Mercredi dernier, Aley a rendu un vibrant hommage à Abou Melhem et Oum Melhem, couple mythique de la télévision libanaise. Lors de cette cérémonie émouvante, leur petite-fille, Nidal Haddad, a évoqué avec émotion l’authenticité, la sagesse et l’empreinte indélébile de ses grands-parents dans le cœur des Libanais, les qualifiant de «grands-parents modèles» pour tout un peuple.
Des statues à l’effigie d’Abou Melhem et Oum Melhem, œuvres de l’artiste Ghinwa Radwan, ont été dévoilées devant une foule émue et admirative. Cette occasion nous invite à nous replonger dans le parcours extraordinaire d’Adib Haddad et de Salwa Farès el-Hajj, plus connus sous les noms d’Abou Melhem et Oum Melhem.
Natifs de Aley, Adib Haddad et Salwa el-Hajj sont les premiers et uniques résidents de cette cité, ainsi que le premier et seul couple marié, à recevoir pareil honneur. En novembre 2021 déjà, LibanPost leur rendait hommage en émettant un timbre-poste à leur image. Cette reconnaissance illustre l’influence profonde qu’ils ont exercée sur la culture populaire libanaise et la fierté que ressent leur ville natale envers ces deux enfants du pays qui ont porté haut les couleurs de Aley à travers leur carrière artistique féconde et inoubliable.

Adib Haddad et Salwa e-Hajj ont conquis le cœur des téléspectateurs par leur naturel désarmant et leur complicité à l’écran comme à la ville. Leur talent et leur popularité furent tels que les statues érigées en leur honneur cette semaine apparaissent comme le prolongement naturel de l’empreinte indélébile qu’ils ont laissée dans la mémoire collective.
Leur petite-fille, Nidal Haddad, témoigne de l’authenticité de ses grands-parents: «Em Melhem et Abou Melhem vivaient dans la sincérité, avec une personnalité qui ne connaissait que la sincérité. Ils étaient eux-mêmes à l’écran et parmi leurs téléspectateurs, leurs connaissances et nous, la famille. Ils touchaient à l’essence de la vie et vénéraient l’amour du prochain, le respect de la patrie. Proches des gens, leurs paroles sages atteignaient le cœur des petits et grands, simplement et humainement.»

Leur émission phare, «Ysed masekoun», diffusée chaque semaine, était attendue avec ferveur par des millions de Libanais. Dès les premières notes du générique musical, les familles se rassemblaient devant leur écran, ou chez un voisin pour ceux qui n’avaient pas encore de télévision, afin de ne pas manquer une seule minute de ce rendez-vous incontournable.
Écrite par Adib Haddad lui-même, l’émission dépeignait avec un réalisme empreint de poésie la vie simple et authentique des villages libanais. Les histoires, ancrées dans le quotidien et les traditions, mettaient en scène les relations humaines dans toute leur richesse et leur complexité. Le succès fut immédiat et retentissant: en 1968, un sondage révéla que «Ysed masekoun» était l’émission préférée de 52% des téléspectateurs et Adib Haddad fut élu «Meilleure personnalité TV».


Mais au-delà des chiffres et des récompenses, c’est dans le cœur des Libanais qu’Abou Melhem et Oum Melhem ont laissé leur marque la plus profonde. Incarnant la sagesse, la bienveillance et l’humour, ils sont devenus des figures familières et rassurantes, presque des membres de la famille pour des millions de téléspectateurs.
Nidal Haddad se souvient de la forte personnalité de sa grand-mère: «Em Melhem était une femme intelligente, forte et avait son mot à dire. Abou Melhem la suppliait de ne pas s’écarter du texte original lors des retransmissions en direct. Mais elle n’en faisait qu’à sa tête. Elle était aussi spontanée avec ses commentaires sarcastiques devant l’écran qu’à la maison.»

Abou Melhem, avec son parler imagé et poétique, puisant dans la richesse du dialecte de la montagne, distillait ses bons conseils et ses traits d’esprit, réglant tous les problèmes avec optimisme et bonhomie. «À l’occasion de la fête de l’indépendance et de la fête des enseignants, mon grand-père m’écrivait des vers que je récitais fièrement durant les célébrations de l’école», raconte Nidal. «J’aimais l’accompagner à l’église. Sa voix me transportait vers les chants des anges. J’aimais sa fatté aux pois chiches.»
Leur nom devint synonyme d’entente et de sagesse populaire: face à un dilemme, on se demandait «Que dirait Abou Melhem?» Leur image symbolisait un certain idéal de vie simple et heureuse, un refuge réconfortant dans un monde en mutation. «Quand les gens font le lien entre mes grands-parents et moi, très vite ils oublient qu’ils me parlent à moi et ce sont eux qu’ils revoient à travers moi. Leur rayonnement. Leurs regards. Comme si à travers moi ils arrivaient à les rejoindre un peu», confie Nidal.
Pendant des décennies, Abou Melhem et Oum Melhem ont régné sur le petit écran, entrant dans la légende de la télévision libanaise. Leur émission, reflet d’une époque et d’une société, a profondément marqué l’imaginaire collectif, devenant une référence incontournable de l’âge d’or du petit écran libanais.
https://youtu.be/zD-WgUcPw4s
Aujourd’hui encore, leur souvenir reste vivace: ils sont les visages familiers et bienveillants d’un Liban éternel, authentique et chaleureux, qui continue de vivre dans le cœur de ceux qui ont grandi avec eux.
Pour Nidal Haddad, cet hommage revêt une signification particulière: «C’est un moment très émouvant. Mes grands-parents ne m’appartiennent pas. Ils représentent les grands-parents modèles de tous les Libanais qui ont grandi en suivant leurs conseils basés sur les principes de droiture, fondés sur les valeurs humaines saines et justes. Cet hommage est un hommage à l’identité libanaise, à notre riche patrimoine culturel. Ce couple mythique incrusté dans la mémoire collective a laissé une empreinte indélébile sur la scène artistique et surtout dans le cœur du peuple libanais.»
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