©Les ultras du PSG fêtent le 10e titre national de leur équipe à l'extérieur du Parc des Princes, en signe de protestation, le 23 avril 2022. Julien de Rosa/AFP
Emaillée de nombreux incidents en tribunes, la saison 2021-2022 de Ligue 1 se termine dans un climat de colère dans plusieurs clubs. Si les causes du phénomène sont multiples, les réponses disciplinaires restent décriées par les supporters et l'efficacité des mesures sécuritaires interroge.
Pourquoi tant d'incidents ?
Match arrêté à Nancy et au Red Star, fumigènes à Saint-Etienne, colère à Lyon et dépit au Paris SG... Après les débordements de l'automne, le printemps est à nouveau agité dans les stades.
"Il est difficile d'avoir une analyse générale, car tous ces phénomènes sont différents et n'appellent pas les même réponses", décrypte Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste du supportérisme.
La pyrotechnie et les bagarres entre groupes ultras "existaient déjà", relève le sociologue mais elles "réapparaissent avec une acuité plus forte du fait de la longue interruption due à la crise sanitaire".
"Quant à la contestation envers les clubs, c'est un phénomène typique de supporters se posant comme les garants de l'identité de leur club, face à des actionnaires ou dirigeants dont ils critiquent la politique", reprend le sociologue pour l'AFP.
Autre explication, le dialogue parfois rompu entre les groupes de supporters et certains clubs, une "déconnexion" dénoncée par Kilian Valentin, porte-parole de l'Association nationale des supporters (ANS). "La rupture de dialogue survenue de facto pendant le Covid a perduré à la reprise. Les groupes se sont heurtés à des dirigeants qui les avaient oubliés", regrette-t-il auprès de l'AFP.
Le fossé s'est également creusé avec la Direction nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), souligne le porte-parole, pointant aussi la mise en sommeil depuis décembre de l'Instance nationale du supportérisme (INS), table ronde réunissant toutes les parties prenantes.
Quel impact des mesures gouvernementales ?
Les débordements de l'automne ont accouché d'un serrage de vis ministériel en décembre, avec une clarification du processus décisionnel d'interruption de matches notamment, et un rappel adressé aux préfets et procureurs sur les outils répressifs disponibles.
Sur le volet procédural, la cellule de crise réunie en urgence lors de débordements "a très bien marché" le week-end passé à Nancy (match définitivement interrompu) et à Saint-Etienne (reprise du match), se félicite une source proche de la Ligue de football professionnel (LFP).
Quant aux interdictions de stade individuelles, qui avaient, pour beaucoup, expiré pendant la crise sanitaire, elles ont repris, mais "cela prend du temps", concède une autre source proche du dossier. Les fauteurs de troubles des débordements d'Angers-OM le 22 septembre restent ainsi à identifier côté marseillais.
Mais plusieurs réponses sécuritaires irritent les supporters. Au moins 116 arrêtés ministériels jou préfectoraux d'interdictions de déplacement ont été recensés par l'ANS tous championnats confondus cette saison. "On aimerait que la DNLH retourne sur le terrain et fasse son travail de fond auprès des préfets", peste Kilian Valentin.
Autre point de crispation, les sanctions collectives prises par la commission de discipline de la LFP, qui multiplie les fermetures de tribunes.
"Il y a eu des roulements de tambour en décembre, mais j'ai l'impression qu'on en revient aux anciennes recettes alors que la mobilisation aurait dû permettre d'avoir une réponse forte sur les individus violents", estime le sociologue Nicolas Hourcade. "Depuis le confinement, la France a un recours massif aux fermetures de tribune et aux interdictions de déplacement, ce qu'on n'observe pas dans les pays voisins."
Comment retrouver la sérénité ?
Plusieurs évolutions réglementaires sont attendues à l'intersaison.
L'obligation prochaine pour les clubs de mettre en place des dispositifs anti-intrusion et anti-projection (filets de protection), activables selon le niveau de risque du match, doit entrer en vigueur, comme l'interdiction effective des bouteilles en plastique, mesure phare adoptée en décembre.
L'amende forfaitaire pour détention ou usage de fusées ou artifices, votée en février dans la loi sport, est d'ores et déjà en vigueur.
"Il faut surtout réactiver le dialogue au sein de l'INS et avec la DNLH, dans le rythme qui existait avant le Covid", plaide Kilian Valentin, qui appelle aussi à "un renouvellement en profondeur de la commission de discipline".
Au sein des clubs, des audits de sécurité permettront de renforcer certains postes spécifiques. Et la LFP n'exclut pas d'intégrer ces critères sécuritaires dans le fléchage de la manne financière du nouvel actionnaire CVC, attendue à l'intersaison.
