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- L'éditorial - Banlieue-sud: le tragique tournant
Les insinuations, certaines particulièrement explicites, se multipliaient ces derniers temps dans les médias et sur les réseaux sociaux. Mais nul ne pouvait réellement imaginer que les Libanais seraient témoins des développements démentiels survenus dans la soirée et la nuit de ce vendredi 27 septembre et à l’aube de samedi. Nul ne s’imaginait que l’on arriverait à un tel bombardement, destructeur et sanglant, du siège du commandement central du Hezbollah, visant l’ensemble du directoire du parti pro-iranien, suivi quelques heures plus tard d’un déluge de fer et de feu sur la banlieue sud.
À l’aube de samedi, toutes les conséquences du raid de la veille, en termes des lourdes pertes en vies humaines (sans compter les retombées politiques) n’étaient pas encore totalement claires. Il faudra vraisemblablement plusieurs jours pour évaluer véritablement toute la portée du séisme auquel le pays a été confronté ces dernières heures, mais il est établi que le conflit armé entre Israël et le Hezbollah est rentré de plain-pied dans une nouvelle phase historique, à plus d’un égard, quelle que soit la tournure que prendront les événements.
Beaucoup d’encre a coulé récemment sur ce que certains ont qualifié de «lâchage» du Hezbollah par le pouvoir à Téhéran. Aussi bien le Guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei, que le nouveau président Massoud Pezechkian, ou aussi, et surtout, le vice-président Mohammed Djavad Zarif (qui prône l’ouverture sur l’Occident) ont multiplié les déclarations reflétant une volonté de composer avec les États-Unis et d’aboutir à un accord englobant, entre autres, le dossier nucléaire.
La nouvelle posture adoptée par les dirigeants à Téhéran, plus particulièrement par le Guide suprême, est-elle une position uniquement tactique, de la poudre aux yeux, visant à «anesthésier» l’adversaire dans l’espoir de lui arracher certains acquis, pour ensuite mieux rebondir? Ou, au contraire, le régime des mollahs aurait-il pris, enfin, conscience du fait qu’il n’a pas, objectivement, les moyens de faire face au gouffre technologique qui le sépare des États-Unis et d’Israël, comme l’illustrent la nature de la bombe utilisée contre le siège du commandement du Hezbollah et les moyens particulièrement sophistiqués mis en œuvre depuis un an par l’armée israélienne?
Le comportement de Téhéran au cours de cette nouvelle phase apportera une réponse à ces deux interrogations. Si le régime des mollahs est sorti de son carcan idéologique et en est venu à admettre la réalité en face, il ne faudra pas s’attendre à une réaction radicale et belliqueuse de sa part, au-delà des déclarations sans doute incendiaires dans les prochaines heures. Auquel cas, l’élection du président Pezechkian, qualifié de réformiste et modéré, ainsi que la petite phrase lancée récemment par Khamenei sur la nécessité d’un «repli tactique», politique et militaire, face à «l’ennemi», auront été les indices précurseurs d’un réel changement de cap à Téhéran.
Une autre interrogation surgit toutefois dans ce dernier cas de figure: en lançant le raid meurtrier et destructeur contre le quartier général du Hezbollah, le cabinet Netanyaou a-t-il bousculé toutes les lignes rouges, au point de pousser Khamenei à revoir sa copie face à un ennemi qui a démontré vendredi qu’il est déterminé à trancher définitivement, à aller jusqu’au bout dans la confrontation, même au risque d’ouvrir la voie à une guerre régionale? Le régime iranien a-t-il véritablement les moyens de relever le défi de Netanyahou, au-delà peut-être d’actions terroristes ponctuelles permettant de sauver la face?
Les incertitudes sur ce plan ne devraient pas tarder à être levées. Mais d’emblée, la nouvelle phase dans laquelle le Liban et la région se sont visiblement engagés imposent, une fois le choc surmonté, d’initier une réflexion profonde et radicale sur le bien-fondé du projet politique porté à bouts de bras ces dernières années par le Hezbollah; une réflexion, surtout, sur le sort subi par la communauté chitte depuis plusieurs décennies. Cette communauté (et les Libanais d’une manière générale) ne paie-t-elle pas aujourd’hui le prix de la marginalisation de dignitaires et de personnalités chiites clairvoyantes, telles que l’imam Moussa el-Sadr, l’imam Mohammed Mehdi Chamseddine, cheikh Mohammed Hussein Fadlallah, cheikh Hani Fahs, et bien d’autres, qui ont vu venir la catastrophe, qui ont mis en garde à maintes reprises contre le projet dévastateur khomeiniste et qui ont prôné une ligne de conduite libaniste, fondée sur des relations harmonieuses et équilibrées avec les autres composantes sociocommunautaires de la société libanaise?
