Feuille de route pour sauver le Liban
L’état des lieux

1 - L’État libanais n’est pas seulement un État failli ou un État voyou : le Liban vit tout simplement une situation de non-État. Le pays est sous occupation iranienne via le Hezbollah qui est l’unique et réel détenteur du pouvoir avec à sa solde cette classe politique hideuse qui se contente des miettes d’un pouvoir pseudo étatique déliquescent.

Conclusions : ridicules sont les gesticulations de certains pour être président d’une République qui n’existe plus, ou l’appétit d’autres pour être nommés chef d’un gouvernement dont la formation et les décisions sont aux seules mains du parti de Dieu, ou les rêves chimériques de certains de pouvoir opérer le changement démocratique via des élections législatives tenues sous la domination des armes illégales.

Pour ceux qui nagent dans les eaux visqueuses de la traîtrise ou de la soumission, cette quête pour le pouvoir nous semble tout à fait dans l’ordre des choses.

Quant aux authentiques souverainistes qui prônent de bonne foi les élections, nous les supplions de bien vouloir reconsidérer leur position pour moult raisons qu’il serait trop long d’expliciter dans cet article.

2 - Le temps est à une action nationale en vue de sauver notre entité libanaise en perdition, de ressusciter notre État (tel qu’il est, dans un premier temps, avec sa Constitution, l’accord de Taëf, ses institutions), de recouvrer notre souveraineté à travers l’application des résolutions onusiennes.

3 - Il faut prendre toute la mesure de la démesure du parti islamique. Il est la composante locomotive de l’armée de conquête de la République islamique d’Iran, la brigade al-Qods des Pasdaran, ainsi que dudit « axe de la résistance ». De surcroît, son leader est le chef non déclaré de cette brigade et de cet axe après l’assassinat de Kassem Soleimani.

Contrairement aux souhaits béats de certains, Téhéran ne fera aucune concession concernant les armes du Hezbollah dans les négociations en vue du retour à l’application de l’accord nucléaire. Pourquoi ? Car il y va de la survie du régime iranien, étant donné que l’exportation de la révolution islamique constitue sa raison d’être.

4 - Le peuple libanais affronte une hydre bicéphale : l’occupation iranienne et la classe politique voyou qui lui est inféodée par intérêt ou par peur. On ne peut affronter l’un en pactisant avec l’autre ou avec l’une des composantes de cette classe politique. Il serait cependant de bonne politique de jouer tactiquement sur leurs contradictions ou de neutraliser telle ou telle composante ponctuellement. Le pire serait de ménager l’occupation sous n’importe quel prétexte.

Si libérer le pays de l’occupation iranienne constitue l’objectif principal de cette étape, il serait catastrophique de ne pas entamer la lutte pour déboulonner cette classe politique tout en la soumettant au prima de la lutte pour la libération.

En résumé, concomitance de la lutte pour la libération de l’occupation iranienne et de la lutte pour le déboulonnage de la classe politique voyou, avec prima pour le premier objectif. Les deux objectifs sont liés. Surtout ne pas attendre la libération pour entamer le processus de déboulonnage (tout en ayant en vue de ne pas porter préjudice au processus de libération), surtout que cette classe politique est ancrée dans la structure socio-politique libanaise. Le président Fouad Chéhab l’avait bien compris.

Ainsi, le sauvetage du Liban s’opère via le couplage du mouvement pour la libération avec un mouvement néochéhabiste, bien modulé dans le temps, pour le déboulonnage .

5 - Les entités authentiquement révolutionnaires devraient s’épurer des éléments des partis de la classe politique qui pratiquent l’entrisme en vue de les phagocyter et/ou de les discréditer aux yeux du peuple.


6 - Ne jamais oublier que les trois composantes du monde de la corruption sont interreliées : la classe politique en tête, l’État profond et la junte financière (gouvernorat de la BDL et les hauts responsables des banques).

Ne jamais oublier que la « somalisation » du Liban en cours conduira inéluctablement au renforcement du Hezbollah et par la suite augmentera son potentiel déstabilisateur dans la région, menaçant du fait même les intérêts des États de la région et du monde. Cette même « somalisation » réveillerait les cellules jihadistes dormantes dans les camps syriens et palestiniens et certains milieux libanais, et favoriserait leur immigration illégale, dont on observe déjà les prémisses vers l’Europe en particulier. Le problème libanais n’est donc pas intrinsèquement libanais.

Le Liban est devenu une bombe à retardement pour la sécurité, la stabilité et la paix dans la région et dans le monde.

Les Libanais sont pour le moment incapables de s’autogouverner. Ils ont besoin d’une période de convalescence.

Sur un autre plan, mon analyse des données régionales et internationales me fait dire que la région s’achemine vers une guerre de grande envergure dont le Liban serait un des théâtres.

Photo AFP/Patrick Baz

La feuille de route
Une feuille de route pour le sauvetage du Liban serait du coup bénéfique pour la sécurité, la stabilité et la paix régionale et internationale.

Celle-ci pourrait se concrétiser par :

1 – l’application d’une résolution du Conseil de sécurité plaçant les résolutions 1559, 1680 et 1701 sous le chapitre VII et élargissant les tâches de la Finul.

2 – L’une résolution plaçant le Liban sous tutelle internationale conformément aux chapitres XII et XIII de la Charte des Nations unies ou via l’invocation des droits de l’homme pour faire face à un pouvoir criminel.

Ce n’est qu’après le nettoyage de toutes les institutions étatiques du clientélisme politique et de la corruption et l’assainissement de la situation au Liban dans le cadre de la tutelle internationale susmentionnée que les élections législatives pourraient se tenir conformément à une nouvelle loi électorale. Elles seraient suivies de l’élection présidentielle et de la formation d’un gouvernement qui ouvrirait la voie à la levée de la tutelle internationale et au redressement du Liban à tous les niveaux.

Le résultat sera un regain de confiance du peuple libanais dans l’État libanais, ainsi que de la communauté internationale et arabe, et de la diaspora libanaise dans l’État libanais, ouvrant la voie à une reprise rapide du Liban économiquement, financièrement, socialement et culturellement…

NB : Une analyse des données régionales et internationales montre que la région s’achemine vers une guerre de grande envergure dans le proche avenir dont le Liban serait l’un des théâtres, ce qui entrainerait plus de sérieux dans l’approche du problème libanais par la communauté internationale.
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