« On ne rend jamais son dû à un maître quand on reste toujours et seulement l’élève » F.Nietzche
Quoiqu’il faille toujours se méfier du passage des concepts qui étudient l’individuel à ceux qui étudient le collectif, je vais tenter de démontrer comment la relation du sujet à la « dépendance/indépendance » sur le plan psychique pourrait éclairer sa position sociale relative à cette même question.
Dès que le nourrisson commence à marcher, il court et s’éloigne rapidement de sa mère. La mère va le rattraper et alors, s’établit entre eux une sorte de jeu qui pourrait signifier : tu peux t’éloigner de ta mère et chercher à t’échapper pour un espace de liberté, mais tu auras toujours besoin de ta mère. Tout au long de son évolution, surtout à l’adolescence, l’enfant qui n’est plus un enfant, mais qui n’est pas encore tout à fait adulte, veut démontrer le contraire : « Oui je cherche un espace de liberté, mais qui me permettrait, celui-là, de ne plus avoir besoin de toi ».
La plupart des mères ont tendance à vouloir maintenir leurs enfants dans cette situation de dépendance et beaucoup d’enfants renoncent à leur désir d’indépendance, de liberté et restent dépendants de leur mère. Les mères ne sont pas pour autant des tarées. Seulement, c’est une fonction qu’elles vont perdre : ne plus éduquer leurs enfants signifie pour elles leur inutilité…
Cette dynamique crée une tension psychique qui restera présente tout au long de la vie. La figure de la mère, ainsi que celle du père, vont se dupliquer et s’étendre à d’autres champs relationnels : les enseignants à l’école, puis les professeurs à l’université, les auteurs qui sont nos références, etc. Tous ceux et celles qui ont pu nous influencer à un moment donné de notre vie, nous placent dans une situation de « dette » vis-à-vis d’eux. Par exemple, et sur un plan collectif, devant l’effondrement total du pays, on entend parfois dire « Ah, si nous étions encore sous mandat français ! ». Devant notre échec à construire une nation, nous nous replions vers le temps où le mandataire gérait tout en y engageant sa responsabilité. La nôtre de responsabilité on l’oublie. Pourtant, devant l’échec, rien n’empêche un autre essai, puis un autre et encore un autre jusqu’à trouver la bonne formule. Il n’y a qu’à observer un enfant devant un jeu de construction. L’enfant finit bien par trouver la bonne formule. Le langage, comme outil, finit bien par nous permettre de trouver la solution.
Devant l’absence de la mère, l’enfant traumatisé réussit à dépasser le traumatisme, en utilisant le langage qui commence à s’offrir à lui.
En faisant disparaître sous le lit, puis apparaître une bobine reliée à un fil, il dit : « Fort (parti), Da (voilà) qui signifie en allemand PARTIE/(RE) -VOILÀ. Par cette maîtrise du langage, il devient l’agent de cette disparition et non plus l’objet qui la subit de la part de la mère.
Cette indépendance acquise grâce au langage n’est malheureusement pas le propre de toute l’humanité. Beaucoup d’êtres humains restent dépendants. Étienne de la Boétie l’a très bien compris. Dans son célèbre « Discours de la servitude volontaire », il saisit bien que s’il y a un dictateur, c’est parce que le peuple le veut. Gustave Le Bon observe le phénomène de la foule et Freud l’interprète avec les outils de la psychanalyse.
Comment donc les « aounistes » ont-ils accepté que Michel Aoun signe l’accord de Mar Michaël de 2006 ?
Dans la foule « organisée » comme on en trouve dans tous les mouvements populistes, les individus projettent leur Idéal du Moi sur le leader. L’Idéal du Moi est une instance psychique qui contient « le modèle auquel le sujet cherche à se conformer » (Laplanche et Pontalis). Ils s’appauvrissent d’une partie très importante de leur psychisme et n’ont plus qu’un seul Idéal du Moi, la personne du leader. Leurs convictions ont un caractère quasi divin et la parole du leader devient sacrée. C’est un phénomène de type hypnotique.
La dépendance de la foule à l’égard du leader devient totale.
L’allégeance d’un pays à l’égard d’un autre devient possible.
L’esprit « colonialiste » n’a pas, disparu avec la disparition du colonialisme. « La servitude volontaire » est toujours présente et il est tellement facile et reposant de se laisser penser et diriger par autrui.
C’est la signification du petit dessin tiré d’un livre de Wilhelm Reich, Écoute petit d’homme. Libéré parce que la chaîne qui le retenait prisonnier s’est cassée, il crie « NON ! ».
