Quand l’expression pompier pyromane prend tout son sens. On croyait avoir tout vu, mais assister au spectacle invraisemblable des Américains demandant aux Iraniens de faire pression sur le Hezbollah pour qu’il arrête de tirer des roquettes sur Israël frise la science-fiction. Ainsi, l’artisan de «l’axe de la Résistance», celui qui avait comme phare ultime Jérusalem, devient un médiateur.
De son côté, le président Joe Biden, conseillé par on ne sait trop quel génie, affirme sans rire que le cessez-le-feu à Gaza mettrait fin aux combats au Liban-Sud, endossant par là-même la terminologie du Hezbollah du lien entre les fronts. La seule explication scientifiquement plausible à toutes ces prises de position est la théorie des univers parallèles dans lesquels plusieurs réalités se côtoient! Je veux bien que l’Orient soit compliqué, comme disait le grand Général (De Gaulle évidemment, faudrait pas mélanger les généraux présidents, surtout), mais à ce point…
En attendant, sur le terrain, un demi-million de Libanais sont sur les routes de l’exode, des dizaines de personnes meurent tous les jours. Dans le silence du monde. Viendra l’heure des comptes. Il va falloir expliquer au peuple, opposé à la guerre, la raison du prix faramineux qu’il paie pour un conflit qui, au départ, ne le concernait pas.
Il y a déjà plusieurs jours, Ici Beyrouth, pointait déjà le «lâchage» de l’Iran. On ne joue manifestement pas dans la même cour. Téhéran a armé tous ceux qui pouvaient être utiles à ses desseins. Quels sont-ils? Le nucléaire, l’hégémonie régionale et la levée des sanctions. Tous les moyens sont bons. De là à venir à la rescousse de leurs alliés, taillés en pièces depuis un an, il n’y a qu’un pas que Téhéran se garde bien de franchir.
Pour revenir au Liban, si le conflit dure, il y a un risque majeur. Celui des tensions confessionnelles. Si le Hezbollah décide de «délocaliser» une partie de ses moyens humains et militaires vers des zones dites «sûres» – en gros, les régions chrétiennes –, il y a fort à parier que les habitants de ces régions ne vont pas accueillir ces nouveaux venus en sauveurs, ni en héros. Le risque de friction est grand. Les Israéliens, pour leur part, ont le champ libre. Brider Benjamin Netanyahou et son cabinet est totalement impossible. La communauté internationale est tétanisée par l’ampleur des attaques. Deux nouvelles divisions de réservistes ont été affectées au nord d’Israël.
Elles s’ajoutent à cinq divisions de l’armée régulière déjà sur place. Il leur faudra peut-être du temps pour se préparer et s’entraîner pour une incursion terrestre. Cela, dans tous les cas, veut dire que les jours sombres sont encore nombreux. Que les morts vont s’accumuler. Les Libanais sont depuis 50 ans les victimes expiatoires de conflits qui les dépassent. Et, pendant ce temps, à Gaza, que se passe-t-il? Ce n’est plus d’actualité.
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