Alors que le conflit ukrainien, qui rentre bientôt dans son troisième mois, n’en finit pas de déstabiliser les échanges mondiaux, perturbant les chaînes d’approvisionnement, l’annonce faite par la Turquie d’une levée progressive de l’embargo sur ses exportations d’huiles végétales est accueillie comme une petite bouffée d’oxygène.
Le week-end dernier, la Turquie a annoncé une levée progressive de l’embargo sur ses exportations d’huiles végétales, qu’elle avait imposé avec le début de la guerre en Ukraine, il y a deux mois. Une annonce saluée par les importateurs du Liban, d’autant que les approvisionnements de cette denrée s’effectuaient au compte-gouttes, l’Ukraine étant le principal exportateur mondial d’huile de tournesol.
«La Turquie qui avait imposé, depuis la guerre en Ukraine, une interdiction d’exporter les huiles, vient d’annoncer qu’elle allait commencer à accepter de nouveau, et sous certaines conditions, les licences d’export. C’est un très bon premier signe», déclare, confiant, à Ici Beyrouth, Hani Bohsali, président des syndicats des importateurs de produits alimentaires.
Il faut savoir que la Turquie importe sa matière première principalement d’Ukraine et de Russie. Aujourd’hui, cette décision de levée graduelle de l’embargo sur l’exportation des huiles de tournesol impose comme condition sine qua non que les installations de broyage et de raffinage turcs puissent importer au préalable suffisamment de graines de tournesol pour ne pas provoquer de pénurie sur le marché intérieur. Pour Hani Bohsali, l’Égypte devrait rapidement emboîter le pas à la Turquie. «Les usines ont besoin d’exporter pour pouvoir travailler, elles ne peuvent pas rester indéfiniment fermées à l’export car la plupart d’entre elles possèdent des capacités de production qui répondent non seulement au marché domestique mais aussi à la demande extérieure, précise-t-il. L’arrêt de l’export signifie une perte conséquente d’argent. Elles pourront ainsi exporter l’excédent mais doivent avant tout sécuriser les matières premières nécessaires à leurs propres marchés.»
Le monopole de l’huile de tournesol
Premier producteur mondial d'huile de tournesol, l’Ukraine représente 50% des exportations mondiales de cette denrée agricole. Une source presque incontournable puisque 86% des huiles de tournesol importées par le Liban ont justement pour origine la région de la mer Noire. Le pays du Cèdre est friand de cette huile à la fois abordable et de qualité. Elle représente à elle seule 73% de ses importations totales d’huiles végétales, soit en volume environ 93.000 tonnes métriques importées par an (chiffres basés sur les statistiques officielles des douanes pour l’année 2020, ndlr).
De ce total, environ 66.000 tonnes (70%) arrivent sous forme brute directement d’Ukraine pour être ensuite raffinées sur place dans les 5 raffineries établies sur le territoire libanais, dont trois d’entre elles concentrent l’essentiel des activités de raffinage. Les 27.000 tonnes restantes (30%) sont, quant à elles, acheminées de Turquie, d’Égypte ou d’Arabie saoudite par un large réseau d’importateurs spécialisés dans les huiles déjà conditionnées et prêtes à l’emploi. «Le nombre est assez conséquent pour une bonne couverture nationale en huile de tournesol», souligne Hani Bohsali.
Mais dans un contexte de pénurie et de flambée des marchés des matières premières, ces sources alternatives ont mis en place des embargos temporaires sur l’exportation de certains produits agricoles dont les huiles de cuisson et ce, afin de sécuriser en priorité les besoins de leur marché domestique. Une décision qui a incontestablement mis une pression accrue sur les pays importateurs dont le Liban.
Pour Hani Bohsali, le risque de rupture de stock reste toutefois minime. «J’avais dit au début de la crise que nous sommes en insuffisance, mais pas en situation de rupture et que tout allait dépendre de l’évolution des événements et de la façon dont les fournisseurs alternatifs allaient gérer la crise, rappelle-t-il. On n’a jamais eu de statistiques exactes sur les stocks existants. Mais on sait que le Liban a toujours des quantités suffisantes pour couvrir les besoins du pays sur un ou deux mois. Même avec les tensions croissantes, on n’a jamais eu de rupture en huile de tournesol sur les étals des supermarchés.»
Concernant le développement de la situation, le président des syndicats des importateurs de produits alimentaires reste néanmoins prudent. «Si la Turquie décide de lever totalement l’embargo sur les exportations, il n’y aura plus de risque de pénurie, mais cela ne voudra pas dire que nous serons en sécurité car le marché mondial reste étroitement dépendant de l’approvisionnement en matières premières ukrainiennes», avance-t-il.
