©Des professeurs contractuels lors d’un des sit-in organisés pour réclamer leur droit à la titularisation.
Photo Nadi Nammar
Au terme d’une grève qui a duré deux mois, les professeurs titulaires de l’Université libanaise (UL) ont décidé de suspendre leur grève. Les cours devraient reprendre normalement demain mardi 23 novembre. Cent mille étudiants comptent sur cette porte de secours pour accéder à une bonne formation universitaire et assurer leur gagne-pain dignement.
Le président du comité exécutif de la Ligue des professeurs titulaires, Amer Halawani, ne cache pas son scepticisme. La grève est menée principalement par un millier de professeurs contractuels, pour faire valoir leurs droits et réclamer le décret de leur titularisation, qui tarde à être publié. Ce dossier date de 2017 et exige une mise à jour par le nouveau recteur, incluant le passage obligé par l’équilibre confessionnel. En 2014, ils étaient 45 à 47 % de contractuels chrétiens contre 53 à 55 % de musulmans.
Pour sauver l’année universitaire, les professeurs titulaires, répartis sur les seize facultés de l’UL, commenceront dès demain à donner des cours intensifs, alors que les contractuels maintiendront la grève, pour pousser le Conseil des ministres à se réunir et approuver leur titularisation. Dès qu’ils auront obtenu gain de cause, ils prendront la relève et assureront des sessions intensives à leur tour. « Cela est récupérable, affirme M. Halawani. Même les facultés de médecine, de technologie et de génie qui démarrent normalement tôt, pourront se rattraper. »
Interrogé sur le nombre d’étudiants inscrits pour l’année universitaire 2021-2022, il préfère ne peut se prononcer, d’autant que les inscriptions seront ouvertes durant un mois supplémentaire. M. Halawani ne nie pas que certains étudiants aient dû choisir en désespoir de cause, d’autres établissements, malgré les retombées tragiques de la crise économique qui sévit au Liban et qualifiée par la Banque mondiale comme étant « la plus grave et la plus sévère au monde ». Cette même banque avait promis, rappelons-le,14 millions de dollars de subventions à l’UL, lors du mandat de l’ancien recteur Fouad Ayoub. Les négociations se poursuivent dans ce sens menées par le nouveau recteur Bassam Badran, en partenariat avec le ministre de l’Éducation, Abbas Halabi, qui conformément à la loi remplace le conseil des doyens de l’UL qui n’a pas encore été élu.
Démissions en série
Qu’en est-il des 2000 contractuels qui ne sont pas concernés par la titularisation ? « Ils sont dans une très mauvaise passe et sont divisés par rapport à la grève, répond M. Halawani. Ceux qui ne possèdent pas les critères requis pour la titularisation, constituent la majorité des enseignants et ne sont pas encore représentés officiellement par un comité. Ils encaisseront toujours les mêmes revenus, devenus complètement dérisoires et réglés toujours avec un an ou deux de retard. »
Depuis le début de la crise, 250 professeurs ont présenté leur démission, d’autres sous le choc, ont filé sans crier gare. À Tripoli, sur le campus des sciences, de génie et de l’architecture, les bâtiments sont en état de délabrement total et la société en charge des travaux de maintenance a rompu son contrat. Le même danger guette la cité universitaire de Hadath et risque de s’étendre à toutes les branches de l’UL.
Très actif sur le terrain, Nadi Nammar, architecte, membre de l’association des représentants des professeurs contractuels éligibles à la titularisation et représentant de la faculté des beaux-arts, section 2, déclare à _Ici _Beyrouth :__ « Pour faire entendre notre voix, nous avons été forcés de recourir aux sit-in et aux grèves. Les cours ne reprendront qu’à une seule condition, celle de la mise en vigueur de la titularisation par le conseil des ministres. »
« Les étudiants sont le cœur battant de notre université, mais si les professeurs contractuels s’effondrent, c’est toute la structure de l’UL qui s’écroule, s’indigne-t-il. Une fois nos droits lésés acquis, la grève sera immédiatement suspendue et les cours reprendront à la vitesse supérieure, même si nous devons bosser tout l’été. Nos revendications sont assez claires, nettes et précises : la titularisation ! Le recteur lui-même est très coopératif et promet la publication du décret avant la fin de l’année. Mais les promesses, devenues monnaie courante au Liban dégénèrent en atermoiements. C’est pourquoi bec et ongles, nous poursuivrons le combat. »
Quid des salaires qui restent en livres libanaises ? « Il n’y aura pas d’ajustement de rémunération, déplore M. Nammar. Mais les professeurs titulaires recevront une augmentation de 50 % sur leur salaire mensuel et 20 millions de livres libanaises au titre de bonus. La situation des contractuels est très alarmante. La plupart touchent entre 40 000 et 85 000 livres libanaises par heure. Deux cent heures d’enseignement ne leur rapportent plus que 8 millions de livres libanaises annuellement, versées avec un retard de deux ans. Le tragique côtoie l’absurde. »
En définitive, les cours reprendront en présentiel et en ligne pour des raisons aussi bien sanitaires qu’économiques. Les étudiants et les enseignants sont au même titre les victimes du clientélisme politique et confessionnel qui gangrène l’Université libanaise. À cela, se rajoutent les retombées de l’hyperinflation et la hausse vertigineuse du dollar sur le marché noir qu’exacerbent le manque de solutions préconisées et l’absence de réformes.
