La vague de départs, fussent-ils par les airs ou par la mer, ne fait que s’amplifier. La paupérisation de la population libanaise, touchée par une multitude de crises, pousse les Libanais à chercher des ciels plus cléments.
Ahmad a vu son frère Ezzat quitter sans sourciller ni se retourner, Tripoli, ville portuaire du Liban-nord devenue une plate-forme incontournable de la migration clandestine en mer. Mis sous le fait accompli, il n’a pu que suivre avec beaucoup d’inquiétude les péripéties du voyage de son frère, arrivé dimanche en Italie, après une traversée de deux semaines en Méditerranée, en compagnie d’une soixantaine de personnes, dont des femmes et des enfants. La vidéo des boat-people libanais, à l’étroit sur leur embarcation, avait fait le tour des réseaux sociaux.
Fils d’une famille nombreuse, 5 garçons et 5 filles, « une équipe de foot si l’on compte les parents », comme s’amuse à le rappeler Ahmad, la fratrie a grandi au quartier d’el-Mina à Tripoli. La mer n’a pas de secrets pour eux.
Gardien d’immeuble, père de trois enfants dont l’aîné a 7 ans, Ezzat, la quarantaine, survivait avec la modique somme de 400 000 livres libanaises par mois, soit 20 dollars américains ! « Il lui était impossible de nourrir sa famille, de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires », raconte Ahmad. Acculé, le choix de prendre le large au péril de sa vie et de celle de sa famille s’impose à Ezzat pour qui partir du Liban est devenu une obsession. « Lorsqu’on n’a plus rien à perdre, plutôt mourir une fois que de mourir à petit feu au fil des jours », disait-il à son frère.
Ezzat n’est pas à son premier coup d’essai. Il avait déjà tenté de prendre la mer il y a un an, mais son voyage tourne court vite. Il prend fin à Chypre où il est arrêté et refoulé. Ezzat retourne à la case départ, sans renoncer cependant à l’idée de réessayer jusqu’à ce que sa tentative aboutisse. Il ne dit rien à personne et continue d’économiser pour cette traversée qui coûte curieusement cher : entre 3000 et 7000 dollars (frais), selon la taille de la famille. Ezzat va jusqu’à s’endetter pour réaliser son rêve. La famille l’aide à arrondir ses fins de mois mais elle est à mille lieux de penser qu’il allait tenter de nouveau l’aventure. Prévenus à la dernière minute, une fois qu’il s’apprêtait à quitter les eaux territoriales, ses proches restent sans nouvelles de lui jusqu’à son arrivée en Italie.
Ce voyage, ils étaient plusieurs amis à le préparer en cotisant pour l’achat du bateau et du matériel de navigation. Soixante et une personnes embarquent au final à bord du bateau de fortune acheté par ce groupe d’amis plus que jamais décidés à partir.
Ces derniers se procurent des GPS de navigation et un téléphone satellite Thuraya. Au vu du coût onéreux du matériel, nul besoin de dire leur détermination. Etaient-ils seulement conscients des risques qu’ils encouraient ? « Le désir d’échapper à l’enfer du quotidien était plus fort », soupire Ahmad.
Le voyage est ponctué de deux escales : un arrêt à Chypre, à Paphos plus précisément, où le groupe clandestin ne s’attarde cependant pas. Il a peur de se faire arrêter. Rapidement, il s’approvisionne en eau et nourriture et met le cap sur l’île de Kyra, en Grèce, deuxième étape du périple, avant la destination finale : l’Italie. Entre-temps, une tempête souffle sur la Méditerranée et frappe le Liban. Ahmad est mort d’inquiétude mais n’ose rien dire devant sa famille. Lorsque Ezzat l’appelle pour lui annoncer qu’ils étaient finalement arrivés à destination, il ne peut s’empêcher de faire éclater sa joie.
Pour le groupe, le choix de l’Italie était une évidence. Ce pays ne refoule pas les migrants qui débarquent sur son sol. L’Italie est son sésame pour accéder à l’Europe. Les migrants libanais doivent se disperser par la suite pour rejoindre différents pays européens.
Au total, ce sont quatorze jours passés par des hommes, des femmes et des enfants entre terre et mer, à affronter le danger, la peur et la faim. Ahmad ne donne cependant aucun détail sur les préparatifs logistiques du voyage. On peut supposer qu’un réseau de passeurs aide les voyageurs dans leur traversée méditerranéenne. « Les escales de Chypre et de Kyra permettaient au groupe de se ravitailler grâce à la solidarité de la population locale et de prendre le temps de se reposer pendant les intempéries », raconte Ahmad, sans plus de détails.
Lui aussi compte emboîter le pas à son frère, à la première occasion avec l’arrivée des beaux jours, sans se demander de quoi l’avenir sera fait.
Le désespoir de toute une population durement affectée par la crise avec un taux de pauvreté frôlant les 80%, particulièrement à Tripoli, pousse hommes femmes et enfants à prendre de risques inconsidérés pour frapper aux portes de l’Europe. « Ezzat parle à peine libanais », s’exclame Ahmad quand on lui demande si son frère peut se débrouiller pour se faire comprendre dans un pays dont il ne maîtrise pas la langue.