Avec la guerre, les prix de l’huile de tournesol ont tout de même bondi de 70%. Les importateurs ont dû également faire preuve d’adaptabilité en restructurant leurs modes d’approvisionnement. La Turquie a annoncé la relance de ses exportations, reste à savoir à quel niveau de prix…
Le week-end dernier, la Turquie a annoncé une levée progressive de l’embargo sur ses exportations d’huiles végétales, qu’elle avait imposé avec le début de la guerre en Ukraine, il y a deux mois. Une annonce saluée par les importateurs du Liban, d’autant que les approvisionnements de cette denrée s’effectuaient au compte-gouttes, l’Ukraine étant le principal exportateur mondial d’huile de tournesol.
«La Turquie qui avait imposé, depuis la guerre en Ukraine, une interdiction d’exporter les huiles, vient d’annoncer qu’elle allait commencer à accepter de nouveau, et sous certaines conditions, les licences d’export. C’est un très bon premier signe», déclare, confiant, à Ici Beyrouth, Hani Bohsali, président des syndicats des importateurs de produits alimentaires.
Il faut savoir que la Turquie importe sa matière première principalement d’Ukraine et de Russie. Aujourd’hui, cette décision de levée graduelle de l’embargo sur l’exportation des huiles de tournesol impose comme condition sine qua non que les installations de broyage et de raffinage turcs puissent importer au préalable suffisamment de graines de tournesol pour ne pas provoquer de pénurie sur le marché intérieur. Pour Hani Bohsali, l’Égypte devrait rapidement emboîter le pas à la Turquie. «Les usines ont besoin d’exporter pour pouvoir travailler, elles ne peuvent pas rester indéfiniment fermées à l’export car la plupart d’entre elles possèdent des capacités de production qui répondent non seulement au marché domestique mais aussi à la demande extérieure, précise-t-il. L’arrêt de l’export signifie une perte conséquente d’argent. Elles pourront ainsi exporter l’excédent mais doivent avant tout sécuriser les matières premières nécessaires à leurs propres marchés.»
Le monopole de l’huile de tournesol
Premier producteur mondial d'huile de tournesol, l’Ukraine représente 50% des exportations mondiales de cette denrée agricole. Une source presque incontournable puisque 86% des huiles de tournesol importées par le Liban ont justement pour origine la région de la mer Noire. Le pays du Cèdre est friand de cette huile à la fois abordable et de qualité. Elle représente à elle seule 73% de ses importations totales d’huiles végétales, soit en volume environ 93.000 tonnes métriques importées par an (chiffres basés sur les statistiques officielles des douanes pour l’année 2020, ndlr).
De ce total, environ 66.000 tonnes (70%) arrivent sous forme brute directement d’Ukraine pour être ensuite raffinées sur place dans les 5 raffineries établies sur le territoire libanais, dont trois d’entre elles concentrent l’essentiel des activités de raffinage. Les 27.000 tonnes restantes (30%) sont, quant à elles, acheminées de Turquie, d’Égypte ou d’Arabie saoudite par un large réseau d’importateurs spécialisés dans les huiles déjà conditionnées et prêtes à l’emploi. «Le nombre est assez conséquent pour une bonne couverture nationale en huile de tournesol», souligne Hani Bohsali.
Mais dans un contexte de pénurie et de flambée des marchés des matières premières, ces sources alternatives ont mis en place des embargos temporaires sur l’exportation de certains produits agricoles dont les huiles de cuisson et ce, afin de sécuriser en priorité les besoins de leur marché domestique. Une décision qui a incontestablement mis une pression accrue sur les pays importateurs dont le Liban.
Pour Hani Bohsali, le risque de rupture de stock reste toutefois minime. «J’avais dit au début de la crise que nous sommes en insuffisance, mais pas en situation de rupture et que tout allait dépendre de l’évolution des événements et de la façon dont les fournisseurs alternatifs allaient gérer la crise, rappelle-t-il. On n’a jamais eu de statistiques exactes sur les stocks existants. Mais on sait que le Liban a toujours des quantités suffisantes pour couvrir les besoins du pays sur un ou deux mois. Même avec les tensions croissantes, on n’a jamais eu de rupture en huile de tournesol sur les étals des supermarchés.»
Concernant le développement de la situation, le président des syndicats des importateurs de produits alimentaires reste néanmoins prudent. «Si la Turquie décide de lever totalement l’embargo sur les exportations, il n’y aura plus de risque de pénurie, mais cela ne voudra pas dire que nous serons en sécurité car le marché mondial reste étroitement dépendant de l’approvisionnement en matières premières ukrainiennes», avance-t-il.
Avec la guerre, les prix de l’huile de tournesol ont tout de même bondi de 70%. Les importateurs ont dû également faire preuve d’adaptabilité en restructurant leurs modes d’approvisionnement. La Turquie a annoncé la relance de ses exportations, reste à savoir à quel niveau de prix…
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