La tragédie à laquelle la communauté chiite est confrontée aujourd’hui est trop grave pour ne pas engager dans un avenir proche une réflexion saine sur ces lourdes questions existentielles…
À l’aube de samedi, toutes les conséquences du raid de la veille, en termes des lourdes pertes en vies humaines (sans compter les retombées politiques) n’étaient pas encore totalement claires. Il faudra vraisemblablement plusieurs jours pour évaluer véritablement toute la portée du séisme auquel le pays a été confronté ces dernières heures, mais il est établi que le conflit armé entre Israël et le Hezbollah est rentré de plain-pied dans une nouvelle phase historique, à plus d’un égard, quelle que soit la tournure que prendront les événements.
Beaucoup d’encre a coulé récemment sur ce que certains ont qualifié de «lâchage» du Hezbollah par le pouvoir à Téhéran. Aussi bien le Guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei, que le nouveau président Massoud Pezechkian, ou aussi, et surtout, le vice-président Mohammed Djavad Zarif (qui prône l’ouverture sur l’Occident) ont multiplié les déclarations reflétant une volonté de composer avec les États-Unis et d’aboutir à un accord englobant, entre autres, le dossier nucléaire.
La nouvelle posture adoptée par les dirigeants à Téhéran, plus particulièrement par le Guide suprême, est-elle une position uniquement tactique, de la poudre aux yeux, visant à «anesthésier» l’adversaire dans l’espoir de lui arracher certains acquis, pour ensuite mieux rebondir? Ou, au contraire, le régime des mollahs aurait-il pris, enfin, conscience du fait qu’il n’a pas, objectivement, les moyens de faire face au gouffre technologique qui le sépare des États-Unis et d’Israël, comme l’illustrent la nature de la bombe utilisée contre le siège du commandement du Hezbollah et les moyens particulièrement sophistiqués mis en œuvre depuis un an par l’armée israélienne?
Le comportement de Téhéran au cours de cette nouvelle phase apportera une réponse à ces deux interrogations. Si le régime des mollahs est sorti de son carcan idéologique et en est venu à admettre la réalité en face, il ne faudra pas s’attendre à une réaction radicale et belliqueuse de sa part, au-delà des déclarations sans doute incendiaires dans les prochaines heures. Auquel cas, l’élection du président Pezechkian, qualifié de réformiste et modéré, ainsi que la petite phrase lancée récemment par Khamenei sur la nécessité d’un «repli tactique», politique et militaire, face à «l’ennemi», auront été les indices précurseurs d’un réel changement de cap à Téhéran.
Une autre interrogation surgit toutefois dans ce dernier cas de figure: en lançant le raid meurtrier et destructeur contre le quartier général du Hezbollah, le cabinet Netanyaou a-t-il bousculé toutes les lignes rouges, au point de pousser Khamenei à revoir sa copie face à un ennemi qui a démontré vendredi qu’il est déterminé à trancher définitivement, à aller jusqu’au bout dans la confrontation, même au risque d’ouvrir la voie à une guerre régionale? Le régime iranien a-t-il véritablement les moyens de relever le défi de Netanyahou, au-delà peut-être d’actions terroristes ponctuelles permettant de sauver la face?
Les incertitudes sur ce plan ne devraient pas tarder à être levées. Mais d’emblée, la nouvelle phase dans laquelle le Liban et la région se sont visiblement engagés imposent, une fois le choc surmonté, d’initier une réflexion profonde et radicale sur le bien-fondé du projet politique porté à bouts de bras ces dernières années par le Hezbollah; une réflexion, surtout, sur le sort subi par la communauté chitte depuis plusieurs décennies. Cette communauté (et les Libanais d’une manière générale) ne paie-t-elle pas aujourd’hui le prix de la marginalisation de dignitaires et de personnalités chiites clairvoyantes, telles que l’imam Moussa el-Sadr, l’imam Mohammed Mehdi Chamseddine, cheikh Mohammed Hussein Fadlallah, cheikh Hani Fahs, et bien d’autres, qui ont vu venir la catastrophe, qui ont mis en garde à maintes reprises contre le projet dévastateur khomeiniste et qui ont prôné une ligne de conduite libaniste, fondée sur des relations harmonieuses et équilibrées avec les autres composantes sociocommunautaires de la société libanaise?
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