Frédéric Jaunault, Meilleur Ouvrier de France bientôt à Byblos.
Chef cuisinier français de renom, ambassadeur des fruits et légumes, Frédéric Jaunault sera à Byblos le 28 mai prochain pour orchestrer un dîner de gala caritatif à Edde Sands.

Bien connu dans le monde la gastronomie, Frédéric Jaunault a participé en 1996 à la mise en œuvre par le ministère français de l’Agriculture d’un plan national autour du bien-manger (cinq fruits et légumes par jour). En 2008, il préside le concours de championnat de France de sculpture sur fruits et légumes. En 2011, il obtient le titre de Meilleur Ouvrier de France Primeur.

Frédéric Jaunault a plusieurs cordes à son arc. Il parcourt le monde, partageant son expérience en tant que chef cuisinier, témoignant lors de conférences de son attachement à l’art culinaire tant dans la plus pure tradition que dans les nouvelles techniques. Son approche de la restauration est généreuse à l’instar de l’homme dont l’humanisme s’exprime à travers la transmission du savoir-faire auprès des élèves de lycées hôteliers, des cuisiniers ou des barmen en France et dans le monde. Entre deux vols, Frédéric Jaunault répond gracieusement aux questions d’Ici Beyrouth.

Il a passé son enfance auprès des fourneaux et des cageots de légumes frais, dans l’ambiance chaude des cuisines, humant les épices fumantes des plats et l’odeur vanillée des grands crus, aiguisant ses sens, observant sans cesse les détails qui font la différence et absorbant comme une éponge les leçons.

Dès lors, le choix du métier de cuisinier ne pouvait être qu’une évidence, une certitude découlant d’une passion héritée d’un grand-père agriculteur et grossiste aux Halles de Paris et d’un père breton chef de cuisine. Jaunault a franchi haut la main toutes les étapes de l’apprentissage « Être chef, c'est une évolution hiérarchique dans un métier où l’on commence par être cuisinier. Il y a d’abord la découverte des produits, la technique et surtout le plaisir, le partage et la communication. C’est une joie et un bonheur de se retrouver autour d’un plat lorsque l’on sait que la souffrance et le désespoir résultent de la famine. Cuisiner est un message de paix. Il faudrait un Prix Nobel de la Paix à ce métier. »

À la question de savoir si le titre Meilleur Ouvrier de France exige de grandes responsabilités, il répond : « Le titre de Meilleur Ouvrier de France est un titre honorifique, un diplôme d’État après des années à faire les demi-finales et finales. C’est aussi juste le début de l’histoire où l’on est reconnu par ses pairs. On a évidemment plus d’obligations que de droits. Il faut faire attention à comment prendre un couteau et s’en servir. Il faut respecter les produits et prendre soin de ses convives. »


Le chef, membre de l’Académie nationale de Cuisine (Association internationale dont l’objectif est de promouvoir, de préserver, d’enseigner et d’assurer la diffusion de la culture française de par ses régions) ayant signé de nombreux ouvrages culinaires, invite ses élèves à cultiver leurs sens afin de parfaire leurs connaissances. « Les cinq sens sont très importants, en ordre plus ou moins différents. Ils renseignent sur les saveurs des aliments. Chacun de nous a son propre registre d’aliments préférés. Ce qui compte c’est l’apprentissage, la mémoire des sens. L’odeur tient une place essentielle, elle est liée aux émotions. » Comment ne pas songer à la madeleine de Proust plongeant le narrateur dans un bonheur ineffable ? Quant à l’ouïe, elle permet d’appréhender les bruits environnants : « Écouter une viande rôtir donne l’eau à la bouche et c’est aussi l’ambiance qui exacerbe le goût. » Le plaisir des yeux est aussi essentiel pour Jaunault dont l’exceptionnelle inventivité et le don artistique se traduisent dans la sculpture des fruits et légumes. « Faire voir le plat, c’est ajouter de l’émotion. » Le chef parle des expériences menées afin de comprendre le rôle des sens : « L’expérience montre qu’il est difficile de reconnaître un produit à l’aveugle. Quant au toucher, il nous renseigne sur la texture du produit et sa maturation. Il s’agit surtout d’un ensemble de choses qui participent au plaisir alimentaire. »

Grâce à Alice et Roger Edde, Frédéric Jaunault sera au Liban le 28 mai 2022 et précisément à Byblos pour orchestrer un dîner de gala caritatif à Edde Sands, à l’initiative de Mon Liban d’Azur, en présence d’une délégation de la Côte d’Azur. Également présente comme invitée d’honneur d’exception, Joyce Azzam, première alpiniste à avoir gravi les sept plus hauts sommets du monde. Les bénéfices de la soirée seront reversés à Neopreneur afin de soutenir des micros-entrepreneurs et artisans locaux de la région de Byblos.

Créateur de recettes et de menus, Jaunault a prévu un thème méditerranéen : « Le maître-mot est Azur/Soleil avec un hommage spécial aux Étoiles de Mougins. Le dîner tournera autour des plats de ratatouille, de bouillabaisse, et des produits comme le citron. Ce dîner de gala a une connotation philosophique car il s’agit d’échange entre deux cultures, française et libanaise, entre deux peuples, deux civilisations. Ce sera la rencontre avec une cheffe libanaise Rosine Badawi et l’occasion de partager nos expériences et certainement de cuisiner ensemble la ratatouille différemment. »

Intervenant dans le secteur agro-alimentaire, le chef nous fait part de ses projets à venir : « Un projet de champs d’agrumes au Japon. Mais aussi la pédagogie qui tient une place importante dans mon métier. Il s’agit de mettre à l’honneur une cuisine de référence. Une vraie cuisine des peuples comme le taboulé libanais. »

Quand on lui demande quelle est sa devise, Jaunault affirme qu’il y en a trois qui l’interpellent. « Celle d’Abraham Lincoln : « Je marche d’un pas lent, mais je ne recule jamais. » Celle de Jean de La Bruyère : « Regretter ce que l’on aime est un bien, en comparaison de vivre avec ce que l’on hait. » Et celle de James Joyce qui interpelle son émotion : « Dans la vie, il faut faire des rêves assez grands pour que le matin au réveil, il en reste un petit peu. » Il ajoute avec un sourire dans les yeux : « Il s’agit de donner envie aux autres de réaliser leurs rêves. C’est, du moins, ma mission. »
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