Tsonga tire sa révérence, les Mousquetaires ne seront bientôt plus que trois
Le corps a dit stop et cette fois Jo-Wilfried Tsonga l'a écouté: l'ex-N.5 mondial a annoncé mercredi qu'il tirerait sa révérence après Roland-Garros (22 mai-5 juin), devenant le premier des Mousquetaires à quitter l'arène.

"Depuis quelques semaines, j'ai décidé que j'allais arrêter à Roland cette année. Ce sera mon 15e Roland": c'est dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux que le joueur, retombé au 220e rang mondial et qui sort de quatre années minées par les blessures, annonce sa prochaine retraite d'une voix douce mais déterminée.

Il aura 37 ans, l'un des plus beaux palmarès du tennis français, et pourra fièrement montrer à ses enfants une armoire à trophées bien garnie depuis ses débuts professionnels en 2004: 18 titres (seul Noah a fait mieux), 45 victoires contre le Top 10, dont 3 face au N.1 mondial, au moins deux victoires contre tous les membres du Big4 (Federer, Nadal, Djokovic et Murray), des quarts de finale joués dans les quatre Majeurs et une finale à l'Open d'Australie (2008).

Sans compter une médaille d'argent en double avec Michaël Llodra aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et des exploits en Coupe Davis, jusqu'au titre en 2017, avec ses compères Gilles Simon, Richard Gasquet et Gaël Monfils, les nouveaux Mousquetaires qui vont bientôt se retrouver à trois.

Il ne lui manquera que ce titre du Grand Chelem qui sacre les plus grands. Un titre d'autant plus compliqué à décrocher qu'il a fait sa carrière durant le règne du Big 4.

"What a run (quel parcours)! Merci pour tout, Jo!", a réagi l'ATP sur Twitter où la FFT lui a donné "rendez-vous à Roland-Garros pour vibrer une dernière fois ensemble".

"Planifier la sortie"

Mais son corps ne lui a laissé quasiment aucun moment de répit ces dernières années: outre une drépanocytose sous-jacente (maladie génétique touchant les globules rouges et provoquant de grosses fatigues), il a souffert des genoux, des vertèbres, de l'articulation sacro-iliaque qui s'est calcifiée, l'obligeant à abandonner au premier tour de l'Open d'Australie en 2020.

Il n'avait ensuite repris qu'en pointillés la saison 2021, fin février à Montpellier, avant d'y mettre un terme sur une défaite au premier tour à Wimbledon.

Il était revenu à la compétition cette année avec dans l'idée de "planifier (sa) sortie" et pour que ses enfants voient que leur père "est un gagneur", avait-il indiqué à l'AFP en février avant l'Open 13 à Marseille.


La décision mûrissait donc depuis longtemps et restait à trouver le bon moment.

"Tous les jours depuis plusieurs années il y a un moment dans la journée où je me dis +qu'est-ce que je fais, pourquoi je me fais du mal comme ça, est-ce qu'il y a encore une raison à ce que je fasse tous ces efforts?+", explique dans sa vidéo le Manceau, confortablement installé sur un canapé avec son épouse à ses côtés.

"Un dernier frisson"

"Ma tête me dit +tu peux jouer toute ta vie+, mais le corps me rappelle que mes aptitudes à me dépasser ne sont plus là. Mon corps me dit +tu n'es plus capable d'aller plus loin que ce que je te donne+. Avant, c'est ce que je faisais tous les jours", poursuit-il.

Alors pourquoi à Roland-Garros ?

"Pour un dernier frisson. C'est le tournoi qui représente le mieux tout ce que j'ai fait", estime-t-il.

Avec son jeu puissant et athlétique, il a atteint deux fois les demi-finales sur la terre battue parisienne: en 2013 il a perdu contre Ferrer (5e mondial) après avoir éliminé Federer (3e) en quarts, et en 2015 il n'a cédé que face au futur lauréat Wawrinka (9e) après avoir écarté Berdych (4e) et Nishikori (5e) en 8e et en quarts.

Une inquiétude plane cependant, liée à son état physique.

"J'espère que d'ici-là je resterai en forme et que je serai capable d'être celui que j'ai toujours été dans ce tournoi. Le but c'est d'être moi-même, Jo-Wilfried Tsonga le joueur de tennis. J'ai toujours voulu être performant, me mettre des objectifs au top. Ce sera l'occasion de le faire une dernière fois", insiste-t-il.

Invité, il pourra se préparer dans quelques jours au Masters 1000 de Monte-Carlo qui démarre dimanche. Mais d'ores et déjà, les yeux dans le vague et la voix soudain plus tremblante, il a conclu son annonce vidéo mercredi sur un: "Rendez-vous à Roland-Garros 2022... Ça va être bien".
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