Siniora s'inquiète d'une mainmise du Hezbollah sur le Liban
Fouad Siniora reste imperturbable face aux attaques formulées à son encontre par les adhérents du Courant du Futur et a décidé de ne pas y répondre. C’est précisément ce qu’il a fait lorsque le secrétaire général du Courant du Futur Ahmad Hariri a critiqué sa déclaration diffusée le 23 février dernier, dans laquelle il appelait à participer aux élections législatives prévues le 15 mai prochain, en publiant une photo de Saad Hariri assortie du commentaire: «Seule votre position me représente».

Cependant, l’attention de l'ancien Premier ministre reste actuellement centrée sur les moyens de constituer un leadership collectif pour mener les élections dans les régions sunnites, notamment à Beyrouth et dans le nord du pays, afin de combler le vide laissé par la décision de Saad Hariri de suspendre son activité politique et son refus de présenter des candidats liés au Courant du Futur aux prochaines élections.

Dans les cercles privés et peu avant la clôture du délai constitutionnel d’enregistrement des candidatures le 15 mars, Fouad Siniora a fait part de ses craintes de voir le Hezbollah et ses alliés remporter plus des deux tiers des sièges au Parlement, ce qui lui permettrait de réaliser deux objectifs, à savoir: procéder à une réforme de la Constitution, qui requiert le vote des deux tiers des députés, afin d’y inclure un texte explicite qui légitimerait les armes du parti, barrant ainsi la voie à toutes les demandes de son désarmement. La Constitution actuelle du Liban stipule que seul l’État dispose du monopole des armes. Et si le Hezbollah atteignait cet objectif, les résolutions internationales, notamment les 1559 et 1701 qui résument à elles seules les revendications pour désarmer le parti, seront vidées de leur sens.

En outre, une victoire du parti chiite et de ses alliés avec une majorité des deux tiers des sièges au prochain Parlement le dotera du pouvoir absolu de placer un nouveau président de la République qu’il choisira directement sans avoir à conclure des accords avec les partis non alliés, comme ce fut le cas lors des élections de 2016. À l’époque, le Hezbollah s’était vu contraint de sceller un accord avec le chef du Courant du Futur Saad Hariri pour assurer la majorité des voix requises afin d’élire son allié Michel Aoun à la tête de l'État.


Partant de ces craintes, l'ancien Premier ministre ajoute celle encore plus sérieuse de voir la mainmise du parti pro-iranien sur le Liban, ce qui lui permettra d'offrir à Téhéran une influence officielle incontestée. Ce faisant, le Hezbollah aura atteint le but ultime depuis sa création dans les années 80, en alignant le Liban à l'Iran tout en l’éloignant de ses voisins arabes, tel que consacré par la Constitution actuelle.

En réponse aux questions sur la possibilité de faire face à l’éventualité dangereuse de voir le parti chiite et ses alliés remporter deux tiers des sièges au Parlement élu, Fouad Siniora répond que son initiative d’agir pour combler le vide laissé par le repli de Saad Hariri a été favorablement accueillie au niveau sunnite d’abord, national ensuite et enfin arabe, sans pour autant donner plus de détails à ce sujet.

De même, lorsqu’il est interrogé sur ses attentes concernant les résultats des prochaines élections, il souligne que trois possibilités existent: échouer, limiter les dégâts ou vaincre. L'ancien Premier ministre fait part enfin de sa conviction qu'il faut encourager les citoyens à participer aux élections, quel qu’en soit les incertitudes, afin d'empêcher le Hezbollah d’atteindre ses objectifs.
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