférons subir ces despotes qui nous rackettent à longueur de journée. Mais avons-nous le choix? Oui! Celui de rester chez nous, ce qui est le cas de nombreuses personnes, un confinement volontaire en quelque sorte. Autant garder ses sous (s’il en reste) pour s’offrir un voyage hors de ce bled, une évasion salvatrice.
Mais pourquoi s’en étonner? Au fond, cette mafia des valets parking n’est qu’un symptôme parmi d’autres de la gangrène qui ronge notre société. Entre les générateurs qui nous asphyxient les poumons de leurs effluves cancérigènes, les arnaques éhontées qui se multiplient en toute impunité dans tous les secteurs, on assiste, impuissants, à l’effondrement de notre budget et surtout à celui de notre dignité.
Mais rassurez-vous, car tant qu’il y aura des mafias pour nous saigner à blanc avec le sourire, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes! Continuons à payer grassement pour avoir le privilège de survivre dans ce pays, pendant que d’autres s’enrichissent sur notre dos.
Heureusement que pour certaines, l’âge de faire le trottoir est passé, sinon imaginez un peu le tableau: des valets en guise de proxénètes, réclamant leur dû à chaque coin de rue, pour chaque «client» potentiel. Une vision vaudevillesque qui ne serait finalement pas si éloignée de la navrante réalité libanaise, un scénario digne des meilleures comédies de boulevard.
Bienvenue au Liban, pays des mafias et des inégalités criantes.
Un pays où l’absurde est devenu la norme et où le «cash» règne en maître. Mais n’ayez crainte, car comme dirait l’autre avec un clin d’œil malicieux, c’est «parce que vous le “valet” bien»!
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