Liberté de la presse: rapport accablant de RSF
©La situation des médias s'est considérablement détériorée dans les pays arabes selon le rapport 2022 publié par RSF, et notamment en Tunisie, jusqu'alors considérée comme une "exception démocratique" dans la région. (AFP)
Le rapport sur la liberté de la presse 2022 publié par Reporters sans frontières (RSF) indique un véritable "chaos informationnel" qui mène à une détérioration de la situation des médias et une polarisation accrue de la société. 73% des 180 pays étudiés se caractérisent par des situations "grave" , "très grave", ou "problématique" quant à la liberté des journalistes à travailler. La hausse des médias d'opinion, qualifiée de "Fox News-isation", mène à une division de la société et à l'extension des circuits de désinformation, selon RSF.



"Chaos informationnel" et désinformation alimentent aussi bien les tensions internationales que les divisions au sein des sociétés, alerte mardi Reporters sans frontières (RSF) dans l'édition 2022 de son classement mondial de la liberté de la presse.

Au total, 73% des 180 pays évalués tous les ans se caractérisent par des situations jugées "très graves", "difficiles", ou "problématiques" concernant la liberté des journalistes à travailler. Si cette proportion reste identique à celle de l'année dernière, le nombre de pays (28) où la situation est "très grave" atteint un record, tandis que 8 seulement affichent une "bonne situation", contre 12 l'année dernière.

RSF remarque une "polarisation sur deux niveaux", entre et au sein des pays, alimentée par "la montée en puissance des circuits de désinformation" dans les sociétés démocratiques et par le "contrôle des médias" dans les régimes autoritaires. La polarisation est "devenue plus extrême" et touche des pays "partout dans le monde", a souligné lors d'une conférence de presse Rebecca Vincent, directrice de campagne chez RSF.

Elle a par ailleurs souligné les meurtres de journalistes survenus aux Pays-Bas et en Grèce, et évoqué le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, détenu au Royaume-Uni et qui risque d'être extradé aux États-Unis.

Selon l'ONG, l'invasion russe de l'Ukraine illustre cette polarisation, une "guerre de propagande" ayant précédé l'envoi des troupes de Moscou (classé 155e) sur le territoire ukrainien.


De même, la Chine (175e) "utilise son arsenal législatif pour confiner sa population et la couper du reste du monde, en particulier à Hong Kong", qui passe de la 80e place à la 148e dans le classement après la reprise en main autoritaire par Pékin. "C'est la plus grosse chute (dans le classement) de l'année", mais "pleinement mérité en raison des attaques constantes contre la liberté de la presse et de la disparition à petit feu de l'Etat de droit à Hong Kong", a réagi auprès de l'AFP Cedric Alviani, à la tête de RSF pour l'Asie de l'Est.

Une "Fox News-isation" des médias 

Au sein des États démocratiques, "la Fox News-isation des médias pose un risque fatal, car elle met en danger les bases d'une société harmonieuse et du débat public tolérant", ajoute Christophe Deloire.

Les sociétés démocratiques se divisent en raison de la hausse des médias d'opinion "suivant le modèle de Fox News", la chaîne préférée des conservateurs américains, et "l'étendue des circuits de désinformation, amplifiés par la façon dont fonctionnent les réseaux sociaux". Cette polarisation interne a accru les tensions sociales et politiques aux États-Unis (42e), note RSF, et en France (26e), qui progresse malgré tout de huit places dans le classement.

Au bas du classement figurent toujours la Chine, devant la Birmanie, le Turkménistan, l'Iran, l'Érythrée et la Corée du Nord. En haut du tableau, la Norvège conserve sa première place pour la sixième année consécutive, devant le Danemark et la Suède. RSF souligne également les espoirs apportés par des changements de gouvernement en Moldavie (40e) et en Bulgarie (91e).

Avec AFP
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