L’électricité aux abonnés absents
Les centrales électriques qui fonctionnent au fioul et au gazole, soit les centrales de Zahrani, Deir Ammar, Zouk, Jiyeh, Tyr et Baalbeck, sont à l'arrêt depuis jeudi. Par conséquent, Électricité du Liban ne produit pas d’électricité, en dépit de la présence d’un navire chargé de gazole dans les eaux libanaises prêt à décharger environ 40.000 tonnes pour les centrales de Zahrani et de Deir Ammar, leur permettant ainsi de reprendre la production de 450 mégawatts dans un premier temps dimanche, soit une alimentation de deux heures par jour en moyenne.

La situation sera bien pire dans les mois à venir pour les raisons suivantes :

  1. L'accord avec l'Irak relatif à l'importation de carburants pour les centrales électriques expirera en septembre, et rien ne laisse entrevoir, pour l'instant, une possibilité de reconduire cet accord, sachant que ce dernier constitue la seule source d’approvisionnement pour EDL en carburants, ne fut-ce qu’en quantité limitée.

  2. Le financement de la Banque mondiale pour acheminer le gaz et l'électricité d’Égypte et de Jordanie semble battre de l’aile. Les informations indiquent que les Américains n'ont pas exercé la pression promise sur la Banque mondiale. En effet, le conseil d'administration de la banque a demandé à connaître la justification politique de ce projet, probablement à la demande des Américains. Sans compter que l'intérêt pour la situation au Liban a reculé au profit de l’Ukraine. En outre, la Banque mondiale n'a toujours pas obtenu de garanties au sujet du remboursement du prêt de 600 millions de dollars alloué à ce projet sur une durée de 3 ans, à raison de 200 millions de dollars par an.  Enfin, la conversion des recettes financières d’EDL, estimées à plus de 400 milliards de livres en dollars, ne s'est pas encore faite, ainsi que l’augmentation des tarifs. Ce qui signifie la poursuite de la vente de kilowatts gratuitement.

  3. La construction de nouvelles centrales sur base d’accords de gré à gré avec la société allemande Siemens et l'américaine General Electric n'a pas encore vu le jour.  Il semblerait que des obstacles entravent le processus d’attribution, qui devrait se faire par le biais d'un appel d'offres auquel participeraient plusieurs entreprises, comme le réclament certaines parties. Reste savoir à qui profitera ce projet. Selon certaines informations, le Premier ministre Najib Mikati a conclu un accord avec Siemens pour construire deux centrales, ce qui le place dans la ligne de mire du Courant patriotique libre qui veut être le parrain de ces projets, vu que son chef, le député Gebran Bassil, s’était autoproclamé monsieur électricité 24 heures sur 24.



Le ministère de l'Énergie n’est pas sans connaître cette réalité, mais il ne dispose pas de solutions pour autant. Le ministre Walid Fayyad a tenté d'obtenir des réponses de la Banque mondiale sur les raisons du blocage, sans résultat, alors qu’il s’évertue à répéter que le gouvernement a accepté son plan et que les tarifs augmenteront dès que le gaz aura atteint Deir Ammar. De plus, toutes les exigences techniques sont prêtes et les Égyptiens ont reçu une lettre de garantie définitive des Américains pour contourner les sanctions imposées sur le régime syrien en vertu du «Caesar Act».

Partant, on comprend bien l’embarras du ministre Fayyad qui répète depuis l'année dernière les dates prévues pour l'arrivée du gaz à Deir Ammar. Or le gaz se fait toujours attendre tout comme la concrétisation des promesses faites.

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