Quoiqu’il faille toujours se méfier du passage des concepts qui étudient l’individuel à ceux qui étudient le collectif, je vais tenter de démontrer comment la relation du sujet à la « dépendance/indépendance » sur le plan psychique pourrait éclairer sa position sociale relative à cette même question.
Dès que le nourrisson commence à marcher, il court et s’éloigne rapidement de sa mère. La mère va le rattraper et alors, s’établit entre eux une sorte de jeu qui pourrait signifier : tu peux t’éloigner de ta mère et chercher à t’échapper pour un espace de liberté, mais tu auras toujours besoin de ta mère. Tout au long de son évolution, surtout à l’adolescence, l’enfant qui n’est plus un enfant, mais qui n’est pas encore tout à fait adulte, veut démontrer le contraire : « Oui je cherche un espace de liberté, mais qui me permettrait, celui-là, de ne plus avoir besoin de toi ».
La plupart des mères ont tendance à vouloir maintenir leurs enfants dans cette situation de dépendance et beaucoup d’enfants renoncent à leur désir d’indépendance, de liberté et restent dépendants de leur mère. Les mères ne sont pas pour autant des tarées. Seulement, c’est une fonction qu’elles vont perdre : ne plus éduquer leurs enfants signifie pour elles leur inutilité…
Cette dynamique crée une tension psychique qui restera présente tout au long de la vie. La figure de la mère, ainsi que celle du père, vont se dupliquer et s’étendre à d’autres champs relationnels : les enseignants à l’école, puis les professeurs à l’université, les auteurs qui sont nos références, etc. Tous ceux et celles qui ont pu nous influencer à un moment donné de notre vie, nous placent dans une situation de « dette » vis-à-vis d’eux. Par exemple, et sur un plan collectif, devant l’effondrement total du pays, on entend parfois dire « Ah, si nous étions encore sous mandat français ! ». Devant notre échec à construire une nation, nous nous replions vers le temps où le mandataire gérait tout en y engageant sa responsabilité. La nôtre de responsabilité on l’oublie. Pourtant, devant l’échec, rien n’empêche un autre essai, puis un autre et encore un autre jusqu’à trouver la bonne formule. Il n’y a qu’à observer un enfant devant un jeu de construction. L’enfant finit bien par trouver la bonne formule. Le langage, comme outil, finit bien par nous permettre de trouver la solution.
Devant l’absence de la mère, l’enfant traumatisé réussit à dépasser le traumatisme, en utilisant le langage qui commence à s’offrir à lui.
En faisant disparaître sous le lit, puis apparaître une bobine reliée à un fil, il dit : « Fort (parti), Da (voilà) qui signifie en allemand PARTIE/(RE) -VOILÀ. Par cette maîtrise du langage, il devient l’agent de cette disparition et non plus l’objet qui la subit de la part de la mère.
Cette indépendance acquise grâce au langage n’est malheureusement pas le propre de toute l’humanité. Beaucoup d’êtres humains restent dépendants. Étienne de la Boétie l’a très bien compris. Dans son célèbre « Discours de la servitude volontaire », il saisit bien que s’il y a un dictateur, c’est parce que le peuple le veut. Gustave Le Bon observe le phénomène de la foule et Freud l’interprète avec les outils de la psychanalyse.
Comment donc les « aounistes » ont-ils accepté que Michel Aoun signe l’accord de Mar Michaël de 2006 ?
Dans la foule « organisée » comme on en trouve dans tous les mouvements populistes, les individus projettent leur Idéal du Moi sur le leader. L’Idéal du Moi est une instance psychique qui contient « le modèle auquel le sujet cherche à se conformer » (Laplanche et Pontalis). Ils s’appauvrissent d’une partie très importante de leur psychisme et n’ont plus qu’un seul Idéal du Moi, la personne du leader. Leurs convictions ont un caractère quasi divin et la parole du leader devient sacrée. C’est un phénomène de type hypnotique.
La dépendance de la foule à l’égard du leader devient totale.
L’allégeance d’un pays à l’égard d’un autre devient possible.
L’esprit « colonialiste » n’a pas, disparu avec la disparition du colonialisme. « La servitude volontaire » est toujours présente et il est tellement facile et reposant de se laisser penser et diriger par autrui.
C’est la signification du petit dessin tiré d’un livre de Wilhelm Reich, Écoute petit d’homme. Libéré parce que la chaîne qui le retenait prisonnier s’est cassée, il crie « NON ! ».
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