©Un étudiant iranien manifeste devant l'ambassade de Suède en Iran. (AFP)
Paludan, portrait d'un provocateur
Aux cris d'"Allahu Akbar" (Dieu est grand), de premières contre-manifestations contre la venue en Suède du chef du parti danois anti-islam "Ligne dure", Rasmus Paludan, avaient dégénéré jeudi en violences contre la police, dans des quartiers à forte communauté musulmane des villes suédoises de Norrköping et Linköping. Du Danemark à la Belgique en passant par la France, Rasmus Paludan est coutumier ces dernières années de projets de mettre le feu à des exemplaires du Coran, généralement dans des quartiers immigrés à forte population musulmane.
Les scènes d'émeutes s'étaient ensuite propagées durant le week-end à plusieurs autres villes, où M. Paludan, qui a la double nationalité danoise et suédoise, a mis le feu ou projeté de mettre le feu à des exemplaires du livre saint de l'islam. La police suédoise, dont une vingtaine de véhicules ont été incendiés ou endommagés, considère avoir été la cible principale de ce qu'elle a qualifié d'"émeutes violentes".
Police en première ligne
"Beaucoup de choses suggèrent que c'était la police qui était la cible principale, plutôt que les organisateurs", a déclaré lors d'une conférence de presse Jonas Hysing, commandant des opérations spéciales. "On a essayé de tuer des policiers", s'est ému à ses côtés le chef de la police du pays, Anders Thornberg. "Des individus criminels ont profité de la situation pour faire preuve de violence" et ce "sans rapport avec les manifestations", a-t-il également affirmé. La police suédoise suspecte aussi les violences d'avoir été appuyées depuis l'étranger, mais aucun pays n'a été désigné.
La journée de lundi a été marquée par un retour au calme, avec le départ de Suède de M. Paludan, rentré au Danemark. Plus de quarante personnes, dont plusieurs mineurs, ont été arrêtées dans ces affrontements survenus également à Malmö, Örebro et à Rinkeby, une banlieue de la capitale Stockholm. Les violences ont culminé dimanche lorsque la police avait dû tirer des coups de feu de semonce à Norrköping, blessant trois personnes par balle, selon elle du fait de ricochets.
Incompréhension
Les évènements sont souvent interdits par la police, mais parfois tolérés au nom de la liberté de manifestation malgré les vives tensions provoquées par les rassemblements, comme jeudi en Suède.
Ces autorisations suscitent l'incompréhension du monde arabo-musulman. "Les viles attaques en Suède contre notre livre saint, le Coran, montrent que les leçons du passé n'ont pas été apprises", a affirmé le ministère turc des Affaires étrangères sur Twitter, déplorant que des "crimes de haine soient ouvertement tolérés sous couvert de liberté d'expression".
La gestion de cette tournée anti-islam a également suscité la condamnation de plusieurs pays musulmans: après l'Irak et l'Arabie Saoudite, la diplomatie turque a déploré lundi "l'hésitation à empêcher des actes provocateurs et islamophobes (...) sous couvert de liberté d'expression", tandis qu'une manifestation a eu lieu devant l'ambassade de Suède en Iran.
Avec AFP
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