L’un des plus beaux bâtiments de l’Université libanaise, la Faculté des beaux-arts et d’architecture, section 2, Furn el-Chebback. Photo Nadi Nammar
Le président du comité exécutif de la Ligue des professeurs titulaires, Amer Halawani, ne cache pas son scepticisme. La grève est menée principalement par un millier de professeurs contractuels, pour faire valoir leurs droits et réclamer le décret de leur titularisation, qui tarde à être publié. Ce dossier date de 2017 et exige une mise à jour par le nouveau recteur, incluant le passage obligé par l’équilibre confessionnel. En 2014, ils étaient 45 à 47 % de contractuels chrétiens contre 53 à 55 % de musulmans.
Pour sauver l’année universitaire, les professeurs titulaires, répartis sur les seize facultés de l’UL, commenceront dès demain à donner des cours intensifs, alors que les contractuels maintiendront la grève, pour pousser le Conseil des ministres à se réunir et approuver leur titularisation. Dès qu’ils auront obtenu gain de cause, ils prendront la relève et assureront des sessions intensives à leur tour. « Cela est récupérable, affirme M. Halawani. Même les facultés de médecine, de technologie et de génie qui démarrent normalement tôt, pourront se rattraper. »
Interrogé sur le nombre d’étudiants inscrits pour l’année universitaire 2021-2022, il préfère ne peut se prononcer, d’autant que les inscriptions seront ouvertes durant un mois supplémentaire. M. Halawani ne nie pas que certains étudiants aient dû choisir en désespoir de cause, d’autres établissements, malgré les retombées tragiques de la crise économique qui sévit au Liban et qualifiée par la Banque mondiale comme étant « la plus grave et la plus sévère au monde ». Cette même banque avait promis, rappelons-le,14 millions de dollars de subventions à l’UL, lors du mandat de l’ancien recteur Fouad Ayoub. Les négociations se poursuivent dans ce sens menées par le nouveau recteur Bassam Badran, en partenariat avec le ministre de l’Éducation, Abbas Halabi, qui conformément à la loi remplace le conseil des doyens de l’UL qui n’a pas encore été élu.
Démissions en série
Qu’en est-il des 2000 contractuels qui ne sont pas concernés par la titularisation ? « Ils sont dans une très mauvaise passe et sont divisés par rapport à la grève, répond M. Halawani. Ceux qui ne possèdent pas les critères requis pour la titularisation, constituent la majorité des enseignants et ne sont pas encore représentés officiellement par un comité. Ils encaisseront toujours les mêmes revenus, devenus complètement dérisoires et réglés toujours avec un an ou deux de retard. »
Depuis le début de la crise, 250 professeurs ont présenté leur démission, d’autres sous le choc, ont filé sans crier gare. À Tripoli, sur le campus des sciences, de génie et de l’architecture, les bâtiments sont en état de délabrement total et la société en charge des travaux de maintenance a rompu son contrat. Le même danger guette la cité universitaire de Hadath et risque de s’étendre à toutes les branches de l’UL.
Très actif sur le terrain, Nadi Nammar, architecte, membre de l’association des représentants des professeurs contractuels éligibles à la titularisation et représentant de la faculté des beaux-arts, section 2, déclare à _Ici _Beyrouth :__ « Pour faire entendre notre voix, nous avons été forcés de recourir aux sit-in et aux grèves. Les cours ne reprendront qu’à une seule condition, celle de la mise en vigueur de la titularisation par le conseil des ministres. »
« Les étudiants sont le cœur battant de notre université, mais si les professeurs contractuels s’effondrent, c’est toute la structure de l’UL qui s’écroule, s’indigne-t-il. Une fois nos droits lésés acquis, la grève sera immédiatement suspendue et les cours reprendront à la vitesse supérieure, même si nous devons bosser tout l’été. Nos revendications sont assez claires, nettes et précises : la titularisation ! Le recteur lui-même est très coopératif et promet la publication du décret avant la fin de l’année. Mais les promesses, devenues monnaie courante au Liban dégénèrent en atermoiements. C’est pourquoi bec et ongles, nous poursuivrons le combat. »
Quid des salaires qui restent en livres libanaises ? « Il n’y aura pas d’ajustement de rémunération, déplore M. Nammar. Mais les professeurs titulaires recevront une augmentation de 50 % sur leur salaire mensuel et 20 millions de livres libanaises au titre de bonus. La situation des contractuels est très alarmante. La plupart touchent entre 40 000 et 85 000 livres libanaises par heure. Deux cent heures d’enseignement ne leur rapportent plus que 8 millions de livres libanaises annuellement, versées avec un retard de deux ans. Le tragique côtoie l’absurde. »
En définitive, les cours reprendront en présentiel et en ligne pour des raisons aussi bien sanitaires qu’économiques. Les étudiants et les enseignants sont au même titre les victimes du clientélisme politique et confessionnel qui gangrène l’Université libanaise. À cela, se rajoutent les retombées de l’hyperinflation et la hausse vertigineuse du dollar sur le marché noir qu’exacerbent le manque de solutions préconisées et l’absence de réformes.
L’un des plus beaux bâtiments de l’Université libanaise, la Faculté des beaux-arts et d’architecture, section 2, Furn el-Chebback. Photo Nadi Nammar
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