Comment va-t-il tracer son long chemin vers l’intégration dans ce nouvel environnement ? Peut-être que pour lui le plus dur reste à faire, même si Ahmad considère que le plus dur est désormais derrière lui.
Ahmad a vu son frère Ezzat quitter sans sourciller ni se retourner, Tripoli, ville portuaire du Liban-nord devenue une plate-forme incontournable de la migration clandestine en mer. Mis sous le fait accompli, il n’a pu que suivre avec beaucoup d’inquiétude les péripéties du voyage de son frère, arrivé dimanche en Italie, après une traversée de deux semaines en Méditerranée, en compagnie d’une soixantaine de personnes, dont des femmes et des enfants. La vidéo des boat-people libanais, à l’étroit sur leur embarcation, avait fait le tour des réseaux sociaux.
Fils d’une famille nombreuse, 5 garçons et 5 filles, « une équipe de foot si l’on compte les parents », comme s’amuse à le rappeler Ahmad, la fratrie a grandi au quartier d’el-Mina à Tripoli. La mer n’a pas de secrets pour eux.
Gardien d’immeuble, père de trois enfants dont l’aîné a 7 ans, Ezzat, la quarantaine, survivait avec la modique somme de 400 000 livres libanaises par mois, soit 20 dollars américains ! « Il lui était impossible de nourrir sa famille, de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires », raconte Ahmad. Acculé, le choix de prendre le large au péril de sa vie et de celle de sa famille s’impose à Ezzat pour qui partir du Liban est devenu une obsession. « Lorsqu’on n’a plus rien à perdre, plutôt mourir une fois que de mourir à petit feu au fil des jours », disait-il à son frère.
Ezzat n’est pas à son premier coup d’essai. Il avait déjà tenté de prendre la mer il y a un an, mais son voyage tourne court vite. Il prend fin à Chypre où il est arrêté et refoulé. Ezzat retourne à la case départ, sans renoncer cependant à l’idée de réessayer jusqu’à ce que sa tentative aboutisse. Il ne dit rien à personne et continue d’économiser pour cette traversée qui coûte curieusement cher : entre 3000 et 7000 dollars (frais), selon la taille de la famille. Ezzat va jusqu’à s’endetter pour réaliser son rêve. La famille l’aide à arrondir ses fins de mois mais elle est à mille lieux de penser qu’il allait tenter de nouveau l’aventure. Prévenus à la dernière minute, une fois qu’il s’apprêtait à quitter les eaux territoriales, ses proches restent sans nouvelles de lui jusqu’à son arrivée en Italie.
Ce voyage, ils étaient plusieurs amis à le préparer en cotisant pour l’achat du bateau et du matériel de navigation. Soixante et une personnes embarquent au final à bord du bateau de fortune acheté par ce groupe d’amis plus que jamais décidés à partir.
Ces derniers se procurent des GPS de navigation et un téléphone satellite Thuraya. Au vu du coût onéreux du matériel, nul besoin de dire leur détermination. Etaient-ils seulement conscients des risques qu’ils encouraient ? « Le désir d’échapper à l’enfer du quotidien était plus fort », soupire Ahmad.
Le voyage est ponctué de deux escales : un arrêt à Chypre, à Paphos plus précisément, où le groupe clandestin ne s’attarde cependant pas. Il a peur de se faire arrêter. Rapidement, il s’approvisionne en eau et nourriture et met le cap sur l’île de Kyra, en Grèce, deuxième étape du périple, avant la destination finale : l’Italie. Entre-temps, une tempête souffle sur la Méditerranée et frappe le Liban. Ahmad est mort d’inquiétude mais n’ose rien dire devant sa famille. Lorsque Ezzat l’appelle pour lui annoncer qu’ils étaient finalement arrivés à destination, il ne peut s’empêcher de faire éclater sa joie.
Pour le groupe, le choix de l’Italie était une évidence. Ce pays ne refoule pas les migrants qui débarquent sur son sol. L’Italie est son sésame pour accéder à l’Europe. Les migrants libanais doivent se disperser par la suite pour rejoindre différents pays européens.
Au total, ce sont quatorze jours passés par des hommes, des femmes et des enfants entre terre et mer, à affronter le danger, la peur et la faim. Ahmad ne donne cependant aucun détail sur les préparatifs logistiques du voyage. On peut supposer qu’un réseau de passeurs aide les voyageurs dans leur traversée méditerranéenne. « Les escales de Chypre et de Kyra permettaient au groupe de se ravitailler grâce à la solidarité de la population locale et de prendre le temps de se reposer pendant les intempéries », raconte Ahmad, sans plus de détails.
Lui aussi compte emboîter le pas à son frère, à la première occasion avec l’arrivée des beaux jours, sans se demander de quoi l’avenir sera fait.
Le désespoir de toute une population durement affectée par la crise avec un taux de pauvreté frôlant les 80%, particulièrement à Tripoli, pousse hommes femmes et enfants à prendre de risques inconsidérés pour frapper aux portes de l’Europe. « Ezzat parle à peine libanais », s’exclame Ahmad quand on lui demande si son frère peut se débrouiller pour se faire comprendre dans un pays dont il ne maîtrise pas la langue.
Comment va-t-il tracer son long chemin vers l’intégration dans ce nouvel environnement ? Peut-être que pour lui le plus dur reste à faire, même si Ahmad considère que le plus dur est désormais derrière lui.
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