"Les clubs qui ont les problèmes les plus criants devront investir plus directement sur ces questions-là", assure une source proche de l'instance.
Pourquoi tant d'incidents ?
Match arrêté à Nancy et au Red Star, fumigènes à Saint-Etienne, colère à Lyon et dépit au Paris SG... Après les débordements de l'automne, le printemps est à nouveau agité dans les stades.
"Il est difficile d'avoir une analyse générale, car tous ces phénomènes sont différents et n'appellent pas les même réponses", décrypte Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste du supportérisme.
La pyrotechnie et les bagarres entre groupes ultras "existaient déjà", relève le sociologue mais elles "réapparaissent avec une acuité plus forte du fait de la longue interruption due à la crise sanitaire".
"Quant à la contestation envers les clubs, c'est un phénomène typique de supporters se posant comme les garants de l'identité de leur club, face à des actionnaires ou dirigeants dont ils critiquent la politique", reprend le sociologue pour l'AFP.
Autre explication, le dialogue parfois rompu entre les groupes de supporters et certains clubs, une "déconnexion" dénoncée par Kilian Valentin, porte-parole de l'Association nationale des supporters (ANS). "La rupture de dialogue survenue de facto pendant le Covid a perduré à la reprise. Les groupes se sont heurtés à des dirigeants qui les avaient oubliés", regrette-t-il auprès de l'AFP.
Le fossé s'est également creusé avec la Direction nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), souligne le porte-parole, pointant aussi la mise en sommeil depuis décembre de l'Instance nationale du supportérisme (INS), table ronde réunissant toutes les parties prenantes.
Quel impact des mesures gouvernementales ?
Les débordements de l'automne ont accouché d'un serrage de vis ministériel en décembre, avec une clarification du processus décisionnel d'interruption de matches notamment, et un rappel adressé aux préfets et procureurs sur les outils répressifs disponibles.
Sur le volet procédural, la cellule de crise réunie en urgence lors de débordements "a très bien marché" le week-end passé à Nancy (match définitivement interrompu) et à Saint-Etienne (reprise du match), se félicite une source proche de la Ligue de football professionnel (LFP).
Quant aux interdictions de stade individuelles, qui avaient, pour beaucoup, expiré pendant la crise sanitaire, elles ont repris, mais "cela prend du temps", concède une autre source proche du dossier. Les fauteurs de troubles des débordements d'Angers-OM le 22 septembre restent ainsi à identifier côté marseillais.
Mais plusieurs réponses sécuritaires irritent les supporters. Au moins 116 arrêtés ministériels jou préfectoraux d'interdictions de déplacement ont été recensés par l'ANS tous championnats confondus cette saison. "On aimerait que la DNLH retourne sur le terrain et fasse son travail de fond auprès des préfets", peste Kilian Valentin.
Autre point de crispation, les sanctions collectives prises par la commission de discipline de la LFP, qui multiplie les fermetures de tribunes.
"Il y a eu des roulements de tambour en décembre, mais j'ai l'impression qu'on en revient aux anciennes recettes alors que la mobilisation aurait dû permettre d'avoir une réponse forte sur les individus violents", estime le sociologue Nicolas Hourcade. "Depuis le confinement, la France a un recours massif aux fermetures de tribune et aux interdictions de déplacement, ce qu'on n'observe pas dans les pays voisins."
Comment retrouver la sérénité ?
Plusieurs évolutions réglementaires sont attendues à l'intersaison.
L'obligation prochaine pour les clubs de mettre en place des dispositifs anti-intrusion et anti-projection (filets de protection), activables selon le niveau de risque du match, doit entrer en vigueur, comme l'interdiction effective des bouteilles en plastique, mesure phare adoptée en décembre.
L'amende forfaitaire pour détention ou usage de fusées ou artifices, votée en février dans la loi sport, est d'ores et déjà en vigueur.
"Il faut surtout réactiver le dialogue au sein de l'INS et avec la DNLH, dans le rythme qui existait avant le Covid", plaide Kilian Valentin, qui appelle aussi à "un renouvellement en profondeur de la commission de discipline".
Au sein des clubs, des audits de sécurité permettront de renforcer certains postes spécifiques. Et la LFP n'exclut pas d'intégrer ces critères sécuritaires dans le fléchage de la manne financière du nouvel actionnaire CVC, attendue à l'intersaison.
"Les clubs qui ont les problèmes les plus criants devront investir plus directement sur ces questions-là", assure une source proche de l'instance.
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