On ne le répètera jamais assez: les élections législatives de mai 2022 détermineront le profil et l’identité du prochain président de la République, comme l’avait relevé le patriarche maronite Béchara Raï dans une de ses homélies récentes, lorsqu’il avait affirmé: «Les électeurs doivent savoir en glissant leurs bulletins dans l’urne qu’ils sont en train de choisir le prochain chef de l’État et la prochaine République».
C’est donc tout le projet politique et économique de l’État qui est aujourd’hui en jeu, selon des sources de l’opposition, laquelle rejoint le patriarche sur de nombreux thèmes qui représentent les piliers de base pour un État central, fort et indépendant. La majorité parlementaire qui naîtra du scrutin du 15 mai est ainsi supposée élire un président de la République qui reflète ses orientations et sa vision d’un Liban aujourd’hui à l’article de la mort et qui doit soit enfoncer le pays dans son isolement mortel, soit le réconcilier avec son environnement arabe et occidental et le mettre sur la voie du redressement.
L’enjeu présidentiel qui se greffe sur l’échéance législative est parfaitement illustrée dans la bataille engagée dans la circonscription Nord III (Bécharré-Batroun-Zghorta-Koura), où trois chefs de partis sont parmi les présidentiables: Samir Geagea, Sleiman Frangié et Gebran Bassil. Farouches adversaires politiques, Samir Geagea et Gebran Bassil se livrent une bataille féroce pour obtenir le plus grand nombre de sièges dans la nouvelle Chambre. Pour M. Bassil, chef du CPL qui gravite dans l’orbite du Hezbollah pro-iranien, il s’agit presque d’une question de vie ou de mort, alors que le sexennat de son beau-père, le président Michel Aoun, tire à sa fin et qu’il se considère comme son successeur potentiel.
L’homme qui se vante d’être à la tête du plus grand groupe parlementaire chrétien s’accroche pour garder ce titre, quitte à renoncer pour cela à un de ses leitmotiv – et ce ne sera pas d’ailleurs la première fois – relatif à l’élection des députés chrétiens par des voix chrétiennes. Car, ce qui va permettre au gendre du président de maintenir un bloc acceptable à la Chambre, ce sont les voix chiites du tandem Hezbollah-Amal. On attribue à Gebran Bassil ces propos devant ses visiteurs: «Nous ne permettrons à personne de nous dépasser parce que nous représentons le plus grand groupe parlementaire chrétien à la Chambre. C’est ce qui va être de nouveau réalisé. Nous allons avoir 16 députés chrétiens au moins, alors que les Forces libanaises n’auront pas plus de 12. Avec nos alliés, nous aurons un bloc de 25 parlementaires, ce qui fait que je serai le premier sur la liste des présidentiables». Le chef du CPL reste toujours attaché à la notion du leader le plus fort au sein de sa communauté pour justifier ses ambitions présidentielles. Il donne toujours en exemple les chefs du Courant du Futur Saad Hariri, et d’Amal Nabih Berry, tous deux considérés comme des leaders au sein de leurs communautés respectives et régulièrement pressentis pour diriger le gouvernement pour l’un et le Parlement pour l’autre.
La comparaison avec ces deux derniers s’arrête là cependant. Car, contrairement à Saad Hariri et à Nabih Berry, Gebran Bassil est isolé au niveau international, depuis notamment qu’il fait l’objet de sanctions américaines pour corruption. Il l’est aussi au niveau local, comme l’ont montré ses difficultés à sceller des alliances électorales avec d'autres que le Hezbollah qui a même dû user de pressions sur son allié Nabih Berry, pour le convaincre de s’engager dans la bataille électorale avec le CPL. Au niveau populaire, sa cote reste au plus bas.
Tout joue donc en sa défaveur et seul un groupe parlementaire acceptable pourrait, selon son raisonnement, lui servir de tremplin pour la présidence de la République. Mais cette logique entretenue par le chef du courant aouniste est contestée par ses détracteurs qui considèrent que le contexte actuel est aujourd’hui différent de celui qui avait ouvert en 2016 la voie devant Michel Aoun pour arriver à Baabda. Non seulement parce que les forces qui s’étaient ralliées autour du compromis présidentiel à l’époque lui ont tourné le dos depuis, mais surtout parce que dans le contexte d’effondrement au Liban et de bouleversements dans la région, certaines choses ont changé: le Hezbollah ne bénéficie plus d’un excédent de pouvoir lui permettant d’imposer sa volonté au reste des forces politiques locales et le facteur international, dans un Liban livré à une crise existentielle, sera aussi déterminant dans le choix du profil du nouveau chef de l'État.
