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- Guerres à Gaza et au Liban: prémices d’un nouveau Moyen-Orient?
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a accueilli l’appel conjoint américano-français pour un cessez-le-feu au Liban de la même manière qu'il a réagi à la proposition de cessez-le-feu à Gaza du président américain Joe Biden.
Bien que cette déclaration ait été émise en coordination avec lui et approuvée par plusieurs pays occidentaux et arabes, M. Netanyahou s’est rétracté après sa publication et n’a pas abordé le sujet lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies.
Cet appel, formulé par les présidents Biden et Macron, visait à instaurer un cessez-le-feu de 21 jours au Liban afin de permettre une résolution diplomatique et de garantir le retour des civils des deux côtés de la frontière.
Il n’en reste pas moins que, dans le contexte d’escalade actuel, cette initiative semble vouée à l'échec.
En effet, Israël refuse tout cessez-le-feu et insiste pour poursuivre sa guerre contre le Hezbollah, allant jusqu’à envisager une opération terrestre pour atteindre ses objectifs: obtenir un cessez-le-feu, retirer les armes et les missiles du Sud jusqu'au nord du fleuve Litani, les renvoyer en Iran et empêcher définitivement toute nouvelle livraison d’armes au Hezbollah.
Avant de se rendre à New York, M. Netanyahou avait ordonné à l’armée de continuer les frappes aériennes au Liban, en ciblant les dirigeants du Hezbollah ainsi que leurs stocks d'armes et de missiles.
Il est parti fort du soutien intérieur visant à éloigner le Hezbollah des frontières et à garantir la sécurité nécessaire au retour des colons israéliens.
Certains ministres ont prévenu qu’ils quitteraient le gouvernement si Netanyahou acceptait un cessez-le-feu, et les colons du Nord lui ont même lancé cet appel: «Ce n’est pas le moment d’accepter une trêve, il faut terminer la guerre. Ne nous décevez pas».
Partant, les frappes israéliennes se sont poursuivies, visant des points de passage entre le Liban et la Syrie utilisés pour acheminer des armes iraniennes au Hezbollah.
Le refus d’Israël de la déclaration conjointe et la poursuite des affrontements militaires visent à faire pression sur le Hezbollah pour qu’il se plie à ses conditions.
Il faut savoir que Washington cherche à dissocier la crise libanaise de celle de Gaza et à promouvoir une solution diplomatique. Le but en étant d'empêcher Benjamin Netanyahou de transformer le Liban en un nouveau Gaza ou d’envahir le Liban-Sud pour y établir une zone tampon démilitarisée, ce qui pourrait déclencher une guerre totale dans la région.
Quant à Israël, il exige que le Liban-Sud soit dissocié de Gaza, que les armes et les missiles soient retirés au nord du Litani et renvoyés en Iran, et que la résolution 1701 soit appliquée dans son intégralité.
À la veille de l’Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a décidé de se rendre à New York après avoir été contacté par le président français et l’envoyé américain au Liban, Amos Hochstein, ainsi que par des responsables arabes et occidentaux pour participer aux discussions en cours, en particulier avec des responsables américains et français, dans le but d’obtenir un cessez-le-feu.
Najib Mikati a consulté le président du Parlement, Nabih Berry, qui, après s'être entretenu avec le Hezbollah, l’a mandaté pour gérer la situation. Berry a également informé Mikati qu’il l’autorisait à traiter la question.
M. Mikati avait déjà rencontré le conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah, Houssein Khalil, qui lui avait souhaité «tout le succès dans sa mission».
Selon les médias, le président Berry serait engagé dans une médiation sérieuse avec les Américains et d'autres parties afin de freiner l'escalade israélienne au Liban, soulignant que des mesures décisives sont attendues pour favoriser une solution politique.
M. Berry a insisté sur l’importance de ne pas dissocier la situation du Liban-Sud de celle de Gaza.
De son côté, Najib Mikati a intensifié ses contacts à New York pour trouver un consensus autour de la déclaration. Parmi les responsables rencontrés, Mikati a échangé avec le président iranien, Massoud Bezhchkian, qui avait précédemment déclaré à CNN que «le Hezbollah ne peut affronter seul Israël, et il ne faut pas permettre que le Liban devienne un nouveau Gaza entre les mains d’Israël».
M. Bezhchkian a fait part de ses craintes de voir le conflit dégénérer en une confrontation régionale aux conséquences dangereuses pour l’avenir mondial. Il a ajouté: «Nous sommes prêts à abandonner nos armes si Israël fait de même et si une organisation internationale garantit la sécurité de la région». Ces propos ont provoqué une réaction cinglante du guide suprême iranien, Ali Khamenei, qui les a qualifiés «d’erreur et de dérapage», tandis que le commandant des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, a affirmé que «le Hezbollah sortira victorieux et infligera un nouvel échec aux plans de ses ennemis. Même si les États-Unis, la France et le Royaume-Uni s'unissent, ils ne pourront pas vaincre le Hezbollah».
La guerre israélienne contre le Liban ne s’arrêtera pas avant que Benjamin Netanyahou n’atteigne ses objectifs, comme il l’a déclaré dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies.
Selon des sources diplomatiques, ce qui se passe au Liban ne prendra fin qu’une fois les objectifs d’Israël atteints. Cela servira alors de tremplin pour redéfinir la situation régionale et amorcer un règlement majeur, qui commencerait par la reconnaissance par Israël de la solution à deux États.
La déclaration de cessez-le-feu représente donc le point de départ des négociations pour arriver à cette solution.
Des responsables israéliens ont également affirmé que cette guerre pourrait bien être la dernière, et qu'ils ne souhaitent pas voir l’histoire se répéter comme à Gaza. Ainsi, ils se dirigent vers un nouveau Moyen-Orient.
Par ailleurs, les négociations américano-iraniennes visent à redéfinir le rôle de l'Iran dans la région, en rejetant son soutien aux milices armées et en interdisant toute ingérence dans les affaires des autres États.
Ce n’est qu’à ce moment-là que le projet de règlement durable pourra voir le jour, et que le Moyen-Orient pourra enfin connaître la paix.
L'Iran parviendra-t-il à gagner les faveurs des États-Unis, et Tel Aviv réussira-t-il à regagner la confiance de Washington?
La guerre dévastatrice à Gaza et au Liban sera-t-elle vraiment la dernière dans la région, et ouvrira-t-elle la voie à une solution durable?
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