Yasmina Farah Massoud chante Barbara - L’amour de la grande dame brune en partage
Elle porte la voix de Barbara comme une seconde peau. Au point de faire corps avec elle. Les deux sont brunes. On pourrait les confondre. Yasmina Farah Massoud a épousé son rôle jusque dans ses moindres détails, offrant aux spectateurs éblouis, une version 3.0 de Barbara. Elle a poussé sa passion pour la musique et le chant jusqu’au point d’organiser des concerts humanitaires pour venir en aide à des ONG qui défendent les causes chères à son cœur. Rencontre.

Pourquoi la « passion Barbara » en particulier ?

D’abord, parce que Barbara est surtout une grande rebelle, ce à quoi je m’identifie beaucoup. Pas rebelle pour le plaisir de l’être, mais rebelle parce qu’elle a cassé les codes et rebelle contre sa condition. En pleine époque yéyé suivie de folie disco (années 60 puis 70), elle réussit à percer en osant la sobriété d’un « piano-voix », en écrivant ses propres chansons, des chansons à texte, des chansons au génie poétique singulier, puisées dans le vécu, auxquelles les gens pouvaient s’identifier, en chantant des chansons d’amour écrites par une femme (elle), alors qu’elle avait débuté en chantant les chansons des autres, surtout des hommes (Brel, Brassens). J’aime casser les codes, refuser les archétypes, défier l’ordre établi (surtout quand il ne m’apporte pas du bonheur) et aller jusqu’au bout de mes rêves, même si y arriver voudrait dire inconfort ou inconvenance. Rebelle contre sa condition de femme profondément salie (par l’inceste), cela sans compter les humiliations infligées par la vie et la longue route semée d’embûches vers le succès. Barbara transfigure la douleur, elle la transforme et la recrache en sublime. Cette manière de resurgir du fond du fond et de se réinventer pour ne pas rater sa vie (puisqu’on en a qu’une) est admirable. En cela, je crois aussi, même si mon enfance à moi fut fort heureuse et que mes souffrances et mes démons - nous en avons tous- sont loin de se mesurer aux siens, resurgir de nos traumas à travers l’art, la musique, en parsemant du beau, est une belle leçon de vie.

Parlez-nous des concerts donnés au profit de l’association Birth and Beyond


D’abord il y eut le rêve de chanter Barbara. Puis deux ans (sur sept ans de technique vocale) d’entraînement intense dans ce but précis : donner un récital pour Barbara et assurer. Un jour, je me réveille et je chante un répertoire entier de ses chansons si difficiles à interpréter. Je trouve enfin la légitimité de monter sur scène. Sauf que l’un de mes credo est que toute grâce est faite pour être partagée. Il fallait donc que l’entreprise ait un but, un sens, une dimension humaine et non seulement artistique. L’association Birth and Beyond est la quintessence de l’« humain ». Depuis sa création par le Dr Robert Sacy (pédiatre), M. Abboud Chami et toute une équipe de héros au service des enfants, je m’active pour les aider, d’une manière ou d’une autre. La mission de l’ONG étant de prodiguer des soins médicaux aux enfants de la misère dont les familles ne peuvent pas assurer les frais, de mettre à disposition des couveuses pour les prématurés issus de parents sans le sou et qui ne peuvent se payer une couveuse en hôpital privé (il n’y avait qu’une ou deux couveuses dans les hôpitaux gouvernementaux avant le projet ASSAMEH BB Néonatal) etc. C’est dans cette même lignée d’actes au profit de l’ONG que je décidai de reverser l’intégralité des recettes de mes concerts « Barbara » à l’ONG. La générosité des Libanais est sans bornes et Dieu sait qu’en ce moment nous pataugeons tous dans la privation. Mais 50 millions de livres libanaises récoltées en trois dates de concert !



Comptez-vous poursuivre cette mission caritative ?

Évidemment ! Le 27 novembre, je chante Barbara sur la scène du Grand Lycée Franco-Libanais au profit de ASSAMEH BB. Je suis très reconnaissante au GLFL d’avoir pris cette initiative. Ils avaient beaucoup aimé le récital et m’avaient proposé d’emmener Barbara, essence de la musique française, sur une scène qui est au croisement de nos deux cultures, au sein de cet établissement garde-fou de la francophonie. Mais ils avaient également requis que le concert soit donné au profit de l’association. Et nous voici donc. Faire le bien. Donner. Voilà ce qui nous sauve et nous sauvera toujours, des confins de l’enfer, en plein œil du cyclone.
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