Geagea aux électeurs: Faites barrage au Hezb
C’est un imposant meeting électoral «à la française» que le parti des Forces libanaises a organisé hier après-midi à Meerab (Kesrouan) afin de présenter à l’opinion ses candidats dans 14 des 15 circonscriptions du pays. Les FL ont d’emblée annoncé la couleur en plaçant le meeting, sans détour et sans louvoiement, sous le signe de la bataille que le camp souverainiste, dans ses diverses composantes, se doit de livrer pour faire barrage au Hezbollah et ses alliés locaux, avec à leur tête le Courant patriotique libre, dans la perspective des élections législatives du 15 mai prochain. L’enjeu de ce bras de fer est de recouvrer la souveraineté de l’État libanais, de mettre un terme à l’emprise du Hezbollah sur les diverses institutions publiques, de mettre en application la neutralité positive et de combattre la corruption «parrainée» par le parti pro-iranien.

Pour mener cette bataille, en collaboration avec leurs alliés (notamment le Parti socialiste progressiste, la mouvance sunnite du Courant du futur et les indépendants), les FL ont choisi comme leitmotive de leur campagne électorale «nous, nous pouvons», inspiré à l’évidence du célèbre slogan de Barack Obama lors de sa campagne présidentielle, «yes, we can». Sur le plan du positionnement politique, le leader des FL, Samir Geagea, a tenu à souligner clairement que la ligne de conduite de son parti s’inscrit toujours dans l’esprit du projet du 14 Mars et dans celui du soulèvement du 17 octobre 2020. «Le 14 Mars et le 17 Octobre sont toujours vivants», a affirmé M. Geagea qui a confirmé son ouverture envers les composantes sunnite et druze du camp souverainiste, tout en relevant que les chiites ont toujours constitué l’un des piliers du Liban, mais ils devraient être libérés du joug du Hezbollah. Il a rendu dans ce cadre un hommage marqué à Moussa Sadr, Mohammed Mehdi Chamseddine et Mohammed Hussein Fadlallah.

Le meeting électoral, tenu en présence de plusieurs milliers de personnes et à l’ombre d’un important dispositif de sécurité mis en place par les Forces de Sécurité intérieure et les militants FL, a débuté par l’hymne national et l’hymne des Forces libanaises. L’assistance a été priée, d’entrée de jeu, d’observer une minute de silence en mémoire des victimes (tripolitaines) du naufrage survenu dans la nuit de samedi dernier au large de Tripoli. Chaque candidat présenté officiellement au nom des FL (20 au total, à part les alliés) a ensuite pris la parole pour exposer succinctement sa perception des fondements de la bataille électorale.

Comme pour bien marquer l’adhésion de son parti à l’esprit du soulèvement populaire du 17 octobre 2020, les discours des candidats ont été précédés du célèbre hymne révolutionnaire du film Les misérables, «Do you hear the people sing» («A la volonté du peuple»), chanté par Marc Reaïdi, avec en arrière-plan des images géantes des grands rassemblements du 14 mars 2005 et du 17 octobre 2019.

Le discours de Geagea

Après les interventions des 20 candidats, le leader des FL a pris la parole pour s’adresser d’emblée aux électeurs, les exhortant à participer au scrutin afin d’initier le changement tant attendu pour sortir le pays de la situation désastreuse dans laquelle il se débat. «Si vous ne participez pas aux élections, cela équivaut à accorder une voix à l’autre camp» (du Hezbollah), a notamment déclaré M. Geagea. Le véritable changement est entre vos mais, vous seuls. Vous ne devez pas oublier qu’en définitive, c’est vous qui subissez les coups assénés par les gens du pouvoir».

«C’est vous qui subissez la longue attente devant les stations d’essence, c’est vous qui subissez la pénurie de médicaments et de mazout, ce sont vos dépôts qui sont menacés et ce sont vos enfants qui quittent le pays. De ce fait, c’est à vous à agir sans que personne n’ait à vous inciter à le faire».


Et le leader des FL de poursuivre, en s’adressant toujours aux électeurs : «Vous devez vous souvenir que ce sont le Hezbollah, le Courant patriotique libre et leurs alliés qui vous ont entraînés dans la situation actuelle. Aucun pays au monde ne nous aidera si nous n’assumons pas d’abord nos responsabilités. Cette échéance (électorale) est une opération de salut que nous menons tous, non seulement pour améliorer notre situation, mais aussi pour sauver notre pays et empêcher la plus grande opération visant à porter préjudice au rôle et au message de notre pays. Leur arme, ce sont les missiles, mais notre arme c’est notre voix.»

Le 14 Mars et le 17 Octobre

M. Geagea a par ailleurs affirmé que « les Forces libanaises et les factions souverainistes ne permettront à personne, quelle que soit sa puissance, de nous maintenir dans l’enfer dans lequel ils nous ont poussé. Nous ferons face à la mainmise imposée à l’Etat. Nous ne sommes pas seuls dans cette opération de sauvetage. Nos partenaires sont nombreux. Nous étions côte à côte sur les places du 17 Octobre et du 14 Mars, et nous retournerons à ces places. L’esprit du 14 Mars et l’esprit du 17 Octobre sont toujours présents et vivants, dans leur essence » (…).

Et M. Geagea de poursuivre : « De la même façon que nous étions aux côtés de nos partenaires dans le pays après l’assassinat de Rafic Hariri, nous resterons aujourd’hui aux côtés de toute partie qui se sent visée. Ce que nous avons subi dans les années 90, nous n’accepterons pas que cela se répète avec n’importe quelle partie libanaise, qu’elle soit sunnite, chrétienne, druze ou chiite. La communauté chiite est fondatrice de l’entité libanaise. Nul ne peut abolir son rôle ou son histoire pour la pousser dans un projet qui ne lui ressemble pas, qui n’est pas conforme à son identité libanaise et qui porte atteinte à son appartenance arabe. Les chiites de l’imam Moussa Sadr, de l’uléma Mohammed Hussein Fadlallah, et de cheikh Mohammed Mehdi Chamseddine sont des Libanais authentiques, qui ont joué un rôle fondamental au Liban, et ils auront un rôle plus grand à l’avenir si ils sont libérés de l’étau iranien».

Après avoir réaffirmé que « nul ne peut absorber le Liban », M. Geagea a invité les électeurs à voter pour les listes des Forces libanaises et «leurs alliés indépendantistes afin de faire revivre l’espoir dans le changement au Liban.  Lorsque vous serez dans l’isoloir, réfléchissez dix secondes à l’identité de la partie responsable de la crise actuelle. Pensez aux martyrs et aux victimes de l’explosion au port et de celle à el-Talil» (au Akkar).

En conclusion, M. Geagea a souligné que «dans le but de rester indépendant, l’électeur devrait mettre la main dans la main de la plus grande faction indépendantiste au Liban, en l’occurrence les Forces libanaises, afin de faire barrage ensemble aux esprits totalitaires et corrompus qui ne reconnaissent pas l’indépendance des électeurs».
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