L’indépendance à mériter
©La résistance, c'est poser le vrai problème, notamment l’hégémonie du Hezbollah (photo AFP/Anwar Amro).
Parler aujourd’hui d’indépendance, ou pire encore, fêter l’indépendance est non seulement du folklore démodé, mais un jeu de guignols et surtout un mensonge grossier, sinon une honte ! Parler d’indépendance est de l’hypocrisie pure quand le Hezbollah, fort de sa milice et de son alliance avec Téhéran, jouit d’un pouvoir supra-constitutionnel, lui donnant la latitude d’imposer le président et le gouvernement de son choix, de bloquer les rouages des systèmes parlementaire et judiciaire et de contrôler « manu militari » des zones entières du pays.
Pour ceux qui confondent vessies et lanternes et qui fêtent l’indépendance : être un pays indépendant veut dire que le pouvoir exécutif prend ses décisions librement, que la souveraineté nationale est assurée sur tout le territoire à travers les forces armées légales, que l’État a l’exclusivité de la politique étrangère, de la perception des taxes et de la politique générale, que les intérêts suprêmes de la nation ne sont pas menacés par une milice locale qui jouit d’une couverture illégitime, que les influences nuisibles des puissances régionales sont nulles ou contrebalancées, que le Liban est respecté par la communauté internationale et arabe et que les citoyens libanais vivent leur liberté dans toutes ses dimensions.
Seuls les aveugles et les personnes atteintes de myopie incurable perçoivent une indépendance ; honte à ceux qui en parlent ! Honte aux arrivistes et aux lâches qui délibérément fournissent une couverture à la dépendance du Liban vis-à-vis de l’Iran ; ils ont l’art et l’habileté du mensonge qui consiste à vider les mots et expressions de leur vrai sens. L’aliénation et la servitude sont sans équivoque ; les arrivistes et les lâches les enduisent de cosmétiques grossiers et bon marché.
Messieurs du pouvoir, vous n’avez pas le courage de nommer les choses par leur nom, nous le savions, mais ayez au moins la courtoisie de vous taire ! Nous ne pouvons certainement pas compter sur vous pour retrouver notre vraie indépendance ; cela, nous le savons également. Nous devinons aussi que le jour où cette indépendance sera recouvrée, vous vous bousculerez pour vous installer aux premiers rangs de la parade, vous retournerez votre veste, vous mentirez quant à votre passé peu honorable – comme toujours d’ailleurs – car le mensonge est votre outil préféré et vous serez parfaitement conscient du fait que vous ne méritiez pas cette indépendance.

L’indépendance se mérite et pour la mériter, la résistance à l’hégémonie iranienne et à tout autre forme d’hégémonie ou d’occupation s’impose. À cette fin, les Libanais ne peuvent compter que sur eux-mêmes, inspirés par une poignée d’irréductibles, dont une bonne partie a grandi et mûri en résistant aux occupations et aux pollutions intellectuelles que certains ne cessent de disséminer et de répliquer depuis trente ans. La résistance est une raison d’être, surtout pour ceux qui ont vécu sous l’occupation de l’armée du régime totalitaire de Damas et de ses vassaux dans les institutions militaires et sécuritaires libanaises.
La résistance est avant tout une culture, une échelle de valeurs morales, un devoir national, un état d’âme et non pas une résistance armée, ni un mouvement disparate de foules. La résistance se retrouve dans la pensée et se traduit par la parole et l’action, sans aucun congé et sans aucun compromis ; elle consiste à se faire entendre autrement du monde arabe et du monde libre, à démontrer du sérieux, de la cohérence, à poser le vrai problème, notamment l’hégémonie du Hezbollah. Notre résistance consiste en notre engagement pour la culture des droits de l'homme et des libertés publiques et à sortir des appartenances tribales. C’est alors que nous pourrons mériter notre indépendance.
L’indépendance est à récupérer en s’opposant fermement aux forces obscures qui s’acharnent à éroder les institutions constitutionnelles, paralysent délibérément le bon fonctionnement de l’appareil d’État et visent à démoraliser les Libanais, ce qui conduirait in fine à l’effondrement du pouvoir. Ces forces obscures nuisent non seulement au Liban, mais à tout le Moyen-Orient, voire au monde entier. Les puissances occidentales cherchent un compromis avec l’Iran, le mentor principal de ces forces, de la même façon que Londres et Paris avaient composé avec Hitler en 1938 ; le résultat fut une guerre mondiale dévastatrice, mais qui a fini par établir un nouvel ordre mondial décent.
Pour conclure, les opportunités historiques ont toujours été saisies par les Libanais, que ce soit la Moutassarrifiya de 1861, le « Grand Liban » de 1920, la République libanaise de 1943, ou les accords de Taëf de 1990. Ces grands moments de l’Histoire ont toujours été des réponses aux aspirations libanaises qui ont nécessité de lourds sacrifices. La communauté internationale avait aidé à réaliser toutes les ambitions des Libanais, leur laissant le soin de les mettre en application librement. La mort annoncée du Liban par les pleureuses, les rouspéteurs et les oiseaux de mauvais augure ne viendra qu’aux calendes grecques et ceux qui la souhaitent peuvent attendre encore longtemps.
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