Quand des révolutionnaires jouent le jeu des hommes politiques
Prétendument issus du soulèvement du 17 octobre 2019, des "révolutionnaires" se sont réveillés tardivement. Depuis plus d'un an, on suppliait les uns et les autres de s'unir, d'organiser des primaires pour se faire connaître des communs des mortels. Cela leur aurait permis de préparer cette échéance vitale pour l'avenir de tout le Liban que sont les législatives de mai. Malheureusement, ils se sont endormis sur leurs lauriers illusoires croyant pouvoir parvenir de manière automatique au Parlement.

Aujourd’hui, le spectacle est désolant : envahis d'esprits malsains, ils se noient dans des discordes sans fin. Regardez-les se bousculer et se précipiter de manière humoristique : ils frôlent le ridicule et payent le prix fort pour passer sur le petit écran et les radios afin de se projeter sur l'avenir en vantant leurs personnes et leur héroïsme. Et dans tous ces discours intempestifs, rien sur le collectif. Pas un mot sur le travail d'équipe, mais des monologues du matin jusqu’au soir avec pour seule réflexion, une idée fixe : « La récupération de l’argent volé et les comptes à rendre ». Thème cher à tous les candidats qui n’apporte à lui seul aucune avancée précise sur la restructuration ni aucune ébauche des réformes à venir.
Mesdames, messieurs, vous auriez dû vous unir autour d’un «projet commun» qui vous aurait servi de tremplin pour prendre le pouvoir par les urnes, c'est-à-dire par la force tranquille. Hélas, à cause de vos divisions, nous sommes contraints aujourd'hui d'écouter un énergumène de bas niveau, sorti de nulle part, expliquer sur une chaîne libanaise, avec une indécence notoire, que “si les noyés du bateau de la mort de Tripoli" étaient issus des Croisés, donc d’une religion différente, (sic !) le drame aurait retenu davantage l’attention et aurait pris une autre tournure.


Consciemment ou inconsciemment, vous avez joué le jeu des partis politiques traditionnels qui jubilent aujourd'hui à cause de vos dissensions, ce qui leur ouvre grand la voie vers le Parlement et leur permet aisément une reconquête facile et assurée du pouvoir. Aucun grincement de dents ne sera toléré au matin du 16 mai. Pas de place alors pour les lamentations. Souvenez-vous cependant que «rien ne sert de courir à présent, il vous fallait partir à point.»
Heureusement que le Liban est le pays des miracles. Ma foi y est encore.
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