Des sources diplomatiques occidentales croient ferme que les noms des présidentiables qui reviennent régulièrement sur les lèvres s’effaceront après les législatives au profit d’autres, une fois que le rôle et l’identité politiques et économiques d’un Liban qui s’apprête à remonter la pente seront déterminés. Selon les mêmes sources, le prochain président ne serait pas une figure traditionnelle représentant le parti le plus fort chez les chrétiens, mais un homme d’expérience capable de tirer le pays de ses difficultés économiques et financières. Quoi qu’il en soit, son choix sera surtout déterminé en fonction des nouveaux paramètres régionaux qui auront émergé. En d’autres termes, pour l’heure, ces sources estiment que le successeur de Michel Aoun sera le fruit d’une entente entre les États-Unis, la France, le Vatican, l’Arabie saoudite et l’Égypte.
C’est donc tout le projet politique et économique de l’État qui est aujourd’hui en jeu, selon des sources de l’opposition, laquelle rejoint le patriarche sur de nombreux thèmes qui représentent les piliers de base pour un État central, fort et indépendant. La majorité parlementaire qui naîtra du scrutin du 15 mai est ainsi supposée élire un président de la République qui reflète ses orientations et sa vision d’un Liban aujourd’hui à l’article de la mort et qui doit soit enfoncer le pays dans son isolement mortel, soit le réconcilier avec son environnement arabe et occidental et le mettre sur la voie du redressement.
L’enjeu présidentiel qui se greffe sur l’échéance législative est parfaitement illustrée dans la bataille engagée dans la circonscription Nord III (Bécharré-Batroun-Zghorta-Koura), où trois chefs de partis sont parmi les présidentiables: Samir Geagea, Sleiman Frangié et Gebran Bassil. Farouches adversaires politiques, Samir Geagea et Gebran Bassil se livrent une bataille féroce pour obtenir le plus grand nombre de sièges dans la nouvelle Chambre. Pour M. Bassil, chef du CPL qui gravite dans l’orbite du Hezbollah pro-iranien, il s’agit presque d’une question de vie ou de mort, alors que le sexennat de son beau-père, le président Michel Aoun, tire à sa fin et qu’il se considère comme son successeur potentiel.
L’homme qui se vante d’être à la tête du plus grand groupe parlementaire chrétien s’accroche pour garder ce titre, quitte à renoncer pour cela à un de ses leitmotiv – et ce ne sera pas d’ailleurs la première fois – relatif à l’élection des députés chrétiens par des voix chrétiennes. Car, ce qui va permettre au gendre du président de maintenir un bloc acceptable à la Chambre, ce sont les voix chiites du tandem Hezbollah-Amal. On attribue à Gebran Bassil ces propos devant ses visiteurs: «Nous ne permettrons à personne de nous dépasser parce que nous représentons le plus grand groupe parlementaire chrétien à la Chambre. C’est ce qui va être de nouveau réalisé. Nous allons avoir 16 députés chrétiens au moins, alors que les Forces libanaises n’auront pas plus de 12. Avec nos alliés, nous aurons un bloc de 25 parlementaires, ce qui fait que je serai le premier sur la liste des présidentiables». Le chef du CPL reste toujours attaché à la notion du leader le plus fort au sein de sa communauté pour justifier ses ambitions présidentielles. Il donne toujours en exemple les chefs du Courant du Futur Saad Hariri, et d’Amal Nabih Berry, tous deux considérés comme des leaders au sein de leurs communautés respectives et régulièrement pressentis pour diriger le gouvernement pour l’un et le Parlement pour l’autre.
La comparaison avec ces deux derniers s’arrête là cependant. Car, contrairement à Saad Hariri et à Nabih Berry, Gebran Bassil est isolé au niveau international, depuis notamment qu’il fait l’objet de sanctions américaines pour corruption. Il l’est aussi au niveau local, comme l’ont montré ses difficultés à sceller des alliances électorales avec d'autres que le Hezbollah qui a même dû user de pressions sur son allié Nabih Berry, pour le convaincre de s’engager dans la bataille électorale avec le CPL. Au niveau populaire, sa cote reste au plus bas.
Tout joue donc en sa défaveur et seul un groupe parlementaire acceptable pourrait, selon son raisonnement, lui servir de tremplin pour la présidence de la République. Mais cette logique entretenue par le chef du courant aouniste est contestée par ses détracteurs qui considèrent que le contexte actuel est aujourd’hui différent de celui qui avait ouvert en 2016 la voie devant Michel Aoun pour arriver à Baabda. Non seulement parce que les forces qui s’étaient ralliées autour du compromis présidentiel à l’époque lui ont tourné le dos depuis, mais surtout parce que dans le contexte d’effondrement au Liban et de bouleversements dans la région, certaines choses ont changé: le Hezbollah ne bénéficie plus d’un excédent de pouvoir lui permettant d’imposer sa volonté au reste des forces politiques locales et le facteur international, dans un Liban livré à une crise existentielle, sera aussi déterminant dans le choix du profil du nouveau chef de l'État.
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